Il fait figure d’ancien dans le groupe réciste qu’il a rejoint en 2019, à l’arrivée de l’équipe en Fédérale Une à l’époque. Depuis, le troisième ligne formé au Stade Français a fait du chemin, sur comme en dehors du terrain. Portrait d’un joueur aussi précieux sur le terrain que central dans le vestiaire.
Début décembre, le plus beau des cadeaux de Noël sera en avance dans la maison Quesmel, où un heureux événement est attendu. Loin d’effrayer le colosse normand, l’arrivée de son premier enfant et des nuits quelques peu décousues, l’enchante et le fascine déjà : « J’ai hâte, vraiment, qu’il soit là, de le vivre. On ne peut jamais vraiment s’imaginer ce que cela va être… »
Pierre Algans, son coéquipier, tient déjà la réponse : « Gaby va être un super papa, je n’ai pas le moindre doute là-dessus. Et c’est aussi un super mec sur qui l’on peut compter ! » À 29 ans, celui qui partageait avec Quentin Dauvergne au centre de formation du Stade Français un intérêt pour le « ventre-glisse » dans les couloirs de l’internat à une semaine du Bac en a fait, du chemin !
« Les notes devaient être bonnes, sous peine d’être viré »
Le rugby n’est pourtant pas une évidence dès le départ. La natation d’abord, puis un an de foot remplissent la case sport de l’agenda du jeune Gabriel. Sauf que pour le ballon rond, il y a comme un petit souci de discipline : « On va dire que je faisais un peu trop de fautes, j’étais trop rugueux… », s’amuse l’intéressé. Pas aux yeux du tonton, cependant, féru de rugby, qui voit en son neveu des qualité de force et d’agressivité adaptées à l’ovalie.
Le jeune Gabriel s’y colle du côté de Dieppe et transforme l’essai, y prenant même goût, avec la suite que l’on sait : « J’ai tout de suite aimé la camaraderie, l’avant et l’après-match et l’atmosphère du rugby. C’était fait pour moi ». La suite, comme souvent, s’écrit au travers des sélections départementales, régionales avant l’arrivée à Lakanal, le Pôle espoir de Sceaux dans le 92.
Une bascule dans les ambitions du jeune homme, qui intègre les espoirs du Stade Français où il passe six ans, de 2011 à 2017 : « À ce moment-là, je me dis que je veux devenir pro, en faire mon métier. Je ne connaissais pas du tout les arcanes du milieu mais j’ai mis les ingrédients pour réussir. A côté, la scolarité était importante. Les résultats étaient obligatoires, les notes devaient être bonnes sous peine d’être viré ». Les jambes et la tête donc, aux côtés d’un certain Quentin Dauvergne retrouvé près de dix ans plus tard en Bretagne, des souvenirs plein la tête : « Je ne peux pas tout dire mais on en a fait quelques-unes de mémorables… »
20 minutes dans le top 14 forcément inoubliables
Sur le terrain aussi, celui qui se décrit comme un joueur de l’ombre, aimant gratter les ballons dans les rucks ou mettre toute sa force dans les mauls, vit de beaux moments dans son aventure parisienne, avec notamment des entraînements avec les pros. Il est même appelé par Gonzalo Quesada en 2016, à l’occasion d’un déplacement à Castres, en Top 14.
Un moment forcément inoubliable pour le joueur : « L’annonce du groupe, dans le cercle, la montée dans le bus, le survêt, que j’étais allé chercher à Jean Bouin, tout cela, c’est inoubliable. C’était une chance de me montrer, une récompense du boulot effectué. Fouler une pelouse de Top 14, c’est un souvenir à vie ». Une feuille de match unique à ce niveau, et sans lendemain, le joueur quittant le club à la fin de saison faute de proposition du club parisien.
Direction alors Béziers, monument en sommeil en Pro D2 : « Je voulais tenter ma chance, gagner du temps de jeu. Le projet était de jouer avec les espoirs et de m’entraîner avec les pros, avec la possibilité de gagner ma place dans le groupe. Néanmoins, je n’ai pas vraiment eu de chance… » C’est peu de le dire. Un souci administratif de licence prive d’abord le joueur de terrain jusqu’à fin octobre.
« J’ai néanmoins beaucoup appris avec Jean-Noël Spitzer, avec les gars à l’entraînement. Mais sans la compétition, je ne me voyais pas y rester. Le championnat espoir, cela va un moment… »
Une fois qualifié, le duo Edmonds-Carmignani offre deux apparitions à Gabriel, qui seront hélas là encore sans suite, la faute à un remplacement des coachs un mois plus tard, en décembre : « Le nouveau staff ne comptait pas sur moi et j’ai fait la saison avec les espoirs… J’ai donc choisi de partir, de nouveau ». Cap sur la Bretagne et le RC Vannes, avec qui des échanges positifs avec l’entraîneur des espoirs offrent une belle opportunité d’enfin gagner sa place chez les « grands ».
Même s’il a signé chez les espoirs, le deuxième ou troisième ligne, selon l’humeur du jour et les besoins de la cause, s’entraîne avec le groupe Pro D2 mais hélas, ne parvient pas à y gagner sa place. Une blessure casse le rêve en fin de préparation, avec deux mois sur le carreau et le train passe, sans Gabriel, avec pour noircir un peu plus le tableau, une nouvelle blessure à l’épaule en novembre, à son retour : « J’ai néanmoins beaucoup appris avec Jean-Noël Spitzer, avec les gars à l’entraînement. Mais sans la compétition, je ne me voyais pas y rester. Le championnat espoir, cela va un moment… ».
Rennes, pas très loin de là, a écho du besoin de jeu du garçon et se rapproche de lui à l’hiver. A l’époque sur le toit de la Fédérale 2, le REC sait où il veut aller et le joueur, sans garantie d’évoluer en F1, dit oui. L’histoire, qui dure toujours aujourd’hui, est lancée !
Le rugby et l’entreprenariat, un « bonheur de Wouf » !
Depuis, un Covid est passé par-là, « une période où j’étais vraiment un ours, peu sociable, que j’ai très mal vécue, comme en cage », sourit le joueur dont la détermination, l’impact, la combativité et la mentalité matchent avec le projet rennais. Le titre de Fédérale Une fêté à sa juste valeur, puis la saison en Nationale elle aussi vécue avec beaucoup de plaisir, malgré la descente, s’ajoutent à un parcours heureux en Bretagne : « Ici, j’ai tout ce que je désirais. Un niveau de jeu très intéressant, un projet qui avance chaque jour, des dirigeants et un staff ultra-compétents et impliqués et des coéquipiers dont beaucoup sont devenus des amis. Après, avec certains à-côtés que l’on vit, il vaut mieux s’apprécier… »
A l’image de l’ancienne salle de musculation de Crubillé, trop froide en hiver et trop chaude en été, des douches pas toujours chaudes, ou pas assez longtemps, des conditions compliquées d’entraînement « qui s’améliorent néanmoins », des longs voyages en bus ou des parties de cartes au sujet desquelles Pierre Algans prend la parole : « Gabriel ne maîtrise pas la règle de l’excuse. C’est un joueur de tarot épicier qui ne sait pas combien il y a de points dans le jeu… ». Ça chambre.
« Niveau déconne, avec Côme Berrod, Jules Missland ou Alex Guéroult, dans son style, nous avons de vrais leaders »
Dans le groupe en revanche, le joueur connaît les règles mais aussi la façon de tenir son rôle, de tout donner pour les copains et de continuer à prendre du plaisir dans un club bien lancé cette année pour réussir : « C’est un bonheur d’évoluer dans cette équipe, nous montons en régime, il y a de la qualité et de la concurrence sur tous les postes et c’est kiffant d’être là, avec ces mecs qui ne trichent pas. Niveau déconne, avec Côme Berrod, Jules Missland ou Alex Guéroult, dans son style, nous avons de vrais leaders. J’espère que nous allons poursuivre sur notre lancée, avec la même ambiance »
Hors rugby, Gabriel Quesmel travaille et voue une vraie passion pour les animaux. En plus de ses deux chiens et chats, ce costaud au cœur tendre tient son entreprise de gardiennage d’animaux, en complément de son poste d’assistant vétérinaire. Un coup de cœur pour les bêtes et un équilibre important au quotidien pour celui qui n’envisage pas la suite et l’après sans eux. Une façon simple de vivre un « Bonheur de Wouf », nom de sa structure. N’hésitez d’ailleurs pas à faire appel à Gaby, vos animaux ne risquant pas d’être taquinés ou embêtés avec un tel gardien !