Ce n’est pas tant le score et l’issue de la rencontre, face à un adversaire deux voire trois classes au-dessus cette saison, qui prête en cette froide soirée de janvier à l’inquiétude. Non, à l’heure de retrouver son Roazhon Park, amputé de la Mordelles basse, suspendue, le Stade Rennais n’a pas été au rendez-vous et a offert une partition aussi indigeste que très inquiétante.
Si vous cherchez l’effet Jorge Sampaoli, votre quête est toujours en cours, loin d’avoir aboutie… Non, il n’y a pas eu d’effet salvateur ni de rebond depuis la prise de fonction du technicien argentin. Les mêmes lacunes sont visibles, malgré la première plutôt positive de Brice Samba, impuissant sur les deux buts visiteurs.
Elles sont même criardes et ce ne sont pas les deux petites victoires en championnat contre les promus Saint-Etienne et Angers qui vont venir contrebalancer un bilan pour le moment négatif. Tant dans les résultats que dans les contenus, toujours aussi transparents…
Marseille n’a pas eu à forcer
Affronter l’OM, parmi les meilleures formations du championnat à l’extérieur, était un défi, aussi difficile qu’excitant à relever. Une équipe en renouveau, ou poussée par la hargne, l’envie de changer le cours de « son » histoire, n’aurait pas proposé le visage offert face aux Olympiens. Dans un 3-4-3 qui ne cesse de montrer ses limites, notamment dans la création, à chaque rencontre, la première demi-heure est soporifique.
La faute à deux équipes ne trouvant ni le rythme, ni les bons enchaînements pour réchauffer une assistance déjà frigorifiée. Trop limitée dans les premières relances, mal à l’aise techniquement et manquant d’une hargne indispensable quand la révolte s’impose, le Stade Rennais inquiète et se montre amorphe et inoffensif.
Pourtant, un pénalty pour les Rennais à la demi-heure de jeu pour une main de Murillo offre une première chance inespérée pour faire basculer l’histoire du bon côté. Arnaud Kalimuendo, plutôt habile en la matière se présente face à Rulli, qui détourne magnifiquement sur son poteau la tentative du meilleur buteur rennais. Troisième arrêt de rang dans l’exercice pour le gardien argentin, décisif !
Rennes devant…deux petites minutes !
Ce n’est que partie remise pour l’avant-centre médaillé d’argent olympique qui au prix d’un excellent contre-appel, se défait du marquage et reprend, idéalement placé, un centre en retrait de Lorenz Assignon, parfaitement mis sur orbite par Ludovic Blas. Sur sa première véritable action construite, Rennes a la réussite et mène, avec le huitième but de la saison pour Arnaud Kalimuendo.
Hélas, même à deux minutes de la pause, Rennes réussit à se saborder et une belle action collective marseillaise avec une merveille d’ouverture de Höjbjerg pour Murillo, dont le centre en retrait trouve Mason Grenwood sans pitié avec Brice Samba pour l’égalisation, à point nommé pour l’OM. Rennes ne s’en remettra pas…
D’autant que le second acte se déroule sans Arnaud Kalimuendo, touché à la tête et remplacé par la recrue Seko Fofana, encore à court de rythme. Marseille n’en a cure et profite des atermoiements rennais à se replacer pour passer devant grâce à une tête parfaite en pleine lucarne d’Adrien Rabiot, bien seul au cœur de la défense pour ajuster Brice Samba (48, 1-2).
Point de révolte et moults doutes !
Avec plus de 40 minutes pour se refaire, le Stade Rennais a le temps pour revenir dans un match où l’OM, solide, n’est pas pour autant brillant. Hélas, c’est tout l’inverse qui se produit… Positionné en avant-centre, Amine Gouiri ne pèse pas sur les débats et Rennes demeure totalement stérile offensivement.
Pire, les Marseillais sont clairement maîtres du jeu et dominateurs face à un bloc bien trop bas, construit d’entrée pour subir et piquer en contre bien plus que pour prendre les initiatives. Face à un adversaire de ce calibre, cela ne pardonne pas.
Mason Grenwood met Brice Samba à l’épreuve (61′), tout comme Luis Henrique et Murillo, forçant le nouveau gardien à une double-parade décisive un peu plus tard (66′). Le rythme de la partie est géré par les Marseillais face à des rennais incapables de trouver une solution ou une faille.
Seul Ludovic Blas réussit à trouver le cadre, à la ..80′, avec une frappe captée par Rulli, impérial. A la 84′, la VAR déjuge M. Kherradji, prompt à siffler pénalty pour une main supposée dans le mur sur coup-franc d’Albert Gronbeak, entré en jeu un peu plus tôt. Rennes a eu chaud mais n’en profite pas pour autant et ne se procure aucune occasion, malgré six minutes d’arrêt de jeu…
La dernière occasion est même à l’actif de Jonathan Rowe, qui s’échoue sur Brice Samba, déjà décisif et rare satisfaction de la soirée des « Rouge et Noir » (1-2).
Se mettre au diapason d’une lutte pour le maintien, et vite…
Avec déjà dix défaites dans l’escarcelle en dix-sept matchs, le Stade Rennais boucle ainsi bien tristement sa pire phase aller depuis bien 1986. Incapable de prendre le jeu à son compte, de créer du danger et de maîtriser défensivement un adversaire, il est clairement dans le rouge, avec bien des soucis à régler.
Si le mercato, loin d’être terminé, peut aider à très vite proposer autre chose, notamment au vu du calendrier à venir (Brest, puis Monaco), il ne suffira pas sans une vraie remise en cause profonde et efficiente sur le terrain, non vue jusque ici avec un empilement de défaites accueillies presque avec fatalité. Sans, également, les bons ajustements pour un coach qui va devoir trouver la bonne formule, et vite.
Une réaction est urgente, et la banalisation de prestation du type de celle offerte face à l’OM purement interdite, au risque d’aller au-devant d’une saison encore plus compliquée que certains pourraient l’imaginer. Aussi faibles soient-ils, les Saint-Etienne, Angers, Nantes, Le Havre ou Montpellier ont au moins conscience de leurs limites et possibilités, états et capacités.
Ils savent aussi qu’une solidarité et une hargne de tous les instants pourra leur offrir un renouvellement de bail à cet étage et sont préparés à lutter pour leur survie. A l’inverse d’un Stade Rennais qui ne pouvait pas imaginer tomber si bas…
La coupe avant un derby sous tension face à Brest
A lui de se mettre très vite au diapason de ce qu’impose une lutte en bas de tableau pour respirer et stopper l’hémorragie, tant qu’il est encore temps. Face à Brest, samedi prochain, les « Rouge et Noir », Jorge Sampaoli en tête, joueront bien plus qu’un derby, qui suivra, espérons le, une respiration positive en seizièmes de finales de la coupe de France en milieu de semaine, à Troyes, équipe de seconde partie de Ligue 2. Un minimum pour ne creuser encore un peu plus.