Récente championne de France de para-badminton en simple, Lénaïg Morin espère bien décrocher son ticket pour les prochains jeux paralympiques de Paris 2024. Atteinte de sclérose en plaques, la badiste du REC jongle entre son métier d’assistante vétérinaire et son quotidien d’athlète de haut niveau.
Comment as-tu découvert le badminton ?
Mon père était président du club de badminton de Bain-de-Bretagne et je suis pratiquement née avec une raquette dans la main (rires). Ma sœur a aussi fait du badminton à haut niveau et ma mère de l’athlétisme. Nous sommes une famille de sportifs. J’ai voulu arrêter le badminton quand j’ai appris ma maladie, mais Faustine Noël, ma coéquipière habituelle en double, m’a convaincue de continuer et de passer au para-badminton.
Comment gères-tu ton emploi du temps entre sport et travail ?
J’ai la chance d’avoir des employeurs très conciliants, qui me soutiennent dans mon projet. Je travaille 20h par semaine et je peux partir en compétition quand c’est nécessaire. Depuis cette année, il y a un contrat entre mon employeur et l’agence nationale du sport qui me permet de ne plus prendre des congés sans solde quand je m’absente pour des tournois. C’est la maison régionale de la performance qui gère, c’est un vrai plus financièrement ! J’ai deux séances de deux heures d’entraînement par semaine et une séance de préparation physique. Je m’entraîne à la « +2Bad Arena » de Cesson-Sévigné. Ensuite, après chaque séance, il y a un passage obligatoire chez le kiné pour la récupération.
Où en es-tu de ta saison ?
Normalement, une saison nationale se déroule de septembre à août, mais comme en saison paralympique, seule la qualification compte, le calendrier s’étend donc de mars 2023 à mars 2024. Pour l’instant, j’ai réalisé quatre quarts de finale, mais je suis placée pour la qualification. Cependant, je peux faire encore mieux. Au total, nous avons dix tournois dans l’année et les six meilleurs résultats sont pris en compte. J’ai deux grosses échéances qui arrivent au mois d’août avec un tournoi à Sheffield en Angleterre et les Jeux Européens à Rotterdam. On est trois Françaises à viser la qualification, pour une ou deux places, mais nous avons la chance d’avoir une concurrence saine.
« Le budget n’est pas encore bouclé pour Paris et cela représente entre 30 000 et 40 000€ à l’année »
Tu es atteinte de sclérose en plaques. Comment gères-tu cela dans ton quotidien de sportive de haut niveau ?
Le plus gros symptôme de ma maladie, c’est la fatigue. Idéalement, je devrais dormir douze heures par nuit, mais autant dire que c’est impossible (rires). Je fais en sorte de me coucher tôt et je fais régulièrement des siestes dans la journée. L’alimentation est également très importante. C’est parfois difficile quand je suis en compétition car la nourriture des hôtels est rarement adéquate, mais je m’adapte. Dès que j’en ai l’occasion, je fais mes propres courses et je me fais à manger. J’ai aussi la chance d’avoir un entraineur à mes côtés, Loris Dufay, de la Fédération. Il vient avec nous lors de nos différentes épreuves. C’est une vraie chance, notamment dans le suivi quotidien.
En vue des Jeux paralympiques de Paris 2024, tu as dû basculer en simple. Transition aisée ?
Nous avons appris qu’il n’y aurait pas de double à Paris juste après les Jeux de Tokyo. De mon côté, j’ai commencé le simple l’année dernière. C’est surtout physiquement que ça n’a rien à voir et mon travail s’est concentré là-dessus. Le terrain est également plus petit et il n’y a pas ces moments de partage avec ta coéquipière. Néanmoins, je dispute quand même les Jeux européens en double avec Milena Surreau. Nous visons la médaille d’or ou la médaille d’argent.
C’est dur de trouver des sponsors ?
C’est très compliqué ! Je suis une femme dans un sport individuel, de plus avec un handicap, ça n’aide pas. Ma chance, c’est d’avoir déjà participé à une Olympiade et certaines entreprises m’ont démarché grâce à ça. Je peux également compter sur Lodigroup qui m’a soutenue financièrement lors des Jeux de Tokyo et qui a renouvelé son contrat de mécénat pour Paris 2024. Ils sont pleinement impliqués dans mon projet et j’en suis très reconnaissante. Je ressens ce soutien et ils m’encouragent à chaque compétition. Après, au niveau du budget, il y a toujours des besoins. Déjà pour pouvoir aller jusqu’au bout des Jeux de Paris, puis pour permettre d’optimiser la récupération physique, d’avoir des soutiens en diététique ou encore d’améliorer nos équipements. Tous ces éléments nous aident dans la préparation mentale et, de facto, dans la performance. Le budget n’est pas encore bouclé pour Paris et cela représente entre 30.000 et 40.000€ à l’année. Au-delà des entreprises qui m’ont contactée, je m’occupe de toutes les démarches, que ce soit la recherche de sponsors ou de l’administratif.