Hand-CRMHB : Faut-il s’inquiéter ?

La dictature (culture ?) de l’instant et du tribunal populaire des réseaux sociaux a depuis longtemps mis hors d’état de nuire cette interrogation. Evidemment qu’il faut s’inquiéter ! Pire, le club va même évidemment descendre, puis peut-être même descendre de nouveau en N1 ensuite, soyons clairs ! Pas besoin d’analyses mielleuses de journalistes partisans ou de grands discours méthode Coué : trois défaites de rang pour un promu, c’est indigne, c’est nul, jetons les joueurs, le coach, les dirigeants, le (pas) de public et même la Glaz Arena au fond de la Vilaine et appelons les Experts, Patrice Canayer, retournons à la Valette, et tout ira mieux, c’est sûr. Facile non ? Voyons voyons, amis handballeurs et fan de la petite résineuse, soyons sérieux ! Vous qui honnissez les travers des cousins footeux, n’allez pas sombrer si facilement en plein dedans au moindre passage compliqué…

Non le maintien n’est pas aquis !

Oui, le CRMHB n’est actuellement pas bien, c’est un euphémisme ! La bouillie rendue contre Ivry avait alerté. Ce soir-là, tout fit défaut : la hargne, le combat, la qualité, la technique et la tactique. Rien à redire, la défaite était méritée, une bonne claque dont les joueurs étaient les premiers fautifs mais aussi les premières victimes, et sonnait, à l’image du discours musclé de Sébastien Leriche, comme un avertissement sur la suite de la saison : non, le maintien est loin d’être acquis et la saison est encore longue ! A Aix, longtemps, les Bretons furent au contact, revenant même à un petit but en seconde période contre l’un des costauds du championnat. Thierry Anti saluait même la qualité d’un adversaire qui avait retrouvé ses valeurs mais pas encore suffisamment de choses pour créer l’exploit. Istres, donc, arrivait en « Check Point » rendu vital pour certains. Où comment mettre une pression sur un groupe qui, clairement, s’en sort mieux quand celle-ci n’est pas au maximum de la jauge. Devant « l’impératif » de battre des adversaires dits « directs », le CRMHB bafouille, panique et les joueurs semblent écrasés d’une chappe de plomb, les faisant régulièrement déjouer. Face aux Provençaux, ce jeudi, Cesson n’a pas gagné, ok, mais a affronté l’une des meilleures défenses du championnat, faite de joueurs très expérimentés et durs à bouger. Non, Istres n’était pas venu prendre sa fessée sans rien dire. Dans l’analyse, ne jamais oublier la notion de rapport de force, l’adversaire. Celui-ci est souvent oublié lors des victoires, où il peut aussi faillir mais trop souvent négligé lors d’une défaite où il est de bon ton de « pourrir » ceux que l’on aime ! Face aux joueurs de Gilles Dérot, Cesson eut l’avantage, loupa les moments cruciaux, notamment en début de seconde période sur le passage euphorique de Joze Baznik non valorisé sur les occasions de creuser l’écart puis loupa les balles décisives dans les 5 dernières minutes. Quelques erreurs individuelles payées cash, com souvent pour un promu. Le prix de l’expérience, diront les plus sages d’entre nous.

Ceux qui aujourd’hui, imaginent Cesson capable de battre haut la main Ivry, Tremblay, Créteil, Istres ou Chartres sans trembler, sous prétexte d’avoir accroché Aix deux fois, Montpellier, Saint-Raphaël ou même Dunkerque doivent repenser quelque peu l’analyse. Bien sûr nous sommes tous unanimes au moment de se dire qu’il faut battre les adversaires directs, gagner « son mini-championnat » mais l’erreur est de considérer qu’une victoire à domicile contre Ivry ou Istres vaudra plus qu’une obtenue à Saint-Raphaël ou Chambéry. Dans un championnat aussi dense, chaque point compte et comptera au moment du décompte final. En bougeant des supposés « plus forts » avec peut-être un supplément d’âme ou de folie pour réussir cela, les joueurs montrent qu’ils sont au niveau de la LSL mais doivent aussi être capables de le faire lorsque l’adversaire apparaît moins scintillant. Le maintien, avant d’être une question de qualité, de coaching ou de tactique, reste un défi que l’on gagne avec la tête, le mental, le cœur. Ces qualités-là, les « Bleu et Rose » en ont, mais doivent encore passer des étapes pour réussir à performer avec elles au même moment. Sans quoi, ça ne passe pas…

Ne pas omettre le contexte si particulier…

En outsider, le groupe constitué par Sébastien Leriche n’a rien à perdre et tout à prouver. La jeunesse est très importante dans l’effectif et doit apprendre. Difficile de faire porter la responsabilité d’un résultat à des jeunes joueurs de 20 ans, dont ce sont la et les toutes premières années en Lidl Starligue, un championnat bourré de joueurs expérimentés dans toutes les formations, hormis peut-être Créteil. Les cadres, eux, doivent aussi assurer et si possible, tous en même temps et non tour à tour. L’alchimie de ces deux paramètres sur 60 minutes offrira des succès mais le Cesson RMH n’a aucune marge dans un championnat au niveau toujours plus relevé. Oui, ne l’oubliez pas, Cesson est un promu !

En outre, le directoire, qui ne ménage pas ses efforts pour permettre au club d’exister encore dans les années à venir dans les coulisses, au-delà d’un résultat d’un soir, a fait le pari de miser sur un jeune entraîneur, Sébastien Leriche, dont c’est la première expérience à ce niveau. Laissons-lui un peu de temps, arrêtons de singer la folie du foot qui voudraient que trois défaites de suite soient un crime, qu’il faille tout balancer à la poubelle. Voulez-vous d’un président changeant de coach comme de masque dès qu’un vent contraire se présente ? Demander au staff des résultats au-dessus des possibilités de ce groupe dès la première année est un peu osé, tant on sait que le club fait avec ses moyens, parmi les plus petits du championnat, dans un climat impossible à mettre de côté. Tests PCR à répétition, vie sociale réduite à la Glaz Arena, pas de public, pas d’interactions hors entraînements et matchs, le contexte, s’il est le même pour tout le monde, ne favorise pas un club où l’union des différentes composantes (dirigeants, joueurs, staff, public, partenaires) ont fait la force depuis des années.

Limoges me direz-vous ? Comparez un instant les masses salariales et budget, permettant de recruter les joueurs présents chez les « Bleus » et ensuite, nous en reparlerons, même si les coéquipiers de Romain Ternel méritent les louanges et l’admiration suscités grâce à leurs performances XXL sur le terrain. Alors oui, Sébastien Leriche et Mehdi Boubakar ont un devoir de résultats mais celui-ci ne se cantonne pas à un ou deux matchs mais à un projet global. Chaque jour, « je gagne ou je m’améliore » dit le proverbe et forcément, l’ancien cherbourgeois apprend énormément de cette première saison dans l’élite. Il découvre et assimile, lui aussi, les particularités du très haut niveau et fait aussi des erreurs mais ne se cache pas et sera plus fort une fois ces écueils hivernaux passés. Oui, son équipe fait de grosses erreurs, oui les gardiens comme les arrières sont irréguliers. Non, Cesson n’est pas devenu une équipe de milieu de tableau de LSL et reste perfectible sur bien des points mais l’équipe a aussi de belles satisfactions qu’il ne faut pas effacer d’un coup de brosse : une jeunesse prometteuse, des joueurs revenus au bercail investis sur la durée dans le projet, du talent et de l’envie à revendre. Reste à trouver la bonne équation, quête quotidienne du staff, pas si simple à résoudre sans quoi celle-ci serait déjà en place. Si des génies ont la clé, qu’ils n’hésitent pas à postuler pour la mettre en pratique…

Il reste encore 16 matchs !

Si l’impatience et la frustration, tant des résultats que de ne pas pouvoir se rendre dans les salles, transforme sans doute la frustration en agressivité pour certains, ou en lassitude et désespoir pour d’autres, ce CRMHB bosse, même si les résultats n’y sont pour le moment pas toujours ! Face à Istres, Aix, Dunkerque, Montpellier, Saint-Raphaël, Tremblay ou encore Limoges, les joueurs de Sébastien Leriche étaient dans le vrai, et pouvaient prétendre à mieux. Une lecture seule du résultat et du classement peut alarmer supporters, suiveurs et inconditionnels mais la majorité des contenus furent cohérents, positifs même si pas toujours aboutis. Soutenir, féliciter et se congratuler dans la victoire est facile, à la portée de tous. Rester unis, avec un fil directeur et une ambition commune dans les moments difficiles l’est un peu moins. Pourtant, point de panique, il reste encore 16 matchs !

Contre Saint-Raphaël, Toulouse puis Nantes, de gros défis attendent les Irréductibles avec une pression comptable et financière en coulisses (avec deux nouveaux huis-clos et un silence toujours plus pesant de la Fédération et de la Ligue sur la suite des événements et l’éventuel retour du public dans les salles…) tout autant que sur le terrain. Les points seront les bienvenus, rapidement, sous peine de plonger au classement et dans le doute, avec cette trouille d’une phase retour ratée comme il y a deux ans, même si les deux dynamiques ne se ressemblent pas vraiment. Fort de cet apprentissage de la douleur payé au final d’une relégation, le CRMHB doit savoir se relever et repartir de l’avant dans les semaines à venir, sans calculer. Pour être certain de réussir à aller où il le veut, le CRMHB et tous ses sympathisants savent qu’ils ne doivent surtout pas oublier d’où ils (re)viennent. Et ce, si possible, avec un minimum de patience, s’exprimant plus en mois qu’en semaines, loin de cette terrible dictature de l’instant…