Gustavo Delgado : « J’ai l’envie d’aider le club à continuer de grandir »

Désormais capitaine du Rennes Volley 35 pour sa deuxième saison au club, Gustavo Delgado savoure et apprécie à sa juste valeur l’excellent début de saison des Tigres sans oublier le petit gout de déjà vu de l’an passé. Ce qui est déjà fait est presque parfait mais ce qui arrive sera encore meilleur, à en croire l’Andalou, déjà très décidé à réussir des play-offs de premier plan ! 

Quelle série incroyable « Gus » ! Depuis la défaite en coupe de France, ce sont sept victoires d’affilée pour toi et tes coéquipiers. Quel est votre secret ?

Sincèrement, il n’y a pas de secret. Cette série, c’est avant tout beaucoup de travail, de concentration et de discipline, sur et en dehors du terrain. Nous commençons vraiment à bien nous connaître, à savoir ce que chacun va faire, il y a une vraie cohésion dans cette équipe, du métier et du talent. Le match de Paris a été douloureux à perdre mais quelque chose est né là-bas, un mélange de révolte et de prise de conscience. Ce groupe à un énorme mental même si tout n’est pas parfait.

Nous n’en sommes pas loin, il n’y a eu cette saison que trois défaites en douze matchs !

Ces deux défaites, nous les avons concédés après avoir eu les matchs en mains et même  eu des balles de matchs pour les conclure mais elles montraient aussi qu’il y avait encore du boulot. L’équipe gagne en régularité mais attention, nous ne sommes pas encore à la moitié du championnat (entretien réalisée avant la venue de Montpellier, ndlr).

« Leandro ? Ce doit être un cauchemar pour l’équipe adverse… »

Quel a été le tournant de ce début de saison à la base d’une telle embellie ?

Le match à Tourcoing est capital dans notre dynamique. Là-bas, nous gagnons en quatre sets mais nous sommes dans le dur avec deux blessures de joueurs cadres, Kamil Baranek et Nikola Mijailovic. Sur le terrain, nous nous sommes regardés, les choses semblaient aller mal pour nous mais au mental, nous avons décidés qu’il fallait gagner, qu’on ne lâcherait rien. Au-delà d’un groupe, c’est un mental qui est né lors de cette septième journée, avec la conviction qu’avec n’importe quel joueur sur le terrain en lieu et place d’un autre, le collectif serait au-dessus. Cette force nous porte depuis un peu plus à chaque match.

Au-delà du collectif, il y a de sacrées individualités cette saison avec des recrues pour le moment au top !

Au volley, chaque année, les effectifs sont profondément remaniés, c’est ainsi. Quand j’ai vu les noms des joueurs qui arrivaient, j’ai tout de suite compris que nous allions avoir une grosse équipe. Après trois mois de compétition, on peut le voir. « Rafa » Araujo est un pointu ultra efficace, qui sait varier ses coups en attaque et ne fait jamais ce que le block adverse attend. Défensivement, il est de plus très précieux et combatif, c’est un « Top Player ». Tiaguinho à la passe, c’est un international brésilien, excusez du peu, cela pose le niveau et la qualité de son jeu, difficilement lisible pour l’adversaire. Leandro, enfin, est aussi imprévisible et sait tout faire avec talent et justesse. Même nous, nous ne savons pas ce qu’il va faire quand le ballon arrive. Ce doit être un cauchemar pour l’équipe adverse !

Vous connaissiez déjà Facundo Santucci, Pippo Tuittoga et Nikola Mijailovic ?

Oui, nous nous croisons depuis des années en Ligue A. Facundo, il vaut mieux l’avoir dans ton équipe que contre toi. C’est un libéro ultra performant, qui est sur tous les ballons, c’est l’enfer de l’affronter ! Pippo me surprend de jour en jour. C’était déjà un très bon joueur à Nantes notamment mais il est juste parfait depuis le début de saison dans tout ce qu’il réalise, affiche un gros état d’esprit et symbolise parfaitement la mentalité de l’équipe. Nikola, enfin, on ne le présente plus non plus, on sait ses qualités et son importance. Sa blessure nous pénalise mais le groupe est soudé pour parer au mieux à son absence. Nous sommes armés !

L’an passé, le Rennes Volley avait survolé la phase aller avant de piocher au retour. Craignez-vous le même deuxième « effet kisscool » ?

L’objectif, pour nous, est d’aller le plus loin possible mais on sait aussi qu’en volley, tout va très vite. Dans cette formule de championnat, certaines équipes commencent mal puis reviennent dans le coup ensuite. La vérité de décembre n’est pas toujours celle de mai. C’est aussi pour cela que je suis déjà focus sur les play-offs. Il faudra y arriver frais, déterminés et bien décidés à aller le plus loin possible. Nous sommes tous des compétiteurs et on veut faire mieux que l’an passé, atteindre le Final Four. Ensuite, nous verrons bien ce qui se passe mais nous devons être ambitieux et ne pas changer le cap.

« Très fier que l’on m’ait confié le brassard »

Quelle sera la formule pour maintenir ce niveau en 2020 ?

Le groupe est très complet et nous avons plus de rotations possibles que l’an passé. Chacun de nous est compétiteur et n’aime pas être sur le banc mais pour autant, tout le monde est focalisé sur l’objectif collectif. L’ambiance est excellente entre nous et la régularité doit nous permettre d’arriver frais physiquement et mentalement au mois d’avril. Nous perdrons quelques matchs d’ici-là, bien sûr mais nous nous relèverons. L’expérience du groupe doit servir à ne pas paniquer quand ça tournera un peu moins bien.

La coupe d’Europe est de retour à Rennes, avec un premier tour passé aisément. Quel est l’objectif dans cette compétition ?

Nous sommes sortis de la coupe de France, cette coupe d’Europe doit être une parenthèse, des matchs différents qui vont nous permettre de prendre confiance, de progresser et d’affronter des équipes différentes. Si l’on peut aller le plus loin possible dans cette compétition, ce sera un vrai bonus. Après, on sait aussi que la vérité de ces matchs aller-retours est directe, sans retour en arrière.

A titre personnel, es-tu satisfait de ton début de saison ?

Je donne toujours le maximum et quand je rentre sur un terrain, c’est toujours pour gagner, rien d’autre ne peut plus me motiver. J’adore cette équipe et sa mentalité, sa qualité et je suis très fier que l’on m’ait confié le brassard de capitaine. Que je l’ai ou non, je parle sur le terrain, encourage, donne des conseils et j’essaie de remplir mon rôle du mieux possible. Je me suis engagé à Rennes pour m’inscrire dans un projet qui est ambitieux et qui me plait, avec l’idée de faire du RV35 une place forte de notre sport en France et peut-être au-delà. Je veux accompagner la croissance du club, l’aider à grandir. La ville, en plus, me plait beaucoup et je suis très bien adapté, au point d’oublier presque complètement la météo ! (rires)

Le soleil d’Almeria et la « Roja » ne te manquent donc pas ?

Mon deuxième enfant est né à Rennes, je me sens très bien ici et ma petite famille aussi. Pour le soleil, il y aura les vacances. Concernant la sélection, c’est fini pour moi, j’ai beaucoup donné pendant des années. J’ai donné un dernier coup de main l’été dernier pour aider et qualifier l’équipe pour les championnats d’Europe mais désormais, je ne veux me consacrer qu’à mon équipe. Place aux jeunes !

Avec cet enchaînement de match, la trêve de Noël va faire du bien !

Oui, c’est sûr, il faudra bien se reposer, recharger les batteries. Avec un match tous les trois jours, nous travaillons peu la tactique ou la musculation à l’entraînement, c’est presque impossible et du coup, le risque de blessure est là. Pour autant, nous avons un staff exceptionnel qui nous accompagne, qui est à l’écoute et qui a une grande part dans nos résultats. Nous sommes beaucoup sur la récupération et l’entraînement invisible, l’hygiène de vie sont aussi très importants. Il va falloir s’y tenir toute la saison et si nous y parvenons, sans trop de bobos, nous avons les moyens d’être récompensés par quelque chose de beau en mai. Nous ferons en tous cas le maximum pour !

Propos recueillis par Julien Bouguerra