C’est la scène retenue de tous et c’est sans doute ce qui peut laisser le plus circonspect : Leonardi Balerdi offre le brassard de capitaine de l’OM à Steve Mandanda, ex-capitaine rennais, tout heureux de saluer le public…marseillais. Celui-ci lui rend un hommage tout aussi chaleureux que mérité, comme s’il évoluait toujours sur la Cannebière. Un hommage qui n’aurait probablement pas été le même au Roazhon Park mais qui comme le feu d’artifice de fin de saison, n’a pas été une option retenue par le club breton.
Il n’est d’ailleurs pas dingue de se dire que rien ne va dans cette scène… Si nous souhaitons louer l’initiative et l’élégance (ou la générosité au choix) d’ Habib Beye a offrir un dernier bain de foule au gardien international français, incontestablement mérité, le timing interroge et surtout, les circonstances semblaient bien loin de s’y prêter, dans une nouvelle soirée déroute, même si sans enjeu. Bravo donc, mais quand même…
Etait-ce absurde, grotesque, déplacé ou génial, élégant et un peu plus humiliant encore pour ce Stade Rennais ? Chacun est libre de se faire son avis, en ayant une part de vérité ainsi qu’une autre d’aigreur et d’acidité sur le palais.
Colère ou espoir balayés par l’indifférence
Ce palais des illusions, aussi, et des déceptions pour un Stade Rennais ne semblant pas si traumatisé de quitter la scène d’une Ligue 1 où il s’est fait marcher dessus cette saison, avec 19 défaites en 34 matchs, une seule de moins que Saint-Etienne, relégué. Une performance tout bonnement impensable pour un club qui visait ouvertement le TOP 5, voire mieux si affinités. Comme si de rien n’était où que cela ne méritait pas que l’on se prenne la tête après une telle saison.
Si loin de ses ambitions, si loin de l’esquisse d’un plaisir pour un public resté sage et nombreux, le Stade Rennais referme le chapître d’une piteuse saison à la douzième place, presqu’un miracle au vu des performances alignées tout au long d’une saison où les sourires ont été bien rares.
Une saison où la colère quand ça n’allait pas ou l’espoir les rares fois où un coin de ciel bleu s’est annoncé ont été balayé par une indifférence devenue presque constante, flirtant parfois avec l’ironie, tant cette équipe n’aura que trop peu donné à ses supporters, s’isolant de l’essence même de la relation public-équipe : les émotions.
Le bijou de Koné n’aura pas pesé lourd
Au Vélodrome, pas besoin de s’apesantir sur le contenu d’un match écrit à l’avance, entre des Olympiens désireux de bien finir devant leur public et de conserver leur seconde place, loin, trop loin derrière Paris et des Rennais clairement peu investis sur la mission du jour. Sans forcer, Marseille s’est imposé, facilement, malgré le missile en début de match d’Ismaël Koné, seul fulgurance rennaise de la soirée (14′). Un bijou qui n’aura pas pesé lourd.
Les deux pénalties, presque risibles si cela n’était pas dramatique sur ce qu’est devenu le « vidéo-arbitrage », car c’est bien de cela qu’il s’agit, ont offert à Mason Greenwood un premier but puis à Brice Samba un arrêt pour les stats, plus que pour l’Histoire. Avant la pause, une merveille de mouvement collectif, avec des rennais spectateurs aux premières loges, permettait à Adrien Rabiot de breaker avant la pause, avec au passage une belle talonnade et le bonjour d’un certain Amine Gouiri (3-1).
La seconde période fut une gestion marseillaise, à peine contrariée en fin de match par un but d’Andres Gomez, en force au seconde poteau, avant le doublé d’Adrien Rabiot dans les ultimes secondes, en mode avant-centre. L’entrée de Steve Mandanda, décrite ci-dessous, sera ainsi la dernière « action » rennaise d’un championant qui se referme, enfin, au grand soulagement de tout un peuple rennais qui n’aura cessé de souffrir tout au long de la saison.
Et maintenant ?
Frederic Massara parti la veille de ce match, tout comme avant lui lors de cette interminable saison, Julien Stéphan, Jorge Sampaoli mais aussi Olivier Cloarec, c’est une grosse partie des acteurs d’un fiasco total sur l’ensemble de la saison qui n’aura pas terminé la saison qu’ils avaient commencée ou pris en route pour le coach argentin. Un premier aveu par les actes d’un échec incontestable et inattendu dans de telles proportions, même si la fin de saison passée n’incitait pas à l’optimisme.

Alors oui, Loïc Désiré arrive, Habib Beye a l’attitude de celui qui devrait rester, avec à ses côtés de nombreux nouveaux membres dans son staff venus de Nice (et antérieurement à Lens) recrutés par Arnaud Pouille avec qui il devra composer. Rassurant ? Pas tellement, tant le chantier semble immense à tous les niveaux et l’équipe sans réels repères ni identité, si ce n’est une base défensive un peu meilleure depuis l’arrivée du technicien sénégalais.
Pour celui-ci, une surprise est-elle excue à coup sûr ? Certes le maintien a été validé mais cela peut-il réellement être considéré comme une garantie implacable ?

Recréer ce lien si précieux
Rebatir, se délester des si nombreuses erreurs de casting bientôt de retour de prêt, sans avoir brillé nulle part. Réfléchir aux départs et futures grosses ventes à venir, sans se tromper… Oui, il y a du travail, beaucoup de travail, pour d’abord reconstruire un projet identifiable, ensuite une équipe avec du jeu et, en conséquence, recréer le lien si précieux avec un public aujourd’hui déchu du plaisir et de la passion qu’il porta si fièrement notamment lors des années européennes.
Ce public qui a su rester à sa place, ne débordant jamais comme cela aurait pu se faire ailleurs. Ce public qui a su contenir sa frustration, parfois sa colère en préférant des messages cinglants, ciblés mais toujours en respectant les limites.
Ce public a qui le Stade Rennais doit une revanche, dès cet été avec un mercato lisible, une ambition saine et raisonnée et un retour du jeu, avec des attitudes et des résultats pouvant l’emmener à retrouver ces notions perdues depuis de trop longs mois, fierté et plaisir car eux deux, c’est pour la vie !
Plus de temps à perdre pour un club qui doit regagner SA place dans le premier tiers du classement, demain commence dès aujourd’hui…
