C’est incontestable, le Stade Rennais se porte mieux depuis l’arrivée du Franco-Sénégalais sur son banc. Si la route vers le plein soleil est encore longue, notamment question jeu, le nouveau coach rennais a redonné confiance à un groupe jusqu’ici en perdition. Décryptage de la « méthode Beye ».
En quatre matchs à la tête des « Rouge et Noir » (3 victoires), Habib Beye avait tout simplement glané autant de points que son prédécesseur Jorge Sampaoli en dix rencontres, toutes compétitions confondues. Depuis, il y a eu aussi le le 4-0 à Montpellier qui est venu renforcé la première impression positive…
Le constat est implacable et incontestable, peu importe les adversaires affrontés. Un démarrage idéal, donc, pour celui qui vit sa première aventure sur un banc de Ligue 1, mais aussi la possibilité d’asseoir ses idées, en plus d’avoir pris des points importants dans une période délicate. Mieux encore, il n’est que le troisième entraîneur de l’histoire du Stade Rennais à avoir remporté ses deux premiers matchs à la tête du club, après Kalman Szekany (en 1932) et Julien Stéphan (en 2018).
Les bases sont posées, même si évidemment, la confirmation se fera dans le temps et dans la régularité. Pourtant, comment identifier la méthode Beye ? Trois axes se dégagent : la confiance en son groupe et en sa qualité, la formation remise au cœur du projet et une intensité à toute épreuve, avec notamment une solidité défensive retrouvée et pas uniquement portée ou dépendante de la ligne arrière.
« Cette confiance, elle arrive quand le coach valorise les joueurs qui sont au club »
Dès sa conférence de presse de présentation, Habib Beye a adopté la « positive attitude ». Habitué aux ressorts médiatiques grâce à son expérience de consultant pour Canal+, le discours est clair, posé et positif, tranchant avec l’ambiance morose de l’époque portée par le sinistre Jorge Sampaoli, dont les sourires furent aussi rares que les victoires : « Je pars du principe que dans la vie, il y a la prophétie auto-réalisatrice : si vous pensez négatif, vous ne véhiculez que du négatif autour de vous.
La situation du club, la direction, l’entraîneur et les joueurs en sont conscients. Mais mon job ce n’est pas d’amener les gens à penser de manière plus négative que ce qu’ils vivent au quotidien. C’est d’amener de la croyance tout de suite ». Du positif, mais aussi une confiance totale en son groupe, si importante au haut niveau : « Je pense que l’équipe est de grande qualité, il y a énormément de ressources au club. Il faut être en capacité de redonner très rapidement de l’énergie à cette équipe, et surtout de la confiance. Cette confiance, elle arrive quand le coach valorise les joueurs qui sont au club. »
La part belle à la formation
Mise de côté en première partie de saison mais faisant pourtant la force et la réputation du Stade Rennais, le nouveau coach a également décidé de (re)faire la part belle à la formation « Rouge et Noir ». Dans cette optique, Jérémy Jacquet a ainsi été rapatrié de Clermont. Rien d’étonnant quand on sait que Sébastien Bichard, l’adjoint d’Habib Beye, a côtoyé le jeune défenseur central durant ses deux prêts en Auvergne. Formé à l’académie, mais n’ayant jamais eu sa chance avec l’équipe première, Lilian Brassier est lui aussi revenu en Bretagne.
Enfin, la vraie nouveauté s’appelle Djaoui Cissé. Titulaire dès le premier match d’Habib Beye contre Strasbourg, le milieu de terrain a tout de suite pris ses marques dans l’entrejeu rennais en livrant une prestation prometteuse. Il est d’ailleurs étonnant qu’il n’ait jamais eu sa chance auparavant, que ce soit sous Jorge Sampaoli et encore plus sous Julien Stéphan, révélé lorsqu’il était à la tête des différentes équipes jeunes du club. Si des ajustements et des améliorations sont toujours possibles, la recette fonctionne et il paraît de plus en plus probable de voir ces trois joueurs s’installer dans le 11 rennais.
« Quand je prends un club, c’est pour tout lui donner »
Concernant l’intensité, celle-ci est à mettre en parallèle du challenge qui lui est proposé. Le Franco-Sénégalais a soif de travail, d’émotions aussi et souhaite transmettre ce goût de l’effort à ses joueurs : « Cette énergie, j’en déborde, je suis hyperactif, très présent. Je ne regarde pas le classement et je me concentre sur tout autre chose : que mon équipe soit très vite performante, capable d’assimiler ce qu’on va lui demander, de transmettre des émotions dans un stade, et que cette équipe dégage une identité très vite.
De manière générale je suis serein, ce qui peut par moment être apparenté à de l’égo. Je suis juste quelqu’un qui travaille beaucoup pour se donner les moyens de pouvoir afficher cette sérénité. Je suis engagé dans une aventure qui me semble exceptionnelle et qui le sera quoi qu’il arrive. Ce qui me motive dans ma vie, ce sont les défis. Quand je prends un club, c’est pour tout lui donner. Si vous observez mon parcours, ça vous montre que je ne suis pas dans une logique de gagner ou perdre, mais de progresser, avancer ».
Une solidarité retrouvée
Défensivement, le Stade Rennais est beaucoup plus solide et comptablement, les points pris permettent de travailler sereinement. Factuellement, Rennes a déjà progressé sur ces deux points et cela ne paraissait pas si évident que ça il y a encore quelques semaines. En attendant de voir un petit peu plus de jeu, Habib Beye a déjà redonné le sourire aux supporters « Rouge et Noir » et ça, c’est une première victoire.
Il a aussi remis Rennes à une position plus acceptable au classement, en attendant pourquoi pas mieux même si la défaite sans contestation possible face à Lille a remis le peuple rennais face à sa réalité d’équipe, pour le moment, incapable de bouger le Top 5 de Ligue 1. Un état de fait établi ? Pas certain, la marge de progression étant réelle et grande. Contre Strasbourg ou Reims (et même à Montpellier, compte tenu de la première période délicate), la victoire ne fut pas étincelante ni probante, mais sans but encaissé, avec une solidarité incontestable et un refus qui n’était jusque-là pas l’apanage d’une formation qui coulait en silence.
Avec Habib Beye, Rennes a retrouve de l’allant, du caractère et le refus de la défaite, même si celle-ci reviendra s’inviter inévitablement d’ici à la fin de saison. Si on ne passe pas du statut de candidat au maintien à celui de prétendant à l’Europe en un changement de coach, la dynamique semble en route, dans le bon sens s’il vous plaît.
Simple intérim, mission sauvetage ou vraie rampe de lancement ?
De quoi voir loin avec « Coach Beye » ? Arnaud Pouille ne l’a pas clairement confirmé en conférence de presse de présentation, parlant d’un contrat soumis à de nombreuses conditions restées pour autant inconnues et non dévoilées. Simple intérim, mission sauvetage ou vraie rampe de lancement, impossible de savoir de quoi sera fait l’avenir, côté banc, du Stade Rennais comme de son coach.
Mais l’état d’urgence décrété et mis en place eu égard à la situation de janvier est la priorité. Une fois le sauvetage et le retour en eaux calmes assurés, il sera temps de regarder l’horizon, sans se précipiter cette fois-ci, contrairement aux deux derniers printemps, pour faire les meilleurs choix possibles, pour chacun des partis. Avec espérons-le, les meilleurs bénéfices à tirer de cette aventure pour chacun quelle qu’en soit la durée…

