Edito : Sur un air de Samba…

L'édito du JRS de janvier.
Steve Mandanda lors du derby à Nantes. @Crédit photo : JRS

Allongé sur le dos dans la pelouse niçoise, les yeux au ciel, à quoi peut donc bien penser Steve Mandanda, fautif sur le second but niçois qu’il vient d’offrir à Soufiane Diop, ancien Rennais ? Repense-t-il à la boulette similaire qu’il avait commise une dizaine d’années plus tôt à Valenciennes avec le maillot de l’OM ou plus simplement aux conséquences de celle-ci ?

Collectivement, avec un nouveau revers pour les siens mais aussi individuellement, dans un moment où ses dirigeants l’ont mis dans une situation des plus inconfortables, en confirmant le souhait de recruter Brice Samba qui ne viendra pas pour être remplaçant… A six mois de la fin de son contrat, mais peut-être aussi d’une incroyable carrière qui l’aura vu jouer au plus haut niveau jusqu’à 40 ans, le champion du monde 2018 n’a plus rien à prouver à personne.

Peut-être même plus à lui-même et c’est peut-être la que le Stade aurait dû anticiper l’été dernier. Celui-ci, sur la pente descendante, ne gagne désormais que trop peu de points et ne peut être insensible à un déclin dans la performance corroboré à une défiance des supporters et donc, de ses dirigeants. Ajoutez-y l’arrivée en décembre de Jorge Sampaoli, celui-là même qui avait mis un point final à son histoire d’amour marseillaise et comment en vouloir à l’homme de douter, de perdre en clairvoyance dans les choix importants à faire en quelques dixièmes de seconde sur le terrain…

Steve Mandanda mérite un respect total pour l’ensemble de sa carrière, sa personnalité et son professionnalisme incontestable

Les jambes donc, moins rapides, et la tête, qui nécessite sérénité, bien-être, envie. Comme tout sportif, qu’il soit en fin de carrière ou non, le gardien du Stade Rennais a besoin d’un équilibre entre le mental et la performance technique et physique pour être efficace, rayonnant et impactant. Souvent négligée dans la matrice du sport de haut niveau, la condition mentale est pourtant indispensable pour donner la bonne information au bon moment, permettre la sérénité ou le dépassement.

Quand elle n’est pas au rendez-vous, la sentence ne se fait généralement pas attendre et les staffs, comme le public, sont souvent sans pitié, quels que soit les statuts des « contrevenants »… Steve Mandanda mérite un respect total pour l’ensemble de sa carrière, sa personnalité et son professionnalisme incontestable.

Son exemple met aussi en lumière la pression médiatique, celle du résultat et de l’employeur, mais aussi l’exigence portée envers soi, autant de charges émotionnelles qui dérèglent parfois la « machine » et rappellent à une indulgence de plus en plus oubliée à l’heure des réseaux sociaux et du bashing instantané, tranquille, sous couvert d’anonymat. Y résister fait évidemment partie du métier mais n’empêche pas d’être parfois touché, voire coulé. Puis de se relever et d’y retourner, pour une nouvelle danse. « The last dance » ?

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.