Toutes les bonnes choses ont une fin et la belle série de qualifications pour l’Europe du Stade Rennais s’est donc arrêtée à six ans de rang, dans une conclusion du championnat 2023-2024 très décevante. Changement de président de Conseil d’administration, de directeur sportif, départs de joueurs à prévoir, l’été va être animé à la Piverdière pour rebondir dès l’an prochain !
Relativiser, aller vers la résilience, ne pas oublier que six années de suite en Europe, seul le PSG l’a fait sur la dernière décennie. Tout cela, le supporter rennais l’entend et le sait, depuis de nombreuses semaines. Il sait aussi que le Stade Rennais n’est heureusement pas tombé aussi bas qu’un Bordeaux ou Saint-Etienne, que sa santé économique et structurelle est à peine affectée par la saison blanche qu’il vient de vivre et que l’horizon reste propice à accueillir les jours meilleurs très bientôt.
Pour autant, non, le supporter rennais n’oubliera pas de sitôt cette saison si décevante, où les bilans comptables montrant des caisses pleines après les départs de Jérémy Doku, Lovro Majer et consort ne viendra nullement consoler la déception d’une saison commencée et terminée en queue de poisson… Un démarrage donc poussif, d’abord dans un mercato où le tandem Florian Maurice-Bruno Genesio ne sût pas accorder ses violons.
Le premier voulait recruter en défense, le second préférait donner toute la place à la jeunesse, afin sans doute aussi de mieux la valoriser par la suite, à l’image de Lorenz Assignon, qui pourrait signer définitivement à Burnley pour 10 M€. Pour le résultat que l’on sait… En attaque, également, des divergences venant s’ajouter aux doutes de Bruno Genesio au printemps quant à sa volonté de prolonger.
Un mercato manqué, un entraîneur dépassé puis une rechute finale
A tout cela impossible de ne pas évoquer le départ de Jérémy Doku en bout de mercato, non remplacé, et encore moins par Ludovic Blas, arrivé tout auréolé d’une farandole de propos élogieux qu’il n’aura jamais confirmé par la suite. L’automne s’installa, Enzo Le Fée fut blessé, Nemanja Matic contrarié et très contrariant, au point de prendre la porte, puis Bruno Genesio, usé et sans ressort, ne fut pas retenu au moment de jeter l’éponge après, comme un symbole, un Rennes-Lyon…
Retour dans la foulée de Julien Stéphan, impulsé par l’actionnaire en personne et nouvel attelage en place, programmé pour sauver des meubles alors sérieusement menacés, avec une triste quatorzième place. Improbable, impossible dans un monde logique, même, tant le Stade Rennais s’était lui-même annoncé candidat à la Ligue des Champions et apparaissait, légitimement après les années précédentes, comme un solide prétendant au top 5.
Après des débuts compliqués, le technicien breton parvient, après la trêve hivernale, à remettre son équipe dans le bon sens, et même à redonner espoir et optimisme à une communauté jusque-là le moral en berne. Jusqu’en mars, le Stade Rennais est là, revient de loin malgré des ratés individuels ou collectifs.
Une rechute après la trêve internationale
Puis deux matchs enrayent la machine : à Paris, où Rennes est rejoint au fond des arrêts de jeu sur un pénalty ultra-généreux, puis à Lille, où les Bretons menaient encore 0-2 à la 84’ avant de concéder le nul et de voir la quatrième place, alors à portée, s’éloigner définitivement. Le début de la fin, avec hélas, la confirmation de la rechute après la trêve internationale pour une fin de championnat interminable et finalement ponctuée d’une triste dixième place avec bon nombre de prestations indigentes…
Chou blanc, donc, dans une saison où même le septième sur 18 est européen… Un camouflet, incontestable, après lequel aucun dirigeant n’a assumé publiquement ce résultat et pris la parole devant la presse, ni même débattu des raisons d’un tel échec, Florian Maurice quittant même le stade avant la fin des festivités lors de l’avant-dernier match de la saison contre Lens au Roazhon Park. Celui-ci avait peut-être déjà choisi la suite et la fuite, à l’image de son compère Bruno Genesio six mois plus tôt.
Le contexte rennais est-il si compliqué à vivre que cela, quand beaucoup pointent à l’inverse une trop grande tranquillité dans l’exigence, l’obligation de résultats ? Un stade où les joueurs sont applaudis lors d’un tour d’honneur contre Lens alors même qu’ils viennent de perdre leurs dernières possibilités de se qualifier pour l’Europe doit-il être salué pour le fair-play et la reconnaissance de six belles saisons de rang ou montré du doigt en illustration d’un manque d’exigence ? La question est ouverte, et mérite débat, mais l’heure est désormais à l’action…
Frederic Massara pour un nouvel élan
Pour 2024-2025, le changement est de mise. Au-delà du remplacement de Jacques Delanoë par Alban Gréget, l’arrivée quasi actée fin mai de Frederic Massara va donner une nouvelle impulsion aux « Rouge et Noir ». Nouveau réseau, avec un probable directeur du recrutement à venir à ses côtés, nouvelles idées et vision différente du Made In Ligue 1, le Stade Rennais va et doit changer de cap.
Sur RMC, Johann Crochet, spécialiste de l’Italie, décrit celui que l’on surnomme Ricky comme « un gros travailleur, ayant beaucoup appris avec Walter Sabatini dont il fut le bras droit à Palerme puis à la Roma. Il a été longtemps joueur de Série B avec une fin de carrière en Série A et il a toujours suivi le foot français, même plus jeune. Il a du flair, a fait venir Pastore et Cavani à Palerme. C’est quelqu’un d’ultra-compétent et apprécié de tous ceux qui l’on côtoyé.
A Milan, il a travaillé quatre ans avec Paolo Maldini, avec le sacre de 2022. Il avait la vraie fonction de directeur sportif, a notamment fait Mike Maignan, Leao, Théo Hernandez, Olivier Giroud etc. C’est un homme de l’ombre, qui bosse beaucoup et que l’on va peu entendre. Il est aussi attaché à la formation et cela sera un vrai plus pour un club comme Rennes. C’est un bon profil qui fait progresser les jeunes et qui permet d’avoir un cadre plus abouti. » Prometteur donc !
Le Stade Rennais n’aura pas le droit à un second loupé
Avec ou sans Julien Stéphan, c’est la dernière question pouvant se poser, notamment au sujet de la compatibilité entre le technicien breton et son nouveau directeur sportif mais la remise en cause, au-delà de cette association, concernera aussi les joueurs. Plusieurs sont annoncés ou candidats au départ, comme Adrien Truffert, Désiré Doué, Arthur Theate, Arnaud Kalimuendo voire Martin Terrier et Benjamin Bourigeaud, pouvant se sentir à bout de souffle en « Rouge et Noir ». D’autres vont arriver, avec donc le nouveau réseau de Fréderic Massara.
Sans coupe d’Europe, le Stade Rennais n’aura pas le droit à un second loupé et doit confirmer la thèse de l’accident cette saison pour reprendre ses galons d’européen et membre du top 5 français. On n’imagine de plus pas un ancien dirigeant du Milan AC ou de la Roma venir en Bretagne pour jouer le ventre mou de Ligue 1. Une fois l’officialisation actée, les choses sérieuses peuvent démarrer et offrir une certitude pour le moment : l’été va être très chaud dans la capitale bretonne !