Retenu pour les Jeux olympiques de Paris 2024 à seulement 19 ans, Titouan Castryck est l’un des grands espoirs du kayak français. Le prodige cessonnais revient sur une saison aussi éprouvante qu’enrichissante, tout en se projetant sur l’échéance olympique avec appétit !
Comment as-tu découvert le canoë-kayak ?
Ma mère a participé aux Jeux Olympiques à deux reprises en kayak (Barcelone en 1992 et Atlanta en 1996), donc j’ai très vite été dedans. Pendant nos vacances, j’allais régulièrement dans les bateaux. À côté, je pratiquais aussi de l’athlétisme, du ping-pong et du handball, et c’est vers l’âge de 13-14 ans que j’ai décidé de m’orienter pleinement vers le kayak et la compétition. Je me suis inscrit au club des « Poissons volants » où mes parents sont bénévoles, puis j’ai intégré le pôle espoirs de Cesson-Sévigné pendant trois ans. Après ça, je suis rentré au pôle France de Paris et aujourd’hui, je m’entraine la plupart du temps là-bas.
Tu viens de boucler ta deuxième saison en senior. Quel bilan en tires-tu ?
Je pense avoir bien réussi à élever mon niveau. Sur les coupes du monde, j’ai participé à 100% des finales et j’obtiens une médaille en kayak et une autre en slalom. Il y a cependant un peu de déception sur les championnats du monde où je passe à côté en terminant 14e. Mais globalement, j’ai senti que je me rapprochais du haut du panier. J’ai aussi accumulé pas mal de fatigue mentale, notamment à cause des deux dernières courses internationales qui étaient très importantes. Tu travailles toute l’année pour préparer ces échéances. Tu fais ta saison de mai à octobre, tout en sachant que ce n’est pas terminé et qu’il faut être prêt pour ces deux compétitions. Forcément, ça fatigue.
Le nouveau stade d’eaux vives de Cesson-Sévigné a accueilli ses premiers championnats de France Elite. Quel est ton ressenti ?
Le club des Poissons Volants a fait un travail de fou. C’était un super événement et c’était l’opportunité de faire découvrir le bassin à toute la France. J’espère que les Français voudront revenir à Cesson car c’est super bassin d’entraînement. Il y a encore un peu de travail dessus, mais c’est incomparable avec ce que nous avions avant. Pour ma part, cela m’était un peu égal de prendre des médailles, j’étais là avant tout pour prendre du plaisir (ndlr : Titouan Castryck termine deuxième en kayak-cross).
Tu as également été retenu pour les Jeux olympiques de Paris 2024, est-ce que tu réalises ?
Sincèrement, c’est un peu dur de réaliser. Il y a encore deux ans, je n’aurais jamais pensé pouvoir être sélectionné. J’ai maintenant neuf mois pour me préparer et comprendre ce qui m’arrive. J’ai encore un peu de temps pour bien prendre les choses en main et je sais ce que j’ai à faire. D’une certaine façon, excepté l’évènement, ça ne change pas trop de d’habitude. J’ai vraiment hâte de vivre ça avec l’équipe où nous sommes d’ailleurs trois Bretons, sans oublier Marjorie Delassus. J’y vais davantage avec de l’excitation qu’avec de la peur.
Quelles seront tes ambitions ?
L’objectif est clair, obtenir une médaille. Je donnerai tout ce que j’ai et nous verrons bien ce que ça donnera. Il n’y a pas de secret pour performer, il faut avoir envie de gagner. C’est un bassin olympique sur lequel je vais vite. Même si normalement, le bassin devrait légèrement bouger d’ici là, c’est un endroit où j’ai mes repères. Les mouvements peuvent un petit peu changer mais intrinsèquement, ça reste la même chose.
Tu es encore jeune mais aussi très attendu. Comment gères-tu cela ?
Ça m’est un peu égal et j’essaie de ne pas trop écouter ce qui se dit autour de moi. Le point positif, c’est que ça permet d’offrir de la visibilité à ce sport. Je m’inspire pas mal de Tony Estanguet, notre patron à nous, mais aussi de Jiří Prskavec, le champion olympique en titre. Il a l’air d’une simplicité incroyable dans la vie et c’est un peu un modèle. En plus du slalom, le kayak-cross fait son entrée sur ces Jeux et je vais concourir sur les deux. Il y a bien sûr des différences, comme le fait d’être à quatre sur le bassin et le matériel qui est un petit peu différent, mais il y a aussi des capacités communes. Quand tu travailles l’une de ces deux disciplines, ça t’aide pour l’autre. C’est également une possibilité supplémentaire pour faire une médaille.
Quel est ton programme pour les semaines et les mois à venir ?
Je vais d’abord prendre des petites vacances (rires). Après ça, il y aura la préparation physique et la remontée sur les bateaux. Nous partirons ensuite au chaud, soit à la Réunion où il y un pôle olympique, soit en Australie. Il y a un super bassin là-bas et plusieurs champions olympiques qui s’y entrainent. Ce sera l’occasion d’observer et de partager des séances. Nous enchaînerons sur la saison internationale qui se dispute de mai à juin. Il y aura les championnats d’Europe à Ljubljana, mais aussi trois étapes de coupe du monde. Celle de Prague sera très importante pour les autres Français, puisqu’elle permettra aux trois premières nations d’avoir un quota supplémentaire pour les prochains Jeux olympiques en kayak-cross.