Arrivée cet été en provenance de Noisy-le-Grand, l’arrière gauche a rejoint le club de Saint-Grégoire pour continuer sa progression. Originaire du Sénégal, la joueuse de 23 ans revient sur son enfance en Afrique et nous livre ses ambitions pour la deuxième partie de saison.
Née à Dakar, la jeune Coura ne s’imaginait pas faire du handball. Certes, elle est rapidement attirée par le sport en salle, mais plutôt par la balle orange : « Je voulais faire du basket quand j’étais petite, mais c’était compliqué de tous nous y inscrire, mes sœurs, mon frère et moi. Ce sont finalement mes deux sœurs qui ont été choisies et forcément, elles ont arrêté au bout de deux mois (rires) ». C’est seulement quelques années plus tard que Coura découvre le handball. Alors âgée de 13 ans, elle se rend à un entraînement de l’US Gorée, club omnisports de la capitale sénégalaise et le coup de foudre opère : « En voyant l’équipe masculine s’entraîner, j’ai immédiatement voulu essayer. J’ai ensuite fait des essais et l’entraîneur s’est dit : « pourquoi pas faire une équipe de jeunes ? » J’ai aussi fait de l’athlétisme avec l’AS (Association Sportive) de mon école et donc, du handball. »
Le souvenir est bien ancré et Coura est d’ailleurs toujours en contact avec ses deux premiers entraîneurs de l’époque, Moustapha Fall et Moustapha Camara. Cependant, le handball est loin d’être le sport le plus populaire dans son pays : « C’est beaucoup mieux aujourd’hui mais quand j’ai commencé, je ne savais même pas que ça existait (rires). La participation de l’équipe nationale féminine aux championnats du monde 2019 a mis en lumière le handball au Sénégal ». Et forcément, les équipements pour s’entraîner sont parfois rudimentaires : « C’était difficile au début de pratiquer dans de bonnes conditions. Il nous manquait des paires de chaussures et même quelquefois des ballons… »
« Ça été difficile de changer de pays, avec la différence de culture »
A l’âge de 14 ans, Coura arrive en France pour une étape qui compte, forcément. Un changement radical pour la jeune fille en pleine adolescence, venue avec son petit frère mais sans ses deux grandes sœurs, restées à Dakar : « Ça été difficile de changer de pays, avec la différence de culture. Je me souviens quand je suis arrivé, j’étais en seconde et après une série de tests, on m’a remis en troisième. J’ai voulu rentrer chez moi. Autre chose qui m’a beaucoup marqué, c’est un rendez-vous avec ma CPE de l’époque. Je regardais mes mains pendant l’entretien et à plusieurs reprises, elle m’a demandé de la regarder dans les yeux. Ça peut paraître anodin, mais c’est quelque chose dont je n’avais pas du tout l’habitude au Sénégal ».
Après quelques mois d’adaptation, Coura commence à chercher des clubs pour reprendre le handball, mais aussi pour rencontrer du monde. Et c’est finalement son père qui va lui trouver une équipe : « L’entraîneur de Noisy a contacté mon père pour que je fasse des essais. J’ai d’abord fait des entraînements puis deux mois après, je pars faire une détection au pôle de Châtenay-Malabry. D’ailleurs ce jour-là, je m’en souviens très bien. L’entraîneur de la D2 de Noisy vient me chercher pour m’y emmener et je m’assois à l’arrière de la voiture, comme-ci c’était un taxi (rires). J’étais encore très timide à l’époque. Je n’étais pas très confiante après la journée de détection car les tests physiques n’étaient pas bons, mais on m’a rappelée quelques temps plus tard pour me dire que j’étais prise ! »
Après deux années passées au pôle espoirs, Coura rejoint le club de Noisy-le-Grand. Elle se forge en tant que femme et connaît notamment une montée de la N2 à la N1 avec son club. Une période forcément spéciale pour la Sénégalaise : « J’en garde de très bons souvenirs. J’ai rencontré des gens formidables et j’ai beaucoup appris là-bas, tant sportivement qu’humainement ». En parallèle, Coura Camara continue son cursus scolaire. Elle obtient un BAC STMG et un BTS en comptabilité-gestion. À l’aube de ses 23 ans, elle décide de changer d’air et prend la direction de la Bretagne pour rejoindre le SGRMH. Un choix difficile pour la jeune femme : « J’appréhendais beaucoup. Je me demandais si c’était la bonne décision, mais en même temps je voulais sortir de ma zone de confort et voir d’autres choses. Je ne connaissais que Cidgie Leroux dans l’effectif mais finalement, ça s’est bien passé ». Pour elle, c’est aussi la découverte de la D2. Joueuse combative, la numéro 92 est venue à Saint-Grégoire pour continuer son apprentissage du handball. Coéquipière à l’écoute, Coura ne doute pas une seule seconde de l’issue de la saison : « L’objectif est clair, se maintenir et nous allons le faire. Nous avons une équipe jeune avec du potentiel. Je pense même que nous pouvons gagner quelques places au classement et on peut s’offrir une fin de saison plus tranquille. Personnellement, je sens que je progresse ».
« L’expérience accumulée en équipe nationale me sert quand je reviens en club »
Car en plus de fouler les parquets de D2, l’arrière représente fièrement son pays. Avec le Sénégal, elle a récemment disputé le Championnat d’Afrique des Nations, organisé sur ses terres. Une expérience inoubliable mais qui s’est terminée avec des regrets : « Nous terminons quatrième, éliminées après prolongations par l’Angola. Nous avons été battues à l’expérience. C’est une immense déception, mais c’était un bel événement avec beaucoup de spectateurs présents. Ce sont des émotions indescriptibles. L’expérience accumulée en équipe nationale me sert quand je reviens en club ».
En dehors des terrains, Coura est plutôt du genre casanière. Entre les entraînements, les matches et son travail à Initia (partenaire du SGRMH), elle passe la plupart son temps libre chez elle : « J’aime beaucoup cuisiner. Je regarde aussi pas mal de documentaires sur l’histoire de l’Afrique et plus globalement sur l’histoire des guerres. Sinon j’aime bien écouter de la musique, particulièrement le rappeur Tupac. Je tricote aussi un peu de temps en temps et quand je sors de chez moi, c’est pour aller faire du shopping ». Avec en bonus, quelques talents cachés : « Je suis une bonne chanteuse quand mes cordes vocales veulent bien coopérer (rires). Sinon, je me débrouille en danse, notamment le Mbalax, qui est une musique très populaire au Sénégal ». Un atout de plus pour faire « valser » les adversaires avec le SGRMH en 2023.