Que les images ont du se bousculer à toute vitesse dans la tête de Kévin Courties, manager du REC Rugby. La qualité n’attend pas les années et du haut de ses 34 ans, l’homme à la casquette, papa une seconde fois cette année, a de quoi être fier et heureux. Lui qui avouait dans nos colonnes « avoir encore la grande frustration de ne plus pouvoir jouer » a du ressentir jusque dans sa chair chaque plaquage, chaque ruck ou chaque accélération de ses joueurs. Chaque coup reçu également. Son fidèle staff, avec Mikaele Tuuhagala, Vincent Bréhonnet et Yoann Carnot, n’était sans doute pas en reste. Les émotions d’un groupe sont déjà fortes mais deviennent inestimables si la victoire s’y accroche. Ce premier samedi de juin, dans la moiteur étouffante du Périgord, restera longtemps gravé fort, indélébile, dans le cœur de ces hommes et constitue dès lors l’Histoire du REC. Celle également de son président, Jean-Marc Trihan, heureux au milieu de ses joueurs et sans doute déjà l’esprit tourné vers un futur qu’il ambitionnait avec patience cohérence il y a cinq ans déjà. Tourné vers l’envie de poursuivre un travail de fourmis, réalisé avec patience et précision avec les dirigeant, partenaires et bénévoles, sans relâche, pour offrir aux REC mais aussi à tous les Rennais ce si beau club de rugby qu’ils méritent ! De la haut, un certain Raphaël Favier a sans doute lui aussi apprécié cette soirée.
Le match en lui-même ? Alors que l’enfer était promis aux Bretons, ce sont les joueurs de Hill qui n’auront pas passé la moindre seconde virtuellement en finale de Fédérale Une. Highway to Hell for Hill ! Gonflés à bloc, peut-être un peu trop, ceux-ci, s’ils entament mieux la rencontre avec deux pénalités transformées par Caillot, dégoupillent trop vite pour entrevoir la lumière. Lors d’une bagarre générale, Piveteau prend jaune quand Couturier lui, voit rouge. Côté rennais, Romuald François prend jaune. La demie vient déjà de basculer. Déjà dur à bouger à XV, le REC devient un obstacle insurmontable même si la mi-temps est sifflée sur un avantage en trompe l’œil (9-3). L’espoir est là pour les locaux, les réelles chances de réussir l’exploit moins.
Surtout après le retour des vestiaires… Le REC, tout en discipline, solidarité et rigueur, ne laisse pas une miette à ses adversaires et assomme Périgueux d’entrée grâce à un essai opportuniste de l’inévitable Gaël Dréan (42′). Non content de ce coup parfait, Téo Gazin (49′), malin suite à une touche astucieusement jouée avec Alex Fau, enfonce le clou. Les « cochons sont dans le maïs » côté local et Rennes, devant au score (9-17), grâce aux transformations de Jacob Botica, n’a plus qu’à gérer la dernière demi-heure. Cela reste un énorme boulot mais pas de nature à décontenancer un groupe de potes qui s’était promis en début de saison d’aller au bout de cette saison et d’atteindre cette finale à venir du 12 juin. Sant trembler, Alexandre Guéroult et ses partenaires vont y parvenir, ne cédant qu’un essai de Lavergne (58′) et prenant leur avance définitive sur une dernière pénalité de Jacob Botica (63′). La victoire, la délivrance puis l’ivresse du devoir accompli et de la fête prennent alors le relais pour une nuit longue, très longue et si méritée !
Le REC accède ainsi à la finale de Fédérale Une, où il retrouvera Hyères ou Nîmes (les premiers s’étant imposés 13-28 chez les seconds la semaine passée). L’occasion sera belle de remporter le premier bouclier breton de l’histoire, afin de conclure de la plus belle des façons une saison dingue et au-delà des espoirs les plus fous. Attaqués avec l’ambition de « faire au mieux et de prolonger le plaisir », selon le président Jean-Marc Trihan dans nos colonnes en avril, ces play-offs ouvrent donc la voie à une nouvelle ère pour le club breton, qui bascule dans l’antichambre de la pro D2. Il y aura à faire, à tous les étages, et avec enthousiasme mais avant d’y penser, il reste cette finale, dimanche prochain pour laquelle le lieu de villégiature n’est pas encore acté. Une certitude, une grosse invasion bretonne est à prévoir pour conclure l’exceptionnelle chapitre 2021-2022 de l’histoire du REC. Cela, malgré le très probable mal de tête de ce dimanche matin, tous les Récistes le savent déjà et entendent bien s’offrir un dernier « kif » dans sept jours, tout pile. Cela ne sera plus un exploit, mais la consécration d’un groupe hors normes, bien décidé à aller au bout !