Rugby – Nationale 2 : Alexandre Guéroult : « Emmener le club le plus haut possible, ça a toujours été mon leitmotiv »

Entretien avec Alexandre Guéroult.
Après plus de 15 ans au club, le troisième-ligne tire sa révérence à l’issue des phases finales. @Crédit photo : JRS

Une page va se tourner au REC Rugby en mai avec le départ de son capitaine Alexandre Guéroult. Après plus de 15 ans au club, dont 14 en équipe première, le troisième-ligne tire sa révérence à l’issue des phases finales. Une aventure folle en « Noir et Blanc » qu’il n’aurait jamais imaginée au départ et qu’il s’agit de terminer désormais en beauté.

Quels sont les motifs de ton arrêt ?

C’est une décision personnelle où rentre évidemment en compte l’arrivée de mes enfants. J’ai eu mon deuxième fin novembre et quand tu pars trois jours en fin de semaine, c’est trop long pour tout le monde. C’est le bon compromis d’arrêter maintenant et c’était le projet de base en arrivant au bout de mes trois ans de contrat. Le club souhaitait me prolonger mais je savais déjà que j’allais arrêter. La décision était déjà prise depuis un certain temps. Après quatorze ans, le corps fatigue également. Le vrai défi, il va démarrer en septembre quand mes week-ends ne seront plus occupés par les matchs.

Professionnellement, as-tu déjà programmé la suite ?

Oui, cela fait déjà six ans que je travaille, en parallèle au rugby, au restaurant « La cabane » sur le Mail François Mitterrand. Je vais passer à temps plein début août donc la transition va être assez rapide.

Vas-tu continuer à jouer au rugby ?

Je vais continuer le sport, c’est certain, mais je ne sais pas encore comment ça va s’organiser la première année, car il faudra voir combien de temps je pourrais me dégager pour en faire. Pourquoi ne pas retourner dans les sports de combat, car avant le rugby, j’ai commencé par la boxe. Mais je veux d’abord prendre du temps. À côté, je suis rentré au conseil d’administration du REC Rugby, où je serai ainsi toujours engagé.

La nouvelle direction souhaitait avoir un ancien joueur avec ce rôle-là, notamment pour le relationnel avec les joueurs actuels car j’ai évolué avec pas mal d’entre eux. D’ailleurs, pourquoi pas créer une association des anciens joueurs ? J’ai moi-même déjà dit qu’il était dommage que les anciens ne restent pas au club après le « terrain » et ça aurait été dommage de faire pareil (rires).

« Je n’ai pas eu l’ambition, ni même imaginé faire du rugby mon métier, ni être rémunéré pour ça »

Tu es l’homme d’un seul club mais as-tu eu la possibilité de relever un autre défi au cours de ta carrière ?

Il y a eu quelques sollicitations, notamment du côté de Vannes, mais pour ma part, je n’ai jamais fait de démarches. Lors de la deuxième année du Covid, il avait été évoqué que je finisse la saison au RCV car, de notre côté, nous n’avions pas pu reprendre la compétition, mais ça s’était cantonné à des discussions entre managers. Même quand nous sommes devenus semi-professionnels, avec l’arrivée d’agents, ça n’a jamais été trop mon dada. Ma vie était trop organisée autour de Rennes. Il y avait tout à faire au REC et emmener le club le plus haut possible, ça a toujours été mon leitmotiv.

Avais-tu envisagé une telle carrière à tes débuts ?

Pas du tout. J’ai commencé au niveau amateur, en équipe 3. Je n’ai jamais eu l’ambition, ni même imaginé faire du rugby mon métier, ni être rémunéré pour ça. Il y a quatorze ans, quand j’ai commencé en équipe première, ce n’était pas du tout le même fonctionnement que maintenant. Il y avait quelques primes de matchs pour certains joueurs et même au niveau des entraînements, nous n’en faisions pas autant. Aujourd’hui, c’est quatre entraînements par semaine en plus des matchs.

À titre personnel, que gardes-tu de ces années rugby ?

Le rugby m’a fait grandir et c’est vraiment quelque chose qui m’a épanoui de A à Z. Avant, quand je pratiquais la boxe, j’avais du mal à vivre des émotions solitaires, ne serait-ce que pour les entraînements. Il n’y a que toi et c’est parfois dur de trouver la motivation si tu ne te fais pas violence. Avec le rugby, j’ai trouvé le parfait compromis entre le combat et le sport collectif. Ça a collé immédiatement, notamment par les échanges et par la richesse des gens qui pratiquent ce sport. Ça te fait grandir à vitesse grand V.

Quels sont tes souvenirs les plus marquants avec le REC Rugby ?

Évidemment, le souvenir le plus marquant reste le titre de champion de France. Tu ne peux pas faire plus grand. En plus, c’était vraiment une année atypique avec l’ancienne formule et nous passons par la petite porte en finissant quatrièmes. Il y a le parcours, mais aussi l’équipe, dont Gaël Dréan qui joue maintenant en Top 14. Sinon, au-delà du sportif, ce sont les rencontres.

Je pense à Lilian Caillet. Nous nous sommes rencontrés il y a 12-13 ans et c’était l’un des premiers joueurs à avoir connu un petit peu le rugby professionnel. Il arrivait en Bretagne pour décrocher de tout ça et il devait juste rester un an. Finalement, il est toujours dans la région et c’est le parrain de mon deuxième fils. Le rugby, ce sont aussi des amitiés.

« J’ai hâte de pouvoir revenir au club, cette fois-ci de l’autre côté de la barrière, et profiter d’une bonne bière fraîche pendant que les gars sont sur le terrain (rires). »

Ok pour les émotions mais nous voulons aussi des dossiers. Tu dois bien en avoir quelques-uns…

Il y a eu Majorque… Nous avions récolté des fonds avec l’association des joueurs pour faire un week-end en fin d’année. C’est l’un des week-ends où j’ai le plus ri. Nous étions 17 là-bas, avec des joueurs de tous horizons dans un hôtel « all inclusive ». Vraiment, on a fait les Américains pendant trois jours. Après, il ne fallait faire pas un jour de plus, car nous sommes déjà revenus dans un état (rires)…

Également, mais c’est assez connu, j’avais apporté des palets le jour de la finale et le deal était de faire des palets sur le bouclier si nous gagnions. Ce que nous avons donc fait. Dans la continuité, nous avions réservé une boîte de nuit à Bordeaux. Le chauffeur nous dépose et il nous dit : « Je viens vous chercher au même endroit demain à 9h ».

Nous n’avions pas de chambres d’hôtel, donc nous avons duré toute la nuit et nous avions tous la tête enfarinée le lendemain. Ce jour-là, Jérémy Boyadjis était venu nous voir jouer avec sa compagne. Après la victoire, il est monté dans le bus pour Bordeaux et il nous a suivi toute la soirée. Encore mieux, il est revenu à Rennes avec nous alors qu’il habitait à Toulon à cette époque. Tout ça, sans doute, sans l’approbation conjugale (rires).

Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour la suite ?

Je veux simplement profiter avec ma famille. Il faudra aussi que nous prenions nos marques, car nous allons nous exiler un petit peu en dehors de Rennes. J’espère continuer à m’éclater en cuisine et j’ai aussi hâte de pouvoir revenir au club, cette fois-ci de l’autre côté de la barrière, et profiter d’une bonne bière fraîche pendant que les gars sont sur le terrain (rires).

Signature du journaliste.