Après la Juventus, l’Atlético Madrid ou encore Arsenal par le passé, c’est un quatrième membre du gotha européen qui se présente en février à Rennes : l’AC Milan. Son stade mythique, ses coachs emblématiques ou encore ses joueurs légendaires font de la formation italienne un club à part et un nom qui résonne mondialement. Petite piqure de rappel.
Difficile de raconter un tel club en quelques lignes. Un journal entier, ou un livre même, ne seraient pas de trop. Milan, capitale de la mode et du luxe, a aussi été celle du football dans les années 90.
Un club au palmarès hors-normes : 49 trophées remportés, dont 19 championnats d’Italie et sept Ligues des Champions, deuxième meilleur total européen derrière le Real Madrid, excusez du peu ! Attention, manque encore au tableau de chasse la C3 (coupe de l’UEFA puis Europa League).
L’AC Milan, vue d’Italie, rime avec Silvio Berlusconi, avec toute la controverse accompagnant le mythique président du club, disparu en juin dernier. Le Milan AC, c’est aussi une identité de jeu, des coachs de légende ayant changé le football comme Arrigo Sacchi ou marqué plusieurs générations de supporters ou de joueurs comme Fabio Capello.
Il y eut aussi Carlo Ancelotti, Massimo Allegri et tant d’autres. L’AC Milan, ce sont aussi huit ballons d’Or : Gianni Rivera 1969, Ruud Gullit 1987, Marco van Basten 1988, 1989 et 1992, George Weah 1995, Andreï Chevtchenko 2004 et Kaká 2007.
Au devant d’un Hall Of Fame interminable entre emblématiques tels Rossi, Cafu, Tassotti, Baresi, Costacurta, Maldini, Desailly, Nesta, Gattuso, Pirlo, Kaka, Rijkaard, Seedorf, Boban, Savicevic, Albertini, « Pippo » Inzaghi ou Zlatan Ibrahimovic, pour ne citer qu’eux.
Terminez la présentation avec l’emblématique stade San Siro, plus grand stade d’Italie partagé avec le rival de l’Inter et voilà un succinct aperçu du monument que va affronter le Stade Rennais dans une affiche de gala, déséquilibrée sur le papier. Pourtant, loin de son glorieux passé, le club italien connaît une période plus difficile depuis maintenant une décennie.
S’il retrouve en partie ses lettres de noblesses avec trois qualifications consécutives en C1 et un championnat remporté en 2021-22, l’AC Milan, troisième lors de la phase de poules de Ligue des Champions derrière le Borussia Dortmund et le Paris Saint-Germain, peine à redevenir cet ogre qu’il fut.
Structurellement, culturellement et sportivement, le chantier est là, dense et important, et l’histoire ne fait pas tout, même lorsque l’on se nomme Milan AC. Racheté il y a près de deux ans par le fond américain Redbird Capital Partners, également propriétaire de Toulouse mais surtout des franchises de Baseball des New York Yankees et Boston Red Sox, Milan n’est plus le même, ce depuis longtemps.
Très « internazionale », avec un seul Italien régulièrement aligné dans le onze type
Cette cuvée 2023-2024 des « Rossoneri » est solide, mais loin d’être injouable. Stefano Pioli, plutôt pragmatique dans ses clubs précédents (Lazio, Inter, Fiorentina) a imprimé, depuis son arrivée en 2020, une patte offensive, avec la volonté de dicter le rythme et d’aller de l’avant.
Les résultats sont là (vice-champion en 2021, champion en 2022) avec une vraie identité de jeu où les stars ne font plus la loi. Articulé en 4-3-3, l’équipe milanaise est jeune et en construction. Elle aussi très « internazionale », avec un seul Italien régulièrement titulaire dans ses rangs, ce qui rendrait sans doute un peu fou « Il Cavaliere » aujourd’hui.
En termes de jeu, le danger, bien qu’identifié, reste compliqué à contenir. Rafael Leao, à gauche, est imprévisible et capable de renverser un match sur une accélération. Christian Pulisic à droite, reste un poison et l’inoxydable Olivier Giroud en pointe, convertit en ballon décisif tout ce qu’il touche, ou presque, dans les 16 mètres, en plus d’accumuler cette année les passes décisives.
Voilà un trio qui a de l’allure et rien à envier aux grands d’Europe de par sa complémentarité. La touche française sera aussi bien visible avec l’apport de Théo Hernandez en latéral gauche, considérable, et le roc Mike Maignan dans les buts, bien soutenu par l’institution lors de sa récente affaire de racisme dont il a été victime à l’Udinese.
Bien que sur le banc, Yacine Adli aussi pourra, comme ses compatriotes, parler du SRFC à ses coéquipiers, prévenus et interdits de complexe de supériorité. Autre force de l’équipe, un milieu à trois assez complémentaire avec en pointe basse Bennacer puis Loftus-Cheek et Reijnders un peu plus haut.
La qualité et la vista du Hollandais, l’abatage et la puissance de projection de l’ancien de Chelsea et l’intelligence de jeu et le volume de jeu de l’international algérien en font un triangle compliqué à dominer, même si le manque d’automatismes et la vitesse mise dans le jeu pourraient offrir aux Rennais de vraies opportunités.
D’un côté l’envie de renouer avec le passé, de l’autre celui d’écrire demain, les deux en « Rouge et Noir »
Actuellement troisième de Série A, et un peu loin pour le titre mais suffisamment à l’abri pour garder une place dans le top 4 et donc, un accès à la prochaine Ligue des Champions, le Milan AC ne va pas galvauder la coupe. En coupe d’Italie, les « Rossoneri » sont éliminés.
Pas de cadeaux à attendre donc, malgré un calendrier chargé autour de la double confrontation, avec Naples, Monza, l’Atlanta et la Lazio. La défense centrale sera fortement diminuée avec les blessures de Kalulu, déjà forfait, et une reprise à peine effectuée pour Thiaw et Tomori, régulièrement titulaires.
Il n’empêche, en termes de qualités intrinsèques, d’expérience ou encore d’ordre des matchs, avec la possibilité de faire mal dès la rencontre jouée à San Siro, la balance penche côté milanais. Oui, le Stade Rennais s’avance en outsider.
Un costume qui lui a déjà réussi par le passé avec des matchs mémorables face à Arsenal, à Séville contre le Bétis ou face à Paris en finale de la coupe de France. Un point commun à ses soirées européennes restées dans les mémoires et les cœurs : Julien Stéphan à la baguette et cette capacité à renverser la logique des choses.
En novembre 2020, Lille s’était imposé 0-3 à San Siro avec un triplé de Yazici. Même si les« Rossoneri » d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec l’équipe d’alors, où étaient titulaires les seuls Hernandez et Kjaer possiblement présents le 15 février, le chef d’œuvre des Nordistes peut être source d’inspiration.
Dans une saison où tout reste encore à faire en Ligue 1, l’Europa League offre une parenthèse enchantée, un ailleurs bénéfique, où le SRFC n’a rien à perdre et tout à gagner, avec une Histoire à écrire. Il y aura d’un côté, l’envie de combler un rare vide d’un palmarès abondant, de cultiver la gagne et de continuer sa mue.
De l’autre, celui d’écrire demain, le tout avec les deux mêmes encres, en « Rouge et Noir ». Verdict le 22 février, en fin de soirée, avec des réponses dans les chemins de chacune des formations, quelle que soit l’issue.
Ce qu’en pensent les Rennais
Christopher Wooh : « C’est un gros adversaire et il y a beaucoup d’excitation. Tout le monde a envie de jouer et d’être prêt le jour J. Ça fait partie des meilleurs stades en Europe et nous rêvons de jouer dans ce genre de stade. Mais si nous avons comme objectif de remporter l’Europa League, nous allons forcément jouer contre des gros, peu importe le moment de la compétition ».
Julien Stéphan : « C’est une grande chance pour nous d’avoir ce match-là à préparer. Nous allons vivre une ambiance exceptionnelle à San Siro. C’est une top équipe et un top club. Cela prouve que la Ligue Europa est très dure, quand tu as la possibilité de jouer contre des équipes si prestigieuses. Attention cependant, la saison ne s’arrête pas mi-février et il ne faut pas tout miser là-dessus. Ça ne doit pas s’arrêter si nous ne passons pas. »
Warmed Omari : « Historiquement, c’est l’un des meilleurs clubs d’Italie et d’Europe. Il y a eu les plus grandes légendes du foot mondial. On a tous déjà vu cette équipe de Milan et jouer là-bas, c’est exceptionnel, c’est un rêve. Ce sont des stades que l’on a vus, étant gamin même si nous serons dans notre match, et que l’on y va pour faire notre match.
Ça va être un très gros kiff, bien sûr. On peut être contents d’y être, faire quelques photos lors de la reconnaissance terrain mais dès que le match démarre, on passe à autre chose. Aller plus loin ? Ce serait incroyable de sortir le Milan AC, ce serait beau pour nous, pour le club. Il va falloir préparer cela au mieux et répondre présent. »
L’équipe type (4-3-3) : Maignan – Calabria, Thiaw, Tomori, Hernandez – Bennacer, Reijnders, Loftus-Cheek – Pulisic, Giroud, Leao.