JRS 70 – URB : Fabien Damase, itinéraire d’un (jeune) homme pressé

Alors que les nombreux départs laissaient augurer un exercice difficile pour l’URB, la jeunesse rennaise réalise un départ canon. Dans ses rangs, l’arrière Fabien Damase, libéré par Gravelines-Dunkerque et débarqué cet été, brille au sein du collectif breton. Une intégration à vitesse grand V, pour un basketteur qui ne manque pas d’ambitions.

Deuxième meilleur marqueur, troisième meilleur rebondeur et troisième meilleur passeur de l’Union Rennes Basket avant sa blessure fin novembre, Fabien Damase est au four et au moulin en ce début de saison. Joueur complet, capable d’évoluer à plusieurs postes, « Fabinho » ne rechigne jamais quand il s’agit de dépanner ailleurs : « C’est important d’être polyvalent. Je suis arrière de base mais avec l’URB, je joue plutôt en poste trois. Avec les pros, à Gravelines-Dunkerque, je m’entraînais aussi sur le poste de meneur et ici, Pascal Thibaud m’utilise même parfois en poste 4. Personnellement, ça me va bien et ça me fait découvrir plusieurs rôles ». La soif d’apprendre avant tout. « Le Fab’ » ou « Fabibi », deux autres surnoms pour une autre histoire, s’acclimate vite et ce n’est pas dû au hasard.

« J’étais un peu dans le doute car je n’avais quasiment pas joué pendant un an. J’ai travaillé tout l’été pour être prêt »

Originaire de Guadeloupe, le néo-Rennais apprend le basket sur l’île aux papillons : « Mon père y jouait, mon oncle et mes deux grands frères aussi. Ma mère pratiquait, elle, de l’athlétisme, mais mes parents m’ont toujours laissé le choix. Quand j’étais encore tout jeune, j’avais un ballon de basket et un ballon de foot mais je jouais au basket, même avec le ballon de foot ! (rires) ». Surclassé dans toutes les catégories, il intègre le CREPS en Guadeloupe dès la classe de 6e : « D’habitude, on rejoint le CREPS vers la 4e », précise-t-il, avant d’ajouter : « En plus, le centre nous aide à trouver un club ! »

Justement, la Métropole commence à lui faire des appels du pied et voilà le jeune homme qui s’envole finalement pour l’ASVEL à ses 14 ans : « C’est quand même très jeune et c’était un peu compliqué au début car je n’avais jamais vraiment quitté ma famille. Heureusement, il y avait des Antillais à l’ASVEL et ça m’a aidé ! » Une expérience de courte durée puisque l’adolescent est contraint de se faire opérer à Lyon à la fin de la saison et retourne en Guadeloupe pour sa rééducation.

Malgré ce retour précoce, le club de Gravelines-Dunkerque garde un œil sur lui et il intègre les cadets du BCM à 16 ans. S’ensuivent cinq années dans le nord de la France, en passant par les espoirs jusqu’au groupe professionnel : « À partir de ma troisième année, j’ai commencé à m’entrainer avec l’équipe première. Ça change beaucoup au niveau de l’intensité et il a fallu vite s’adapter. Et puis, il y a eu la première entrée en jeu, c’est toujours un moment particulier et forcément un peu stressant ». Encore sous contrat avec le BCM la saison dernière, Fabien Damase était proche d’être prêté… à Rennes. Le deal n’a finalement pas lieu mais ce n’est que partie remise car il est déjà dans le viseur de l’URB.

Ewan Le Carour : « C’est un gars très respectueux et plutôt discret, mais avec qui on peut aussi beaucoup rigoler »

Une fois libéré de son contrat, l’arrière rejoint les « Noir et Blanc » pendant l’intersaison avec une détermination sans faille : « J’étais un peu dans le doute car je n’avais quasiment pas joué pendant un an. J’ai travaillé tout l’été pour être prêt ». Résultats immédiats. Son coéquipier, Ewan Le Carour, décrit un jeune homme discret, sérieux mais pas le dernier quand il s’agit de chambrer : « Fabien, c’est un gars très respectueux et plutôt discret, mais avec qui on peu aussi beaucoup rigoler. Avec l’équipe, nous aimons bien le charrier sur ses coupes de cheveux parce qu’il en change régulièrement. Au début de saison, il avait les cheveux longs, après il a eu des tresses, et maintenant il a les cheveux courts. Parfois, son coiffeur le loupe un peu, donc il se fait charrier par les plus critiques de l’équipe (rires) ».

Mais au moment de rentrer sur le terrain, et après avoir mis son élastique qu’il a au poignet dans sa chaussette, son petit rituel d’avant-match, plus de place pour la rigolade, le numéro zéro de l’Union Rennes Basket performe : « C’est un joueur très important pour l’équipe, que ce soit au niveau du scoring ou défensivement, car il est grand et long, et il capte énormément de rebonds ».

Si Fabien Damase affirme lui-même pouvoir « s’améliorer sur sa vivacité en défense et dans la gestion de ses émotions », le début de saison du Guadeloupéen est probant. Une vraie réussite, au-delà des statistiques personnelles, dans un groupe juvénile : « Nous sommes l’équipe la plus jeune de NM1 et nous arrivons tout de même à performer, alors que beaucoup de personnes nous prédisaient une saison compliquée. À nous maintenant de continuer sur la même voie ». Mais il le sait aussi, la route est encore longue, et sa collection de sneakers ne sera pas de trop pour continuer de marcher dans la bonne direction. Un joueur au profil atypique qui mesure dorénavant 2m01 et non 1m99, « ce n’est pas à jour partout », rajoute-t-il. Coiffures et looks soignés, belles sneakers au pieds, le voici armé avec la tête et les jambes pour aller le plus haut possible, step by step, au grand bonheur de l’Union Rennes Basket.