JRS 70 – REC Rugby : Téo Gazin : « L’envie de gagner du temps de jeu »

Présent au club depuis désormais quatre ans, Téo Gazin n’a pas abandonné son accent chantant, ni ses ambitions au sein du club breton. Après une année 2023 marquée par une grosse blessure aux cervicales, l’envie est aujourd’hui décuplée de jouer et de voir le REC demeurer en haut de tableau.

Alors que 2023 va bientôt se refermer, comment juges-tu la période actuelle du REC ?

Elle est dans la lignée de ce que nous fournissons depuis plusieurs semaines où l’équipe progresse et s’améliore au fil des matchs. Le bloc de novembre fut globalement satisfaisant, avec les victoires contre Limoges puis à Saint-Jean-de-Luz mais la défaite concédée contre Cognac ternit un peu la copie. Elle est comme une tape derrière la tête qui nous rappelle que nous n’aurons cette année pas le droit de faire moins, de gérer, et qu’il faudra toujours être au maximum pour gagner les matchs.

Cela s’explique par la densité et le niveau homogène de la poule ?

Clairement, oui. Déjà à Saint-Jean-de-Luz, un poteau favorable nous sauve la mise, alors que nous nous étions mis en difficulté. On le voit, certains favoris, comme Niort, ne sont pas encore là où ils étaient attendus et un promu comme Salles fait la course en tête, profitant de sa dynamique. On sent que la marge est moindre pour tout le monde et que le moindre relâchement se paiera cash.

La saison avait démarré difficilement, avec deux défaites…

Paradoxalement, je pense que ces deux revers sont, un peu comme la défaite concédée contre Cognac, un mal pour un bien. Dans la défaite, ou la difficulté, on se serre les coudes, on se découvre encore plus sincèrement et c’est ce qui s’est passé. Ensuite, le groupe s’est mis en route et n’a rien lâché, pour aligner six victoires de rang, ce qui n’est pas rien.

Comment évalues-tu le groupe de cette année en comparaison à celui champion de France il y a deux ans et celui de National l’an passé ?

Sincèrement, je pense qu’il se situe un peu entre les deux. Légèrement au-dessus de celui de l’an passé, avec plus de profondeur et de concurrence sur chaque poste et peut-être encore en progression par rapport à la plénitude de ce que l’on avait atteint lors des phases finales de F1. Il est équilibré, avec de l’expérience et aussi une volonté permanente de progresser. Quand je vois sur mon poste, en troisième ligne, nous sommes 10 à prétendre à une place de titulaire chaque week-end. Sincèrement, je suis convaincu que tous autant que nous sommes, serions probablement titulaires dans les autres équipes du championnat. Sur la durée, cela ne peut être que bénéfique au club.

Et frustrant aussi, à titre individuel ?

C’est certain, car nous sommes tous, autant que nous sommes, des compétiteurs, qui voulons jouer le maximum de matchs. Ce n’est pas simple de ne pas être aligné mais c’est ainsi, la concurrence fait partie du haut niveau. A titre personnel, et le staff le sait, j’aspire à plus de temps de jeu, j’en ai envie, besoin mais je n’ai pas à exiger quoi que ce soit, juste à travailler et saisir les opportunités qui me seront offertes.

Tu reviens de loin avec une grosse blessure en janvier…

C’était après une rencontre à Tarbes, où je sors sur protocole commotion. On me détecte une hernie aux cervicales et une opération prioritaire, réalisée à Bordeaux avec le docteur Bernard, spécialiste de la chose, qui opère beaucoup de joueurs de Top 14 ou Pro D2. J’ai été opéré en février, le nerf était compressé et une perte au bras gauche de 60 %. Ça a été très compliqué, dur à vivre, je ne dormais pas bien, j’avais mal. L’opération a pu calmer cela et il a fallu du temps pour revenir. J’étais en fin de contrat et j’avoue que j’ai pas mal gambergé.

Au point de penser à arrêter le rugby ?

Sincèrement, oui… L’avenir était incertain, je ne savais pas si le REC comptait encore sur moi, comment je pourrais récupérer. Ce fut la pire blessure de ma carrière avec de grosses douleurs mais aussi la peur d’avoir des séquelles hors du terrain. Je me suis dit Téo, tu es jeune, est-ce que cela vaut la peine de se mettre encore plus en danger ? Puis j’ai bossé, été parfaitement encadré et tout s’est remis dans le bon sens avec la reprise de l’entraînement et la validation, dans le même temps, de mon BTS MCO avec Totem Formation.

Pourtant, rebelote en préparation cet été, contre Marcq-en-Barœul…

Exactement. Je reprends un coup au même endroit, avec de nouveau, dans la foulée, des douleurs, des sensations de fourmis dans le bras. Les interrogations étaient de retour mais le docteur Bernard m’a rapidement rassuré. J’espère que ces épisodes-là sont derrière moi-même.

Devant, il y a donc du temps de jeu à gagner !

J’ai repris contre Marmande, 25 minutes, j’ai ensuite joué 70 minutes à Arcachon puis 50 à Saint-Jean-de-Luz. Les sensations sont bonnes, je me sens prêt et n’ai plus d’appréhension. Je ne suis évidemment pas satisfait de moi mais je sais que cela viendra avec les minutes de jeu, dans un collectif qui tourne bien. Quand je vois ce que font Guillaume Cazette et Baptiste Beaujouan actuellement, je me dis qu’ils sont quasiment incontournables, qu’on ne peut pas les sortir comme ça du XV. Pour moi, ils sont largement au-dessus du niveau N2 voire N1 actuellement et c’est une bonne nouvelle pour nous. L’esprit entre nous tous est excellent mais chacun veut jouer, c’est normal !

Quelles seront les ambitions sur le bloc à venir de décembre ?

Il est très piégeux, même si nous recevons à deux reprises. Langon est une équipe gaillarde, très solide et hargneuse, qui profite d’un gros buteur. Ils seront compliqués à manœuvrer mais nous devrons imposer notre rugby. A Niort, ce sera le « mini-derby » (rires) chez une équipe qui va monter en régime, c’est certain, et qui n’est aujourd’hui pas à sa place en rapport avec ses ambitions. Enfin nous recevrons Anglet pour attaquer les matchs retours. Eux-aussi sont en quête d’équilibre avec de grosses ambitions mais nous aurons à cœur d’effacer le revers du match aller. Nous le savons, dans ce championnat, tout le monde peut battre tout le monde et il faudra être vigilant pour ne pas perdre de nouveau des points à la maison.

L’ambition des play-offs semble aujourd’hui réalisable. Est-ce aussi la vôtre, entre joueurs, ou parlez-vous déjà de remontée ?

Nous prenons les choses au fur et à mesure, sans nous rajouter de pression. Les phases finales, c’est le cap fixé par le club et nous sommes tous focus dessus. Il est intéressant d’avoir un championnat dense et costaud, où aucun répit n’est possible. Ecraser ou dominer une saison est rarement bon signe et à l’inverse, être bougé chaque week-end prépare aux phases finales où les matchs se joueront sur rencontre sèche, sans aller-retours. Il faudra être prêts à vivre de gros combats, où l’erreur ne sera pas permise. A nous de travailler toute la saison dans ce sens !