Alors que l’état-major rennais était encore convaincu qu’il était l’homme de la situation, Bruno Genesio – comme Julien Stéphan juste avant lui – a choisi de quitter son poste quand bien même la situation semblait encore améliorable. Laissera-t-il “d’éternels regrets”, un goût d’inachevé ou la sensation que l’heure était venue de passer à autre chose ?
Décidemment, les Rennes – OL ou OL – Rennes ont souvent eu une suite ou un précédent sur le destin des coachs y prenant part. Premier acte : éliminé en demi-finale de la coupe de France par le Stade Rennais au Groupama Stadium, Bruno Genesio perd sa place en avril 2019. Face à lui, un certain… Julien Stéphan triomphant, qui avait débuté son aventure à la tête de la formation bretonne six mois plus tôt sur la même pelouse. Pour le dernier acte de cette tragédie, ou comédie c’est selon, en trois actes, changement de scène avec cette fois-ci le Roahzon Park et Lyon qui vient s’imposer, scellant le sort de celui qu’il a tant aimé…Passé ce clin d’œil, l’issue a offert un scénario rocambolesque mais les signaux d’usure et de lassitude ne manquaient pas.
Une qualité de jeu rarement vue à domicile, notamment à l’automne 2021
A court de solutions dans les actes, comme en ont attesté ses nombreuses tactiques proposées et vaines, et sans discours fondateur ou qui remobilise un groupe, avec des mots qui n’impactaient plus les joueurs, pas plus qu’il n’arrivait à convaincre hors du vestiaire, le coach rennais était « usé », comme l’a confié Olivier Cloarec lors de la conférence de presse de présentation. Des raisons personnelles sont évoquées, et non précisées. Laissons à d’autres les interprétations diverses et variées… Quand on ne sait pas, place au silence. Au silence laissé par un départ soudain mais donc prévisible, avec dans le rétro, un bel édifice érigé en près de 32 mois passés dans la capitale bretonne.
A son crédit, des émotions. Celles d’un jeu d’une qualité rarement vue Route de Lorient, notamment à l’automne 2021 où Rennes marcha littéralement sur la Ligue 1 avec en point d’orgue un match d’anthologie face à… Lyon en novembre (4-1), des cartons à la pelle dans un Roazhon Park devenu capitale du beau jeu en Ligue 1 et des associations sur le terrain amenant chacun à son maximum.
Elu meilleur entraîneur de L1 par ses pairs en 2021-22…
Apôtres du jeu d’alors, Lovro Majer, Benjamin Bourigeaud, Nayef Aguerd, Martin Terrier mais aussi dans un autre registre, Flavien Tait, Gaëtan Laborde ou Hamari Traoré ont régalé avec un coach qui donna sa pleine mesure. Au bout de cette année, où Rennes pouvait aller encore plus haut avec plus de constance, une 4e place presque décevante tant la meilleure saison du club méritait mieux comptablement.
Sans compter le titre de meilleur entraîneur du championnat décerné logiquement aux Trophées UNFP 2021-22 par ses pairs ! Un sommet, une consécration où il fallait aussi voir le plafond de verre, le pic, le début d’une pente forcément descendante après avoir tutoyé de tels sommets de qualité et de résultat.
Moins d’émotions, à l’évidence, ensuite, avec les départs d’Aguerd et Laborde notamment, moins de buts, moins de folie. Un parcours en coupe d’Europe frustrant avec une élimination calamiteuse aux penalties face à Donetsk mais, malgré tout, en mai dernier, une qualification pour l’Europa League arrachée quand Rennes comptait à quatre journées du terme huit unités de retard sur Monaco… Ce finish aurait peut-être dû être aussi celui de la raison, celui désignant le moment de sortir de scène la tête haute, sur une réussite pleine… de réussite.
Pas de coachings gagnants, plus d’ « impact-player » avec le départ de Jérémy Doku
Il n’en fut rien, le coach sortant revigoré et renforcé par son président et son directeur sportif, malgré des questionnements déjà là au printemps. Si Florian Maurice fustigea au moment du bilan de la saison, une presse jugée trop dure ou trop critique, notamment sur le sujet mercato, plutôt que de parler jeu et avenir, Bruno Genesio, lui, sentait peut-être déjà le vent du succès s’éloigner, malgré un mercato annoncé prometteur puis porté haut et fort par son directeur sportif.
La vérité, elle, est toute autre et Rennes manque dans les grandes longueurs son entame de saison 2023-2024. Une défense trop jeune, une attaque trop peu efficace et productive mais surtout, un collectif décousu et perdu, à des années lumières de celui, huilé, qui enchanta le Roazhon Park durant la première saison et demie du coach. S’il a pleinement pris part, selon nos informations, à chacune des décisions du mercato, y compris celle de faire place à la jeunesse au détriment de l’expérience en défense, Bruno Genesio a rapidement semblé sans repère, ni ressort.
52% de victoires : un record en ligue 1
Pas de coachings gagnants, plus d’ « impact-player » avec le départ de Jérémy Doku, arbre qui cacha la forêt par ses exploits durant les huit premiers mois de l’année, l’ancien coach de l’OL n’avait plus les solutions.
Au point de renoncer, comme Julien Stéphan, qui lui succède aujourd’hui. Usure, manque de « moyens » ou de soutien(s), les deux derniers coachs du SRFC ont eu commun de partir avant d’être licenciés, même si Julien Stéphan l’a fait sans prendre le moindre centime tandis que Bruno Genesio aurait négocié son départ. Peu importe la sortie, l’enfant du Rhône aura marqué son passage en Bretagne en devenant le coach avec le pourcentage de victoires le plus élevé en Première division avec 64 succès en 124 matchs (52%). Reste désormais à guetter les premiers mots du désormais ex-coach dans les semaines à venir, et observer un possible rebond qui devrait prendre du temps, le temps de retrouver de l’envie et du Pep(s). Ou pas…