Ancien manager des équipes de France d’athlétisme et désormais directeur technique national en Israël, ainsi que consultant pour RMC, Renaud Longuèvre n’en oublie pas ses racines rennaises. Supporter du Stade Rennais depuis son plus jeune âge, il partage avec nous ses souvenirs dans la capitale bretonne et se projette sur les Jeux olympiques 2024.
Parle-nous de Renaud Longuèvre le Rennais…
Déjà, je suis né à Rennes et j’ai grandi à Cesson-Sévigné. J’ai d’abord démarré par le football, à l’OC Cesson, où j’ai débuté en Poussin. Ça s’appelait comme ça à l’époque (rires). C’est au collège que j’ai bifurqué sur l’athlétisme, toujours à Cesson, grâce à mon professeur d’EPS. À côté, j’allais régulièrement voir des matchs du SRFC. À ce moment-là, Rennes évoluait en Deuxième division. Durant cette période, le club qui cartonnait, c’était le voisin nantais, mais pour ma part, j’ai toujours été supporter des « Rouge et Noir ». Il y a aussi mon passage au Stade Rennais Athlétisme qui a, par la communauté du nom, créé un lien fort avec le club. Je me souviens que plusieurs joueurs de l’époque venaient faire des séances de course au stade Courtemanche, comme François Denis ou Bob Sénoussi.
Y’a-t-il des joueurs qui t’ont particulièrement marqué ?
Il y en a quelques-uns. Il y avait notamment Jacky Charrier, qui évoluait sur l’aile gauche. C’était un dribbleur de dingue et je l’adorais. Je peux aussi citer Laurent Delamontagne ou Francois Omam-Biyik. Autre joueur que j’aimais beaucoup, Marco Grassi. C’était un chien sur le terrain et il pesait énormément sur les défenses. Il me fait un peu penser à Olivier Giroud dans son style. Dans les joueurs de cette époque, je suis d’ailleurs devenu ami avec Didier Christophe. Il jouait comme sentinelle devant la défense. Un peu plus tard, j’ai été pas mal marqué par Étienne Didot, Yoann Gourcuff ou encore Olivier Monterrubio.
Que penses-tu de l’évolution du club ?
C’est extraordinaire et je remercie la famille Pinault. Ce qu’ils nous offrent c’est du caviar. Je ne rate pas un match. Que ce soit la qualité de jeu ou les jeunes qui sortent du centre de formation. Le club a des finances saines et c’est un modèle qui monte en France. Ça commence à faire rêver du monde et il y a une progression constante. Quand je vois que tu vends Eduardo Camavinga et que derrière tu continues à sortir des jeunes comme Désiré Doué, c’est magnifique ! J’aime aussi voir des joueurs qui se battent sur le terrain. Un garçon comme Benjamin Bourigeaud par exemple, qui a l’amour du maillot et de son métier. Et puis, il y a cette victoire en coupe de France. J’étais en stage à Chypre à ce moment-là et j’ai versé ma larme ! Le scénario, l’adversaire, tout était dingue. Ma mère me parlait encore de la victoire en 1971 alors que je venais de naître.
Pour faire un pont entre le football et l’athlétisme, quelles sont les différences majeures entre les deux pratiques ?
Le football est un sport collectif par excellence. Le groupe est au-dessus de tout et les contraintes collectives sont beaucoup plus importantes. En athlétisme, il n’y a que les relais qui s’en rapprochent. L’autre grosse différence, ce sont les changements de direction qu’il n’y a pas dans notre sport. S’il y a bien sûr des points communs comme la vitesse, l’endurance ou la résistance à l’effort, ce sont deux pratiques très différentes.
Un athlète ferait-il un bon footballeur et vice versa ?
Pour citer un exemple concret, Kylian Mbappé aurait pu faire un excellent sprinteur. Au-delà même de sa vitesse, il a des qualités athlétiques impressionnantes. Il rajoute à cela le fait d’avoir une vraie maîtrise technique. Un athlète, même avec de la vitesse, aura besoin de cette technique pour pouvoir jouer au football. On ne peut pas dissocier un footballeur de son rapport avec le ballon. Il faut souligner la précision et la maîtrise du cuir à cette vitesse, c’est assez incroyable.
À un an des Jeux, comment juges-tu l’athlétisme français ?
Disons que ce n’est pas une situation facile. Kevin Mayer est sans aucun doute la plus grosse chance de médaille française, s’il n’a pas de pépins d’ici-là, et c’est malheureusement l’un des seuls. Certains athlètes sont sur des phases ascendantes et peuvent rêver à quelque chose, mais pour l’instant, nous parlons de top 5 ou top 6 mondial, et ce n’est pas suffisant. Il faudra tout de même suivre attentivement Sasha Zhoya, Wilhem Belocian et Just Kwaou-Mathey en 110m haies, ainsi que Benjamin Robert et Gabriel Tual sur 800m. En saut en longueur, Hilary Kpatcha a une trajectoire ascendante qui peut s’avérer intéressante à l’approche des Jeux. Le point positif, c’est d’être à la maison, avec ce que l’on appelle le « home avantage ». Ça jouera forcément en notre faveur. Que ça soit le soutien du public ou la présence des familles.