Extrait – Hand – N1 : Thomas Ruellan : « Je dois énormément au CPB »

A l’issue des deux « saisons covid »  compliquées, il avait choisi de faire une pause, faute de temps, tout en continuant un peu avec la pré-Nationale. De retour cette saison dans le groupe de N1, Thomas Ruellan, figure historique du club présent depuis huit ans au CPB, veut retrouver condition, plaisir et partage, dans un club avec lequel il entretient un lien unique.

Les matchs de préparation sont rarement mémorables ou forts en émotions. Il s’agit de se préparer, de travailler et le plaisir s’y fait rare… Pourtant, il peut aussi être question de « renaître », de vibrer et vivre de nouveau sa passion pleinement : « Contre Cesson, j’ai eu un sentiment très fort et intense. Non, je n’ai pas fait un match incroyable, loin de là, mais pour la première fois depuis un long moment, je me suis dit « ça y est, tu y es, mec, c’est reparti, tu es redevenu un joueur de handball de N1 ! La colle sur les doigts, les potes, la causerie, ça fait un bien fou ! » Pour l’anecdote, le CPB s’impose et l’arrière droit âgé de 30 ans, aujourd’hui membre des « papys » du groupe, officialise son retour aux affaires. Magnéto et rembobinage : un an plus tôt. Thomas Ruellan, membre inamovible de la GreenTeam depuis de longues années, dit stop. Les causes ? Manque d’envie, de temps, d’énergie et de disponibilité à consacrer au handball de haut niveau : « Je termine mon master de gestion et celui-ci me prend beaucoup de temps, et d’énergie. Je bosse énormément, parfois très tard et je ne me voyais pas cumuler les entraînements et les matchs le week-end, d’autant plus qu’un samedi sur deux, j’avais sept heures de cours. L’équation était trop compliquée et je m’étais dit qu’il faudrait dire, à un moment donné, stop au hand, pour peut-être, reprendre plus tard… » La décision est prise et la petite pégueuse mise au second plan. Pas totalement néanmoins… « J’ai proposé au club de me mettre à disposition de l’équipe de Pré-Nationale, pour rendre service et apporter mon expérience quand je serais dispo. J’avoue que j’ai souffert, et pas qu’un peu. J’étais un vieux à ce niveau, ça court de partout, vite, dans tous les sens… Pour être franc, j’étais loin d’être au-dessus du lot. La vitesse, ça n’a jamais été mon fort et le tir non plus ! Pas moyen de rattraper mes matchs par les stats… Cela reste une expérience qui m’a permis de ne pas trop lâcher, même si… »

« J’espère être à 100 % fin octobre, début novembre »

Avec des études chronophages, des stages tout aussi éreintants, difficile de ne pas se laisser aller un peu au moment de manger. Manque de régularité des entraînements, lâcher-prise et Thomas ajoute quelques kilos sur la balance : « En revenant, je me suis aussi fixé de perdre ces kilos, je bosse vraiment dur physiquement pour cela. J’atteins mon but, petit à petit, regagne un peu de condition. Ça va de mieux en mieux et j’espère être à 100 % fin octobre, début novembre. » D’ici-là, le CPB aura déjà bien avancé, drivé par Emmanuel Marty. Le grand artisan du retour de l’arrière-droit, formé comme lui au CRMHB ? « Cette idée de retour, je l’avais en tête, elle trottait et j’ai appelé Manu. Pour être franc, il a été surpris que je l’appelle. Nous avons discuté une heure et il n’a même pas fallu plus pour être d’accord. Je reviens avec beaucoup d’humilité. Antoine Le Berre est aujourd’hui titulaire du poste, a beaucoup progressé. Nous ferons au mieux, ensemble, pour l’équipe, peu importe qui joue plus que l’autre. Je n’ai aucune garantie ni prétention, loin de là, je n’en demande pas et j’ai beaucoup à prouver ! »
Même avec un entraîneur ancien coéquipier ? « Franchement, ne vous méprenez pas ! Même quand nous étions joueurs ensemble, déjà, Manu n’hésitait pas à me « pourrir », nous nous chauffions sur des choix, des actions. C’est encore plus le cas aujourd’hui (rires) ! Si je ne suis pas bon, pote ou pas, il me remettra en place sans état d’âme. La force de Manu, c’est de savoir faire la part des choses. Quand c’est le pote qui est là, c’est le pote mais quand il est coach, la distance, le respect et tout ce qui va avec sont là. Au CPB, les mecs ont déjà bien compris cela et le copinage n’aura pas sa place autour des entraînements et matchs. Le club a pris un risque en nommant un entraîneur si jeune, lui s’expose et nous, de notre côté, allons tout faire pour que tout le monde sorte gagnant de ce pari. » Pas de traitement de faveur, donc, au contraire à en croire celui qui travaille désormais dans le service gestion chez Orange Business, heureux de retrouver Géniaux et un club pas comme les autres : « A l’inverse du monde pro, dont je me demande aujourd’hui quel est son apport sociétal réel et concret au quotidien, le Cercle Paul Bert bichonne ses joueurs avec un état d’esprit, une culture club mais construit aussi ses hommes. Je dois énormément au CPB, à ses dirigeants, qui m’ont permis de trouver mes entreprises, grâce aux réseaux, mon expérience hand mais aussi et surtout professionnelle. J’ai pu trouver ma voie, me construire comme homme. Ça, aucun contrat de joueur pro, où que tu sois, ne te l’offre. Et en plus, en Nationale Une, une fois le match terminé, tu peux boire une bonne mousse avec les copains. C’est aussi ça la vie. Du moins celle qui me plait… »

« L’heure du « reset » de Thomas Ruellan »

Revenu avec sa philosophie, son style de jeu bien à lui et son envie de tout donner pour une équipe désormais en pleine reconstruction, où seuls Thibault Minel, Alexandre Vu, Gwendal Thouminot et Maël Saulnier étaient déjà là il y a cinq ans, Thomas Ruellan est déjà conquis par le discours et la méthode de son ancien coéquipier : « Franchement, on a envie de jouer, de rester invincible à Géniaux et de faire mieux que l’an passé à l’extérieur. L’équipe doit trouver son équilibre, entre nouveaux, jeunesse et anciens, mais l’objectif commun est là. La méthode et les idées de Manu sont très intéressantes et je suis enthousiaste et dans le kif de voir que même à 30 ans, je vais pouvoir apprendre et découvrir de nouvelles choses, une autre approche de jeu. Le projet sera de se projeter rapidement, d’être précis et de retrouver la culture CPB avec une grosse défense, agressive et efficace. La concurrence sera là, nous allons batailler pour être sur le terrain puis gagner, sans calculer. Ça me fera du bien de jouer, de ne plus être en train de bosser un Mémoire ou de préparer un énième dossier ou Mémoire. Je termine d’ailleurs celui de mon M2 en octobre et ensuite, place au travail au quotidien et au jeu, au CPB. Une fois cela fait, promis, je prends deux jours entiers où je dors, où personne ne m’appelle. Ce sera l’heure du reset de Thomas Ruellan avant de repartir sur un nouveau chapitre, avec beaucoup d’envie ! » Les pianos de hall de gare peuvent se préparer, The Artist is back !