Rugby- REC – Extrait JRS55 : Kévin Courties « Ça demandera un peu de temps et on va faire mieux »

Crédit Photo Dominique Deblaise

Manager à la tête d’une bande de costauds auteurs d’une formidable épopée, Kévin Courties, 34 ans, a vécu une année des plus enrichissantes et heureuse qui soient. Pour autant, après avoir distribué les remerciements et posé un regard sur le travail accompli, pas de place au contentement. le regard est déjà tourné vers l’avenir. Avec l’envie de faire encore mieux !

Quel sentiment prédomine chez toi quelques semaines après ce titre historique ?
Après ces événements, le sentiment d’apaisement commence à laisser la place à l’impatience du nouveau défi qui nous attend C’est une réussite, cette saison, mais ce n’est pas une finalité et personnellement, je ne suis pas rassasié !

Quels ont été les ingrédients pour parvenir à ce résultat sur la saison ?
Les gars ont fait preuve d’une solidarité et d’une clarté entre eux forte. Le collectif s’est serré au fur et à mesure. Tout ceci piloté par un staff hyper investi et je les en remercie. Lorsque la saison a été dure cet hiver et que l’environnement devenait néfaste, ils se sont soudés autour du projet et des idées pour le bien de l’équipe. Le staff médical et la préparation physique a été uniquement orienté vers la capacité qu’a le joueur d’être à son maximum pour le match et nous avons composé avec ça sur le terrain. Ils ont fait un travail remarquable. Enfin nos bénévoles ont fourni un dernier « rush » énorme, notamment sur les phases finales, car ils se sont investis à 150 % en plus de leur travail à côté et ça, 14 semaines d’affilée pour 12 matchs. Merci beaucoup à eux !

« J’ai vraiment eu des piliers autour de moi, chacun à leur manière mais essentiels »

Quel match fut le tournant ?
Sur la saison, je pense que le match retour à Marcq-en-Baroeul a été hyper bénéfique. Les joueurs auraient pu jouer quatre heures de suite et ont fait preuve d’une énorme force collective avec du jeu en prime. Sur les phases finales, il y a eu deux matchs : Fleurance, à l’aller, où nous réussissons presque tout et Saint Jean-de-Luz là-bas. Sur ce match, ils ont mis le niveau d’intensité très haut et ils ont passé 80 minutes la tête haute dans un environnement très (trop) hostile.

Comment gère-t-on un groupe comme celui-ci ?
Ce n’est pas facile tous les jours ! Ils sont suffisamment coquins entre eux pour me cacher des anecdotes et à la fois, ils restent très à l’écoute des conseils qu’on leur donne. Le vocabulaire devient commun, ils s’approprient nos idées et ensuite, on compose ensemble. Sur les trois derniers matchs de la saison, ils se sont quasiment gérés eux-mêmes. Nous nous sommes appliqués à leur donner des retours réguliers et apporter des solutions à d’éventuelles problématiques. Nous aurons le temps, sur cette présaison, pour reprendre les choses en main et remettre le joueur dans son plaisir, sans trop de responsabilités.

Tu restes un jeune entraîneur. Sur quoi as-tu le plus appris cette saison, tant dans les bons que les mauvais moments ?
J’ai appris que l’on ne pouvait pas mettre toutes les idées en place dans notre dispositif actuel. Il me faut donc simplifier certains points et en clarifier d’autres. Tant sur le jeu que sur le management. J’ai appris beaucoup sur moi-même et là-dessus, l’accompagnement de Benoît Moneuse m’a été très bénéfique. Je connais mieux mes faiblesses mais aussi mes forces et ce dont j’ai besoin. J’ai eu après ces résultats beaucoup de confirmations. Notamment celle d’être bien entouré et l’ensemble du staff a été top sur ce point. Notamment sur l’aspect sportif. J’ai vraiment eu des piliers autour de moi, chacun à leur manière mais essentiels. J’ai eu aussi la confirmation que les joueurs ont des savoirs et des compétences et que le management doit s’adapter à ça. Ils ne sont pas ignares mais ils ne sont pas capables non plus d’être seuls aux commandes. Il faut savoir se positionner en fonction de chaque moment. Parfois, j’ai su le faire et parfois non. J’apprends encore ! J’ai aussi une grosse pensée pour Gonzo, dans mon accompagnement au quotidien. Il a été précieux, décisif ! Son regard extérieur, son expérience et sa justesse dans les discussions ont été ultra bénéfiques pour moi.

Quel est ton sentiment personnel sur ce titre et tes émotions vécues ?
Personnellement, j’ai une immense fierté, une satisfaction en moi que je n’arrive pas encore à expulser pleinement. J’avais parlé aux gars avant un match. Je leur avais dit qu’à chaque fois qu’ils se faisaient mal au cours de la saison, c’était pour se maintenir en haut du championnat et leur permettre d’aller au bout de leur objectif. Leur objectif n’était pas seulement d’être champion mais de voir la lueur de fierté dans les yeux de leurs proches, ceux qui comptent. Ça, c’est indescriptible comme sentiment. Plus fort que la fierté. Maintenant, comme je l’ai déjà dit, je n’en ai pas assez, on peut faire mieux encore. Ça demandera un peu de temps et on va faire mieux.

« Sur l’extra rugby, il faudra continuer d’être nous-mêmes et ne pas nous dénaturer.  »

L’an prochain, c’est un gros défi qui vous attend. Sur quels points faudra-t-il être encore plus forts et que faudra-t-il garder à tout prix ?
Rugbystiquement, il faudra gagner en précision technique, en maitrise stratégique et être très disciplinés. Nous avons la chance de bien travailler avec les arbitres fédéraux du 35 sur ce point et nous allons optimiser ce travail. Merci à eux. Il nous faudra aussi être précis sur les conditions de déplacement et de récupération pour limiter la fatigue. Enfin, la fraîcheur mentale sera décisive. Sur l’extra rugby, il faudra continuer d’être nous-mêmes et ne pas nous dénaturer. Les recrues ont un premier défi sur ce sujet et je suis sûr qu’ils vont vite se fondre dans la masse. On doit encore retrouver du pâté, du saucisson, des cartes et des glaces dans le bus. J’espère juste que l’on n’aura pas Mylène Farmer avant chaque match comme on a pu avoir dans le bus pour la finale… Enfin, il faudra que l’on continue d’être un club, en structuration, et qui progresse de semaine en semaine. Qui œuvre dans un projet commun. Et surtout qui forme ! Parce que les espoirs qui ont matché sur les phases finales ont été fantastiques. Une pensée pour Mathis Le Viavant d’ailleurs, qui n’a pas pu avoir son opportunité mais qui est resté irréprochable à l’entraînement. Je sais que ça va s’ouvrir pour lui aussi la saison prochaine et je sais que derrière nous, chez les jeunes, ça travaille dur pour que l’on en découvre encore d’autres. Ils sont encore six à être invités sur la présaison avec nous malgré l’augmentation du niveau. La formation doit rester l’ADN de notre club.

Recueilli par Julien Bouguerra