Hand- CRMHB – Extrait JRS55 : Sébastien Leriche : « Nous reviendrons l’an prochain avec autant d’envie, sinon plus ! »

C’est un entraîneur épuisé mais surtout heureux et fier de ses joueurs qui a tiré les enseignements d’une saison pas comme les autres dans la foulée d’une dernière réussie contre Dunkerque (26-23). Regard dans le rétro, ambitions et perspectives, le coach fait le bilan !

Quels mots te viennent au moment de refermer le livre de la saison 2021-22 ?
On s’était promis de faire de belles choses mais on savait que celles n’arriveraient que si l’on parvenait à construire un socle humain, avec de belles valeurs vraiment très fortes. J’ai le sentiment d’avoir passé une saison sportive exceptionnelle qui est avant tout le mérite d’une aventure humaine très forte. Celle-ci a opéré entre un staff et ses joueurs, entre les joueurs, avec le public. On a traversé des moments difficiles, on a aussi vécu de supers moments chez nous et je pense que nous avons gagné le respect de l’ensemble des clubs. Nous sommes identifiés comme une équipe difficile à jouer mais ce que je retiens aussi, ce sont tous ces souvenirs qui sont gravés. On se rendra compte un peu plus tard que cette saison, sportivement, est extraordinaire pour un club comme le nôtre et qu’elle donne envie d’avancer et de développer encore ce club qui le mérite et qui a un très bon potentiel.

«  Nous sommes appropriés cette Glaz Arena, avec du plaisir partagé »

Terminer neuvième, c’est une performance pour Cesson mais au-delà du classement, on retiendra surtout les émotions. Est-ce là que vous avez gagné le plus ?
Neuvième, c’est notre place. Nous avions comme objectif de nous maintenir le plus vite possible, d’éviter le stress en fin de saison, c’est réussi. Pour les émotions, il y en a eu, c’est clair, mais du caractère aussi. Le dernier match disputé face à Dunkerque fut un peu un condensé de notre saison avec une équipe très surprenante, très compliquée à contrer dans ses temps forts mais qui peut aussi être très irrégulière. Il y a du Docteur Jekyll et Myster Hyde, avec des visages pouvant être opposés parfois dans le même match.

Le caractère fut décuplé à domicile notamment, avec l’appui du public ?
Je pense en effet que l’appui de nos supporters a forcément joué. Nous nous sommes appropriés cette Glaz Arena, le jeu produit était aussi enthousiasmant et le plaisir a pu être partagé. Ça a été difficile de prendre place dans cette très belle salle mais il ne faut pas se fixer de limites. On y retournera la saison prochaine avec autant d’envie sinon plus, même si faire aussi bien sera très compliqué.

En parlant de la saison prochaine, le plus difficile ne commence-t-il pas maintenant ? Cesson va être attendu et la barre a été placée haute…
On va tout faire pour confirmer tout cela mais des saisons où l’on bat Nantes, Montpellier et Aix à domicile, presque Nîmes, ça ne va pas être simple. Après, l’appétit vient en mangeant et quand on sort d’une saison comme celle-ci on a envie d’aller voir encore plus haut, de revivre tout cela. On sait aussi que le championnat va être encore plus fort l’année prochaine. Nous aurons de nouveaux joueurs qu’il va falloir intégrer le plus vite possible sur le terrain et dans la vie du groupe. Les gars sont déjà très mobilisés en cela. Tout le monde va se renforcer. Une saison démarre par une dynamique, nous l’avons illustré, à nous de trouver la bonne d’entrée.

Ce parcours à l’extérieur laisse-t-il des regrets ?
Avec trois ou quatre victoires de plus à l’extérieur, oui, nous aurions peut-être flirté avec l’Europe mais si nous ne les avons pas eus, il y a bien une raison. Nous avons travaillé la vidéo, décortiqué mais voilà, nous n’avons pas réussi à résoudre ce souci. Nous tâcherons de faire beaucoup mieux sur ce plan-là l’an prochain, trouver les solutions en discutant aussi avec tout le monde. Pour l’instant, l’heure est surtout au repos, tant physiquement qu’émotionnellement.

«  Le gros travail que j’ai eu à faire sur moi, c’est de laisser de la place aux autres… »

Un mot sur les partants ?
Marco et Louis sont inscrits dans un projet du club qui compte sur eux, il y a une vraie stratégie avec eux. Ils ont fait de très bons matchs sur la fin de saison car ils ont joué libérés, sans doute parce que le ballon était un peu « moins lourd ». Le poids du ballon, ça ne s’achète pas, ça se vit et ils ont besoin de jouer, d’accumuler l’expérience et le prêt en Proligue est idéal pour cela. Ils vont avoir des responsabilités, ils vont prendre tout cela et nous allons les suivre de près toute la saison, que ceci soit une étape et que tout le monde en tire profit ensuite. Jozé Baznik, c’est Jozé Baznik ! C’est un garçon que l’on peut appeler « attachiant », il a ce côté pénible, râleur, caractériel, c’est un compétiteur, un mec entier, mais surtout sincère, vrai, intègre et honnête. Il mérite un profond respect de tout le monde, il est devenu un vrai gardien de Starligue, international quand il était arrivé avec une étiquette de numéro 2. Il a explosé et je lui souhaite d’être bon dans son futur club.

Concernant Rudy Séri et Hugo Kamtchop-Baril ?
Rudy, c’est une vraie énigme. On aurait tellement aimé réussir ce pari. Il n’avait pas beaucoup attaqué ces dernières saisons, il a été gêné par des pépins et nous n’avons pas su le relancer. J’ai toujours pu compter sur lui, même dans les positions les plus ingrates. Je pense qu’il était nécessaire pour lui d’avoir un nouvel élan, il est encore jeune et je lui souhaite, de joue, il le mérite. Hugo, c’est quelqu’un que j’affectionne. Quand vous prenez une équipe en cours de route comme je l’ai fait, il y a des regards, des gestes qui sont plus forts que des mots. Il m’a tout de suite mis en confiance, montré qu’il me suivrait. Je ne peux que le remercier. On dit souvent que l’entraîneur doit mettre en confiance ces joueurs mais dans cette situation, l’inverse prévaut… Quand je vois le parcours d’Hugo, qui a failli arrêter et qui a un tel niveau. Pour moi, il est sous coté, il est dans les tous meilleurs pivot de notre championnat et Nîmes ne doit être qu’une étape à mes yeux. Il a le potentiel pour aller dans le top 3 français.

Comment vois-tu le coach Sébastien Leriche un an après ?
Fatigué, très fatigué. Ma première expérience en D1 l’an passé a été difficile, ça s’est joué sur la fin, ce fut très éprouvant. Cette saison m’a apporté plein de choses car j’ai eu face à moi des joueurs très honnêtes, très sincères, très vrais qui ont su me dire les choses sans forcément prendre le pouvoir, que j’ai gardé, mais ils m’ont fait grandir. J’ai eu la chance aussi, d’avoir un staff avec moi, de le choisir. Je crois qu’on ne s’est pas planté avec Yann Lemaire et Thibault Minel. Le gros travail que j’ai eu à faire sur moi, c’est de leur laisser de la place, chose que je n’avais pas su faire lors de mes précédentes expériences. J’avais un vrai travail à faire là-dessus, un pari vis-à-vis de moi-même. Je pense que c’est réussi car je les ai vus réussir, gagner en compétence, prendre du plaisir et être totalement crédibles vis-à-vis des joueurs. Nous avons un fonctionnement très collégial, carré, un modèle qui marche et c’est peut-être la chose dont je suis le plus fier.

Recueilli par Julien Bouguerra