JRS 48 : Foot-SRFC : Flavien, la « Tait » et les jambes au bonheur du Stade Rennais

Longtemps mis de côté, parfois conspué, aujourd’hui adoré, le parcours de Flavien Tait au sein des Rouge et Noir est loin d’être un long fleuve tranquille. S’il a réussi à inverser la tendance, c’est bien grâce à un mental d’acier mais aussi par un travail acharné.   Aujourd’hui indéboulonnable au sein du milieu de terrain Rennais, « Flav » semble avoir mis tout le monde d’accord, sur et en dehors du terrain. Pourvu que ça dure !

Le natif de Longjumeau a dû repenser à ses premières foulées sur un terrain de football un certain 20 octobre 2020. Entré à la 69ème face à Krasnodar pour le premier match du Stade Rennais en Ligue des Champions, Flavien Tait réalise ce jour-là un rêve propre à tout footballeur : participer à la plus belle compétition européenne. Qu’il semble loin le temps des galères, à la recherche d’un contrat pro ou plus récemment, à écumer les terrains de National avec Châteauroux ! Parmi les joueurs les plus utilisés du moment par Bruno Genesio, Flavien Tait rayonne. La confiance entre les deux hommes est réciproque, comme nous le raconte Pierre Ducrocq, ancien joueur professionnel notamment au PSG et aujourd’hui agent du milieu rennais : « Leur relation est très bonne. Bruno le met dans les meilleures dispositions et lui permet d’évoluer au cœur du jeu, là où il se sent le mieux. Il le suivait déjà avec Florian Maurice lorsque Flav’ était à Angers et ça, ça compte pour lui. C’est un affectif, il a besoin qu’on lui fasse confiance à 100% ! ». Des propos corroborés par le principal intéressé : « Je sens la confiance de mes coéquipiers, de mon coach, et je joue libéré. Bruno Genesio m’a placé dans l’axe, où je m’éclate. Je pars de plus loin, suis au cœur du jeu et mes coéquipiers m’offrent beaucoup de solutions. »  Une confiance donnée à l’arrivée de l’ancien entraîneur lyonnais qui l’alignera dès son deuxième match à la tête de l’équipe pour ne plus jamais le faire sortir du onze-type ! Seule une suspension lors du dernier match de la saison face à Nîmes a privé l’ancien Angevin d’une dixième titularisation d’affilée. Une prouesse physique pour un joueur qui n’avait pas enchaîné de telles séries depuis un an et demi, preuve du travail pendant cette période plus compliquée : « Même sans jouer, il savait ce qu’il avait à faire. C’est quelqu’un qui ne lâche pas, il donne beaucoup. Il faisait des séances supplémentaires, gardait une très bonne hygiène de vie. Ce n’est pas le genre à arriver avec des kilos en trop en début de saison ! », ajoute Pierre Ducrocq. 

« Être le joueur qui court le plus, c’est cool mais il faut bien courir, de manière utile pour l’équipe et pas pour rien.« 

Des aptitudes physiologiques au-dessus du lot comme le prouvent les récentes statistiques du site officiel de la Ligue 1. De la dixième à la treizième journée, le milieu du Stade Rennais a parcouru 49,5 kilomètres ! Seul son ancien coéquipier Thomas Mangani, du SCO, fait mieux sur cette période. Une statistique intéressante pour Flavien Tait qui ne manque pas de relier cette performance au travail : « Être le joueur qui court le plus, c’est cool mais il faut bien courir, de manière utile pour l’équipe et pas pour rien. L’important, c’est de donner le maximum, dans le respect de la tactique. J’aime aller de l’avant, on prend des risques. Je mets du cœur dans ce que je fais, à l’entraînement comme en match. » Un gros volume de jeu, mieux exploité dans l’axe du terrain, où ses courses déclenchent très souvent des mouvements offensifs intéressants comme nous l’explique Nayef Aguerd : « Sur le terrain, c’est un vrai leader technique, toujours prêt à aider quelle que soit la zone du terrain où il se trouve. Il crée des différences, des surprises et représente un gros danger pour l’adversaire, en permanence. Il a travaillé dur pour arriver à ce niveau, y compris l’an passé, où l’on voyait sa qualité à l’entraînement. » Pas de doute, si le collectif bien huilé impressionne tous les observateurs, les capacités de Flavien Tait n’y sont pas étrangères. Avec 86 passes données dans le dernier tiers du terrain adverse, le numéro 20 est le troisième meilleur joueur de Ligue 1 dans cet exercice. Véritable liant entre le milieu et l’attaque, ses projections, sa qualité de passe comme sa capacité d’élimination sont dorénavant indispensables dans le milieu de terrain de Bruno Genesio. Si sa grande disponibilité entre les lignes lui permet d’orienter le jeu vers l’avant, sa faculté à renverser le jeu avec précision est indéniablement l’un de ses atouts pour déstabiliser les défenses adverses. En termes de chiffres, il est tout simplement le joueur ayant réussi le plus de transversales depuis le début de saison !  « Steven Gerrard Style » ? 

Mis bout à bout, voilà en tous cas de quoi affirmer qu’est venue l’heure du « Tait » ! Pas épargné par les blessures depuis son arrivée au Stade Rennais, une rechute aurait de quoi ternir l’ambiance. Avec des blocs de matchs démentiels à disputer, les supporters des Rouge et Noir y pensent forcément… Des doutes balayés par Pierre Ducrocq : « L’enchaînement des matchs, il adore ça ! Plus il joue, plus il a du volume et des cannes ! » Une bonne nouvelle quand on voit également son importance dans les phases défensives. En bon « box to box », ses statistiques défensives sont elles aussi impressionnantes. Parmi  les meilleurs du club au niveau des tacles réussis comme sur le nombre de passes interceptées, l’ancien Angevin a gardé la « dalle » du SCO et s’épanouit. Ancien Rennais, son ex-coéquipier Grégory Bourillon salue cette progression : « Il est l’exemple de ce que doit être un joueur en terme de mentalité. A Angers, il était arrivé sur la pointe des pieds, depuis le National jouait peu au début mais était toujours très poli, à l’heure, respectueux des plus anciens dans la vie de groupe. Une fois sur le terrain, en revanche, il mettait tout, ne calculait pas et prouvait qu’on pouvait lui faire faire confiance. Le voir arriver à ce niveau-là est un plaisir, je suis heureux pour lui, vraiment. C’est un mec adorable et je vous défie de trouver quiconque pouvant dire du mal de lui ! Respectueux et ouvert sur les autres, toujours prêt à rendre service. Il mérite ce qu’il vit aujourd’hui ! » Cet épanouissement, le numéro 20 rennais le distille également au gré d’analyses lucides et bien senties dans la lecture du jeu. Souvent envoyé pour répondre aux sollicitations d’après matchs face caméra, il assure également : « Il peut paraître taiseux mais ce n’est pas le cas, ce n’est pas quelqu’un de timide », confie Pierre Ducrocq. Dans le vestiaire aussi, ses qualités humaines font l’unanimité. Son capitaine, Hamari Traoré, confirme : « C’est un très bon coéquipier, un super mec qui joue avant tout pour le collectif. Dans les vestiaires, il va vers tout le monde et est toujours disponible. Il est un peu chambreur aussi ! Je suis très heureux pour lui de la période qu’il vit. » Même son de cloche pour Nayef Aguerd : « Je tiens à souligner combien l’homme vaut la peine, combien c’est un mec adorable. Dans le vestiaire, c’est quelqu’un de calme, serein et aussi parfois un brin chambreur. Il saura de quoi je parle ! »

Oui, ce groupe rennais vit bien, à l’image de ses milieux de terrain qui bien qu’en concurrence, semblent prêts à s’arracher les uns pour les autres ! Fort de telles stats et d’une unanimité à l’intérieur comme à l’extérieur du groupe, l’ancien Castelroussin pourrait voir une prolongation de contrat arriver, comme il l’expliquait récemment sur France Bleu Armorique : « Des discussions ont été entamées. Il n’y a rien de signé, mais j’espère qu’on trouvera un terrain d’entente. » Un souhait probablement partagé par toute la communauté Rouge et Noir, acquise à la cause du métronome rennais. Plus de doute possible, alors Messieurs les dirigeants, foncez bille en « Tait » !  

Mélanie Durot