Le site Internet Goal.fr par le biais de Benjamin Quarez révèle l’information : Georginio Rutter (46 sélections en Bleu chez les jeunes, 21 buts) aurait choisi de ne pas donner suite au contrat de trois ans proposé par son club formateur, le Stade Rennais, et aurait désormais en tête de rejoindre Hoffenheim, pensionnaire de Bundesliga.
Un choix , hélas, dans l’ère du temps qui veut que trois apparitions en pro, sans crever l’écran, suffisent à exiger statut, salaire et « garanties », sous peine d’aller monnayer tout ce qui a été appris en formation sous d’autres cieux. Exit le défunt sentiment de reconnaissance, qui n’a plus sa place dans le paysage du foot actuel et difficile d’incriminer le club, qui verra son joueur partir pour 0 € dans six mois.
Nul ne doute que l’offre rennaise était inférieure aux propositions probablement transmises depuis l’étranger à l’entourage du joueur mais sans doute était-elle rationnelle, eut égard à ce que le joueur a montré jusque-là. Cohérente aussi, sans doute, par rapport aux autres joueurs du vestiaires. Faut-il céder à toutes les demandes de certains joueurs dont l’unique objectif est de partir à court terme, loin de la France et de ses revenus et de son attractivité visiblement insuffisants? Ces joueurs Next-Gen, si pressés de partir, ne devraient-ils pas prendre le temps de confirmer les promesses une ou, ô suprême infamie, deux saisons à la maison ? Dans le même esprit, Brandon Soppy devrait probablement partir lui aussi, ayant refusé les propositions rennaises et rêvant aussi tout haut des championnats voisins.
Contre-exemple, Eduardo Camavinga, véritable joueur de très haut niveau en devenir qui confirme son potentiel au fil des mois, l’a bien compris et a aussi été parfaitement conseillé. Avec deux saisons jouées en Ligue 1 avec son club formateur, il a pris le temps de grandir et n’exclut pas une troisième saison en Bretagne. Comme il n’exclut pas non plus le grand saut, sans en faire une obsession ou une négociation à flux tendu…
A l’image du cas Rutter aujourd’hui, et d’autres demain, partout en France, les joueurs à peine sortis de la formation devraient s’inspirer de cette trajectoire maîtrisée, avec patience, afin d’éviter les désillusions futures. Pour les clubs, faut-il également céder à l’inflation consistant à blinder financièrement des joueurs mineurs ou à peine majeurs, n’ayant encore rien prouvé en pro, à l’heure où une crise économique sans précédent se prépare à secouer le foot français ? Ne faudrait-il pas aussi repenser l’ensemble du modèle, où la formation aujourd’hui semble plus destinée à réaliser la grosse plus-value sur une ventre à l’étranger plus qu’à pérenniser les joueurs formés à la maison au sein de l’équipe première, pour amener celle-ci à une régularité sur plusieurs années ?
A n’en pas douter, le cataclysme Mediapro allié à la crise sanitaire vont obliger l’ensemble d’une économie à se réinventer, dans le cas où elle parviendrait à rester debout. La baisse des salaires est un sujet mais la formation et ce que l’on en fait tout autant. Celle-ci mérite à coup sûr une remise en cause profonde, à tous les étages.