Basket-URB : la lettre ouverte de Fabrice Tranchand

Entre incompréhension, dégoût, colère et tristesse, les nombreux acteurs du projet URB 35 réagissent chacun avec leurs mots via les réseaux sociaux depuis l’annonce hier soir des dirigeants de l’URB, Olivier Perez le président en tête, de ne pas se représenter pour un nouveau mandat. Le message posté via Facebook de Fabrice Tranchand, responsable des partenariats au club, donne plus de détails sur ce choix. Avec son accord, le voici, en intégralité.

A toutes les forces vives de l’URB, visibles ou moins visibles,

On tombe sur la planète URB comme on attrape un virus. Mais ce n’est pas un virus destructeur, non ! Un virus contagieux, envahissant, certes, mais un virus qui transforme positivement. On va voir un match : on découvre l’ambiance. On revient, forcément. On découvre le projet global, ceux qui le portent. On apporte une petite contribution. Et puis, un jour, sans vraiment s’en rendre compte, on fait partie de la grande et belle famille de l’URB. Une vraie famille… avec son histoire, ses petits secrets, ses légendes, son oncle bourru, sa cousine attachante, les neveux turbulents et les pièces rapportées. Une famille avec ses codes et ses valeurs. Une famille accueillante mais exigeante. Il n’y a pas vraiment de rituel de passage, mais petit-à-petit, on sent qu’elle nous a intégrés. Alors forcément, on veut participer au projet. Et quel projet ! Du sport, du social, de la convivialité, des jeunes, des futurs retraités (des sportifs de plus de 35 ans), de la solidarité, de l’énergie à tous les niveaux qui portent une ambition réelle et raisonnable, dans le respect absolu de chacun, tout en restant fidèles à ceux qui ont amené le projet là où il est. Mais au fait, quel est ce projet ?

Très simple en réalité : construire un club de basket professionnel, intégré dans son écosystème et non un ovni créé par et pour une élite sportive et économique. Son écosystème est local. Local comme Rennes et sa métropole d’où proviennent la plupart des joueurs qui portent haut les couleurs du club. Local comme Thiès, cette ville sénégalaise si proche des Bretons. Le projet est donc tourné vers la ville, vers les jeunes des quartiers, vers les clubs de basket du bassin rennais, vers les associations solidaires. De façon souvent jugée prétentieuse, les dirigeants veulent construire autrement : s’appuyer non pas sur un mécène passionné, mais sur un tissu de partenaires impliqués par le projet global, bien au-delà du basket, créer du lien entre les partenaires privés et publics, avec les joueurs, l’encadrement, les bénévoles, le public. Simplicité et proximité comme lignes directrices. Casser les castes. Où en est ce projet ?

Le chemin est chaotique, d’autant que la route n’a jamais vraiment été empruntée. Il y a des ornières et quelques fausses pistes. Mais globalement, on entrevoit parfois le but et on se dit qu’on est sur la bonne trajectoire. Evidemment, on cultive aussi quelques frustrations : ça ne va assez vite, certains nous doublent, parfois au mépris de l’éthique. D’autres aussi, sont meilleurs : c’est encourageant, on peut et doit progresser ! Et de nouveaux projets périphériques émergent : créer d’autres liens, avec d’autres sports, avec l’art… les idées foisonnent ! La planète URB agrège de nouveaux satellites.

Il y a aussi des nuages… dont un qui vient de très loin, de trop loin pour qu’on l’ait vu arriver. Un petit organisme vivant qui limite nos propres vies et paralyse notre écosystème. Mais avec une famille soudée et un solide projet, ce nuage passera et le soleil rebrillera sur le club comme sur le plus petit village du Sénégal.


L’équipe est solide, forte de profils incroyablement divers parmi lesquels des passionnés de longue date. L’investissement personnel de Delphine, Elise, Juliette, Véronique, Alain, Benoit, Denys, Erwan, Hubert, Jean-Charles, Jo, Lucas, Pascal, Patrick, Olivier, Philippe, Saïd, Simon, Thierry… et de tant d’autres… porte le club depuis toujours. Bastien, Damien, Kabir, Marine, Pierrick, Sébastien… se sont joints au projet, l’ont fait évoluer, progresser.
Curieusement, l’URB repose sur un socle d’argile*. Si l’argile porte le poids de l’histoire, le socle de l’URB, lui, ne porte pas les valeurs du club. Du moins pas les ambitions. Certainement pas la convivialité. Ne parlons pas du respect. Au fil des années, l’esprit de contrôle, irritant, a laissé la place à la défiance, insupportable, puis au mépris. Le socle ne porte plus l’édifice. Comment sauver le projet ?


Le projet, si beau soit-il, ne peut pas vivre sans bases solides. Si elles ne supportent pas le projet, il faut changer le projet. Le constat, froid et bien trop tardif, est douloureux pour tous ceux qui y ont cru et ont consacré tant d’énergie à le modeler, à le modeler et à le faire grandir. La confiance est rompue entre l’équipe dirigeante de l’URB et les représentants des clubs support. Les mots -prononcés et écrits-, la suspicion permanente et la défiance systématique ont eu raison de la passion des dirigeants qui ont remis leurs démissions, la mort dans l’âme. Les esprits étriqués l’ont emporté sur une vision qui dépassait les intérêts personnels et l’avidité de pouvoir.
* L’argile est un sédiment composé de particules fines issues de l’altération de diverses roches.


Une page se tourne pour moi. Terminé les samedis soir stressants. Terminé les échanges autour d’un verre ou d’une galette, à discuter d’idées plus ou moins farfelues. Terminé les rencontres avec les partenaires. Que de bons souvenirs ! Le match de fous à Tours, le pas de danse victorieux de Roger à Berck, le show et l’ambiance de Colette Besson, le tri des photos pour l’album des 10 ans, la charcuterie au petit-déjeuner chez AZ&DEP, les ventes aux enchères des soirées YaThi’Breizh… De superbes rencontres, une énergie inépuisable. Finalement, on est contents d’avoir été, un temps, dans cette belle famille. Le projet survivra-t-il ? Oui, si de nouveaux dirigeants, plus habiles, plus patients, plus résilients parviennent à s’accommoder des rouages grippés.


La déception reste grande et l’incompréhension est légitime tant l’ensemble des composantes du projet ne s’est jamais autant rapproché du but. Il est probable que le sentiment de trahison succède à l’écœurement. J’espère que les partenaires (une autre dream team dans ce projet !), et les cadres de l’URB comprendront que tout a été tenté par l’équipe dirigeante pour poursuivre l’aventure, malgré le contexte hostile. Cet arrêt, provoqué par des personnes si peu impliquées dans le projet, au moment où tous les feux sont au vert, est révoltant pour beaucoup. Elise, je comprends ta déception, ton écœurement, ta colère. Ne laisse pas ton enthousiasme et tes valeurs s’altérer. Au contraire, garde ton éthique, ton ambition et ton énergie intactes pour rebondir !


Elise, Kabir, Pierrick, Sébastien… vous incarnez l’avenir ! Construisez vos projets, balayez le passé, rebondissez, revenez plus forts ! Débarrassez-vous des technocrates de tout bord, réinventez l’esprit sportif, fédérez et gardez votre passion pour les projets humains !
Nous serons nombreux à vous suivre et à vous soutenir !

Fabrice Tranchand