Frédéric Beauregard : «Notre vécu de l’an passé doit nous servir »

Le 4 octobre dernier, Palais des Sports de la Valette. Un cri, comme un coup de poignard, glacial et sans pitié. 41ème minute de jeu face à Saint-Raphaël, Frédéric Beauregard est victime d’une rupture du long adducteur droit, après avoir voulu contrer Adrien Di Panda. Derrière, trois mois entre repos et travail pour revenir et aborder, très motivé et en pleine forme, la seconde partie de saison, décisive pour l’avenir des Irréductibles en StarLigue, avec l’unique objectif du maintien en tête.

Nous t’avions quitté en octobre avec beaucoup d’inquiétudes, la douleur te semblant ce soir-là très difficile à supporter. Comment te portes-tu ?

Je me sens très bien. C’était la première longue blessure de ma carrière, il fallait bien que cela m’arrive, c’était écrit ! (rires) Ça aurait pu être pire, avec le recul et aujourd’hui, vraiment, tout va bien, je ne ressens plus de douleur. Sur le coup, j’ai tout de suite senti que c’était sérieux, que j’allais passer par la case repos pour un petit moment !

Comment soigne-t-on ce type de blessure et quel protocole a été appliqué ?

Il faut surtout de la patience, avant tout, ne pas vouloir aller trop vite pour revenir prématurément. D’abord, il y a un long repos à observer, marcher le moins possible pour laisser le muscle se consolider. Cela évite les risques de calcification ou de pubalgies à répétition par la suite. Je suis allé en rééducation à Lorient, à Kerpape puis j’ai longuement travaillé ici avec Sandrine Agricole, Stéphane Perez et Sylvain Bloyet. J’en profite pour les remercier chaleureusement, d’avoir supporté mes humeurs, de m’avoir aidé, accompagné, à tout moment, souvent deux fois par jours ! Nous les sportifs, nous avons parfois besoin d’être dorlotés, ils ont assuré ! Encore merci à eux.

Cette première partie de saison suivie depuis le banc n’a pas dû être simple à vivre ?

Non, c’est très dur de voir les coéquipiers jouer, se battre et de ne pas pouvoir les aider. Nous avons peut-être manqué de rotation et de souffle sur certains temps forts dans nos matchs mais nous avons su faire le travail contre Istres, Pontault et Ivry. Je regrette la défaite lors de la première journée face à Tremblay, la victoire était à portée. Dans l’ensemble, nous avons un groupe qui vit plutôt bien et le message du coach est bien reçu et relayé par les cadres. Cela devrait payer.

Le groupe te parait-il plus fort que la saison passée ?

Ce n’est pas évident de comparer, sincèrement. Aujourd’hui, nous avons un binôme à la tête de l’équipe qui fonctionne bien (Christian Gaudin et Mehdi Boubakar, ndlr) et un groupe réceptif à leurs méthodes et demandes dans le jeu. L’an passé, le mal n’était pas que sur le terrain et offensivement, nous n’étions pas au même niveau que cette saison. Par rapport à cela, l’apport de Jean-Jacques Acquevillo a fait beaucoup de bien, défensivement comme offensivement. Ce qu’il fait physiquement, c’est costaud ! Sur notre seconde partie de saison à venir, je suis assez confiant.

Pour quelles raisons ?

Nous avons un mois à venir qui va être décisif. Nous jouons Ivry là-bas, puis Nîmes, Toulouse et Istres. Chacune de ces équipes a ses qualités mais nous pouvons toutes les regarder droit dans les yeux. En gagnant deux matchs au minimum sur ces quatre-là, nous ferions un grand pas vers le maintien, qui doit être notre objectif prioritaire. Nous avons les qualités pour rivaliser et nous imposer, j’y crois.

Quel sera ton rôle dans cette seconde partie de saison ?

Le coach attend de moi que je sois un relais sur le terrain, essentiellement sur la partie défensive. En début de saison, nous avions défini ensemble la volonté de travailler sur le poste 3, où je me sens très bien et où je souhaitais me perfectionner. Aujourd’hui, j’ai des coéquipiers qui m’écoutent, qui sont réceptifs. Avec le coach, le dialogue est bon, je sais ce qu’il attend de moi et j’essaie de répondre au maximum à ses attentes. Mon âge fait de moi un joueur « d’expérience » et j’aurais, lors de la phase retour, à gérer les temps forts, aider et organiser du mieux possible nos phases défensives. Et s’il faut aller donner un coup de main en attaque, je suis également là.

Quelle est ta relation avec le coach, que tu avais connu à Sélestat ?

Elle est bonne. Nous avons eu une discussion à son arrivée, avons échangé ensemble et aujourd’hui, nous travaillons tournés vers le même objectif et l’avenir. Je ne suis qu’un joueur, je me dois de réaliser au mieux ce que l’on me demande sur le terrain. Nous sommes sur des bases saines, il me donne parfois la parole en séance vidéo pour avoir mon ressenti, mes idées. J’ai un peu le rôle de grand frère auprès de nos jeunes, j’essaie d’apporter les conseils au bon moment et j’aime ça.


« Sortir une finale à Ivry »


Ton absence a pesé défensivement, tout comme celle de Luka Mitrovic offensivement ?

Je pense que nos profils de joueurs expérimentés peuvent amener quelque chose dans les moments chauds. Luka, au-delà de la technique, était écouté quand il prenait les commandes dans le jeu offensif, quand il dictait le tempo. C’est un super joueur et sa blessure nous a fait très mal. Ceux qui jouent le font bien, évidemment mais Luka est un guerrier et un tacticien à la fois.

Le retour à la StarLigue avec le déplacement à Ivry, on y revient, peut marquer un tournant dans votre saison ?

Nous devrons sortir une « finale » là-bas, être irréprochables dans l’investissement personnel et le respect des consignes. Nous les avions battus chez nous avec un match abouti et nous avons travaillé dur et bien durant la trêve, avec un effectif qui a de vraies possibilités de bien faire. Notre vécu de l’an passé doit nous servir pour gagner ces matchs couperets.

La nouvelle salle arrive à pic, avec son nouveau parquet. Qu’en penses-tu ?

Sincèrement, c’est un outil vraiment au top ! Comment ne pas être heureux et motivé à l’idée de jouer dans une telle salle, avec 4500 places, un parquet tout neuf mieux adapté et idéal pour le jeu et les appuis, un terrain d’entraînement annexe similaire ainsi qu’une salle de musculation et un staff dédié pour la récupération avec de nouveaux outils ? Nous, les joueurs, nous coûtons de l’argent à un club, qui met tout en place pour que nous puissions travailler dans les meilleures conditions. Par rapport à ça, comment se plaindre ou craindre d’évoluer dans un tel cadre ? J’ai hâte d’affronter Istres et de découvrir la Glaz Arena en mode compétition ! Quand nous jouons au Liberté, nous adorons l’ambiance, le public plus nombreux mais la surface laisse quelques traces… Les kinés ont souvent pas mal de boulot le lendemain et les jours qui suivent. Avec le revêtement choisi dans la Glaz Arena, c’est encore un petit plus qui est apporté dans nos conditions de travail. Etre intimidé et inhibé par l’enjeu, les lieux ? Non ! Le terrain fait les mêmes dimensions, les buts également ! (rires). A nous de nous approprier le lieu et d’y écrire une nouvelle page de l’histoire du club.

Recueilli par Julien Bouguerra