Jean-Jacques Acquevillo, un bras et un sourire !

Cet été, il est le seul joueur français recruté par le CRMHB, au nez et à la barbe de Dunkerque. Auteur d’une saison pleine à Saran l’an passé, l’arrière-gauche martiniquais arrive avec appétit et ambition à Cesson, bien décidé à confirmer des promesses laissant entrevoir de beaux jours en Bretagne.

Après la Bourgogne, l’Isère puis le Loiret, cap sur la Bretagne. A 6500 kilomètres de son Lamentin natal, sur l’ile de Martinique, Jean-Jacques Acquevillo a posé ses bagages et son quasi double mètre cet été à Cesson-Sévigné et retrouve ainsi une proximité avec la mer, certes un peu plus froide qu’en Outre-Mer  : « Je ne me suis pas encore baigné mais j’ai trempé les pieds, et mon fils aussi ! » se marre ce jeune papa d’un petit Nolan, âgé d’un an. « La région est vraiment belle, il y a tout pour se sentir bien ici. ». Pour autant, le puissant arrière-gauche, classé l’an passé parmi les dix meilleurs buteurs de Starligue malgré la descente à Saran, n’est pas venu en Bretagne pour faire du tourisme, loin de là. Il sait que cette nouvelle aventure s’offrant à lui est une véritable occasion de confirmer tout le bien pensé à son sujet. En la matière, son dernier entraîneur, Fabien Courtail (Saran) n’est pas avare d’éloges sur le site lnh.fr : « C’est une pépite. C’était un arrière gauche avec plein de qualités, qui avait besoin de passer dans une structure plus cadrée, plus professionnelle. Il avait besoin de vivre le handball de façon complètement professionnelle, avec deux entraînements par jour, du travail en musculation, des choses qu’il n’avait jamais vraiment faites. ».  Saran, un passage important pour Jean-Jacques Acquevillo, arrivé avec sa compagne Maëva en métropole il y a huit ans, à l’âge de 19 ans. Point d’atterrissage, la Bourgogne et Longvic, en Nationale 3 puis rapidement en Nationale 2. « La première année, ce ne fut pas simple mais grâce notamment à Fayçal Kiour, le coach,  l’acclamation s’est faite, tranquillement. ». Tranquille, le garçon l’est. Timide aussi, malgré un sourire et un rire communicatif, dans la générosité : « Je suis quelqu’un de cool, je ne me prends pas la tête. ». Tout ne fut pourtant pas toujours simple…

« J’étais un peu petit voyou »

Gamin, Jean-Jacques est comme tous les garçons de son âge plus intéressé par le foot, où il montre de belles dispositions : « J’étais défenseur central, je ne me débrouillais pas trop mal mais à quatorze ans, à force d’aller voir ma grande sœur Monique jouer au Hand, j’ai choisi de me lancer. Cela m’a tout de suite plu, il y avait plus de contact, d’impact et de duels. Le foot aujourd’hui, c’est pour s’amuser. Ici à Cesson, il y a plusieurs joueurs qui se débrouillent vraiment bien. Avec une mention particulière pour « Bobo » ! (rires) ». De son adolescence, le néo-cessonnais garde de beaux souvenirs mais aussi celui d’un caractère « mi-ange, mi-démon. Ça bagarrait  un peu, j’étais un peu « petit voyou » mais avec l’âge, j’ai changé puis la famille a fait ce qu’il fallait. Je suis le petit dernier de trois enfants, même si je suis le plus grand par la taille. Je ne comprends pas pourquoi d’ailleurs ! (rires). ». Ses belles performances lui offrent le grand saut et même s’il fait des études dans l’électronique, la porte du monde du handball en métropole s’ouvre, malgré un petit loupé : «  J’ai raté l’entrée pour le pôle à Fort de France. Je suis arrivé en retard en sélection et c’était terminé… Maintenant j’essaie d’être carré, ponctuel. C’était une leçon. ». En Bourgogne, pas de retard pour le numéro 27 cessonnais Fayçal Kiour m’a beaucoup aidé, sur tous les plans. Déterminé, Jean-Jacques Acquevillo grimpe et passe les échelons. Il signe à Grenoble deux ans après son arrivée. L’Isère et son ambiance parfois difficile à vivre ne refroidit pas les ardeurs du colosse qui confirme ses belles dispositions et tape dans l’œil de Andy Sekiou, proche de Fabien Courtail, coach de l’ambitieux Saran, alors en N1. Celui-ci le recrute et les « Bleu et blanc » passent en deux ans de la Nationale Une à la Starligue. Le coach, toujours le site de la LNH, évoque un joueur « dans les top 3 des plus simples à gérer. Jean-Jacques tout le monde l’adore ! Quand tu es gentil c’est facile de se faire aimer, mais quand tu es super bon, tu fais rapidement l’unanimité. C’est quelqu’un qui est trop humble, qui ne va pas chercher à se mettre en avant. Il est finalement un peu trop gentil avec tout le monde. Il ne dit jamais non, il se marre tout le temps. C’est quelqu’un qui est tellement humble, tellement altruiste, que ses objectifs personnels passent au second plan. ».

Cesson plutôt que Dunkerque !

Difficile de douter du bon choix des dirigeants cessonnais sur leur nouvel arrière-gauche, qui garde un grand souvenir de son ancien coach : « Fabien, c’est forcément quelqu’un de particulier avec moi, qui est devenu un ami. Il m’a beaucoup aidé à progresser, à être toujours plus exigent. » . Très logiquement, à l’issue d’une saison ponctuée de 112 buts sur 211 tirs (53 % de réussite), Jean-Jacques Acquevillo se devait de rester en Starligue malgré la descente des siens. Avec une pointe d’amertume quant au destin de ses anciens coéquipiers : « C’est difficile de savoir ce qui a manqué l’an passé pour se maintenir. Nous avons vécu quatre superbes années, passant de la N1 à la Starligue. Nous avons loupé des matches à ne pas rater la saison passée à l’inverse de Cesson, qui a su faire ce qu’il fallait pour se maintenir. La loi du sport nous a renvoyé à l’étage du dessous, et il faut le respecter mais nous avons fait honneur aux couleurs du club durant deux saisons au plus haut niveau. ». La Pro Ligue, Jean-Jacques la suivra de loin. Cesson mais aussi Dunkerque ont frappé à la porte mais le club breton a remporté les suffrages : « J’ai aimé le projet proposé par le club. Il y a ici beaucoup d’ambitions, l’arrivée d’un nouveau staff, d’une nouvelle salle. Je connaissais aussi très bien Bobo (Frédéric Beauregard, ndlr) et sa présence ici a compté au moment du choix. Tout comme celle de Jef, que j’ai côtoyé à Saran. Et puis la Bretagne est une jolie région, même si je n’ai pas encore eu le temps de beaucoup visiter. ». Qu’on se le dise, après la Bourgogne et l’Isère, le nouveau numéro 27 des Irréductibles avait le droit de découvrir la plus belle région de France !

Depuis début juillet, le sourire du géant venu du Lamentin ensoleille le Palais des Sports de la Valette. Plutôt à son avantage contre Dunkerque en amical, il fut ensuite ménagé contre Chartres avant de revenir et de terminer en force sa préparation, notamment face à Toulouse lors du challenge Caraty. Bosseur, investi et déjà parfaitement intégré, ce bras droit surpuissant doit néanmoins régler un petit problème, soulevé par son ancien coach : « Il faudrait qu’il commence à tirer dans les 48 heures qui précèdent le match à l’entraînement… ». Chambrage ? Réalité ? Le néo-cessonnais ne se défile pas et élucide le mystère, dans un éclat de rire : « Le lundi je ne tire pas beaucoup, c’est vrai, je fais beaucoup de passes. C’est un peu devenu une habitude, au fil des années, sans être pour autant voulu. Il faut que je corrige cela quand même ! Plus on approche du match, plus je frappe au but… En fait, la vérité, c’est que je dois surement garder les cartouches pour les matches ! » . Celles-ci ne seront pas de trop pour faire feu de tout bois et faire vibrer un public quelque peu frustré lors des deux dernières saisons à la maison avec de trop rares victoires. A défaut de se jeter dans l’eau fraîche de la Manche, Jean-Jacques Acquevillo va déjà plonger tout sourire et plein d’envie dans sa nouvelle odyssée chez les Irréductibles, avec espérons-le, une arrivée à bon port, celui du maintien en Starligue, dans le nouveau vaisseau cessonnais du Glaz !

Julien Bouguerra