Elle est la benjamine d’une équipe déjà jeune à ce niveau exigent qu’est la division 2. Demi-centre de talent, découverte la saison passée par le grand public, Mathilde Mélique, 19 ans, croque avec appétit dans un temps de jeu de plus en plus conséquent au fil des semaines, avec l’envie d’assurer le maintien au plus vite avec les « Roses ».
Vous avez démarré la deuxième phase de championnat leader des playdowns mais cherchez toujours votre première victoire dans cette compétition. Comment l’expliques-tu ?
Je pense que nous nous compliquons souvent la tâche nous-mêmes. Nous faisons des erreurs très importantes à ce niveau-là et peinons à être régulières sur l’ensemble d’une partie. Nous avons l’envie de bien faire et un gros travail mental a été fait avant d’attaquer cette phase pour ne pas se croire déjà maintenues. Il va falloir gagner des matchs pour cela car notre réalité aujourd’hui, malgré notre belle première phase de championnat, est le maintien.
Avez-vous digéré le fait de louper de peu l’exploit d’atteindre des play-offs en janvier ?
Nous avons réussi une très belle première phase, c’est sûr, avec de très belles performances mais aussi quelques loupés. Nous regrettons notamment cette double défaite contre Octeville, qui a été notre bête noire. Nous n’étions pas loin de finir quatrièmes mais c’est du passé. Aujourd’hui, même si nous avons acquis des points qui ont permis d’attaquer en tête, il faut gagner nos matchs, tout simplement.
« Mon âge ? Personne n’y prête attention »
Sur le plan personnel, comment juges-tu ta seconde saison dans le groupe ?
Je suis entrée la saison passée dans une équipe de N1 qui m’a superbement accueillie, avec beaucoup de bienveillance. Cette montée, ce parcours vécu ensemble, c’est une chance et une aventure forte partagée. Cela nous a offert complicités et aussi quelques automatismes. Après la découverte l’an passé, je joue plus cette année, je me sens investie de plus de responsabilités, notamment en attaque, où le coach me donne de plus en plus de temps de jeu. J’apprécie énormément d’avoir des responsabilités et de ressentir la confiance de mes partenaires. J’apprends chaque jour et j’essaie de progresser, d’être à l’écoute.
Tu évolues malgré ton jeune âge à un poste demandant de l’expérience et de la maturité. Te sens-tu écoutée de tes partenaires ?
Oui totalement, l’âge n’est pas un souci, personne n’y prête attention. C’est par mon jeu et ce que je produis sur le terrain que je peux gagner la confiance des partenaires, pas par mon âge ou autre. Ça se passe bien, vraiment et je ressens cette saison de plus en plus de confiance venue de l’équipe.
Quels sont tes axes d’amélioration et les points sur lesquels tu penses avoir déjà progressé ?
L’an passé, j’avais peut-être tendance à trop vouloir faire la décision, avec les passages en force, à vouloir faire des différences. J’ai appris à temporiser, à mettre mes arrières dans les meilleures dispositions pour tirer, à faire les bons choix. J’aime donner les orientations tactiques, dicter le rythme, c’est le vrai plaisir de ce poste. C’est comme les penalties, ce jeu avec la gardienne, ce défi. J’aime, d’une manière générale dans le jeu, piéger l’adversaire. Quand j’y arrive, c’est top ! D’un autre côté, je dois encore progresser en défense, m’imposer. Aujourd’hui, je partage le poste avec Laure, qui est une pure défenseure, expérimentée. La rotation est ainsi faite et permet à chacune d’avoir du temps de jeu, de s’exprimer au mieux.
Quelles sont tes ambitions pour cette fin de saison ?
Déjà, nous devons nous mettre à l’abri rapidement, gagner de nouveau pour valider le travail que nous effectuons la semaine. Tout se passe très bien entre nous et le maintien est le minimum que nous pouvons faire avec tous les efforts consentis jusque-là. Face au Pouzin, nous avions beaucoup de regrets de ne pas avoir gagné, c’était un match à notre portée. Le groupe est encore jeune et doit gagner les matchs pour continuer à progresser.
« C’était ici et nulle part ailleurs »
En dehors du hand, tu es aussi très investie dans tes études. Arrives-tu à mener les deux de front ?
Ce n’est pas toujours simple, pour être franche, mais j’aime autant le hand que les études que je mène. Je souhaite devenir ingénieure en biochimie et suis actuellement en prépa pour cela. J’avais commencé par médecine mais le niveau était vraiment très relevé…
Tu es venue seule en Bretagne, éloignée de tes parents, n’est-ce pas trop compliqué à gérer, si jeune ?
J’ai été habituée à vivre seule loin de mes parents depuis l’âge de quinze ans, quand je suis partie au pôle espoir, d’abord à Amiens puis à Tourcoing. J’ai eu la chance d’avoir des formateurs au top, qui m’ont permis de réussir à m’adapter à chaque fois. Ces voyages m’ont sans doute permis de murir avant d’arriver en Bretagne. Je suis arrivé suite aux interpoles au cours des quels j’ai été repérée puis appelée en équipe de France U20. Ce fut une superbe expérience. Ensuite, j’aurais pu signer à Vaulx-en-Velin ou Strasbourg, avec deux projets D2 mais j’ai de suite opté pour Rennes. C’était ici, et nulle part ailleurs, dès le départ, j’ai accroché.
Aujourd’hui, te sens-tu toujours aussi bien à Rennes ?
Sincèrement, oui, j’aime beaucoup cette ville, c’est très dynamique, sympa, il y a tout et j’ai rencontré beaucoup de gens, avec qui je sors, que ce soit les collègues de l’école ou celles du hand. Mes parents viennent de plus très souvent me voir et font 500 kms à chaque match pour venir. Rien que pour cela, je me dois de tout donner et de réussir ici. Leur soutien est précieux.
Un petit secret de vestiaire, pour terminer ?
Il n’y a pas grand-chose de particulier, si ce n’est que c’est moi qui fais les tresses de l’ensemble des joueuses avant le match. C’est devenu comme un petit rituel et j’adore ça !
Recueilli par Julien Bouguerra