Un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne… Ok pour la maxime traditionnelle, qui au final, frustre Nantais comme Rennais mais un derby, cela doit surtout se gagner en jouant si possible plus de quarante-cinq minutes ! Comme à Angers, où les « Rouge et Noir » s’étaient contentés de gérer, chose qu’ils ne maitrisent pas, deux points s’envolent, hélas logiquement, alors que totalement à portée.
Le contexte, à la Beaujoire, tout comme le scénario de cette égalisation inadmissible à l’ultime seconde, ont tout pour faire rager. Mais au-delà de la dramaturgie, le contenu, une fois encore, interroge et inquiète logiquement.
Si le Stade Rennais a réussi deux improbables retournements de situation face à l’OM et l’OL, il n’a pour le moment pris que deux points contre Lorient, Angers et Nantes, trois candidats clairement déclarés au maintien.
Un bilan indigne des prétentions européennes affichées et surtout, bien peu rassurant sur le ressort et la capacité à assumer une supposée supériorité au coup d’envoi. Des interrogations aussi sur les choix du coach Habib Beye, avec des entrées peu concluantes et une tactique trop frileuse pour tuer une rencontre qui s’offrait pourtant aux Bretons, notamment en seconde période.

Un Stade Rennais efficace
Passée l’hostilité du début de match, où les sifflets à l’encontre du trio Blas-Merlin-Rongier portent de bien tristes canaris, les Rennais réussissent une première période correcte, où seul un lob raté de Mostafa Mohamed fait passer le frisson aux « Rouge et Noir » (10′).
De l’autre côté, le premier frisson vient d’Anthony Rouault, tout près de marquer son second but de la saison en embuscade sur un corner mal repoussé par Anthony Lopes.
Meilleur dans la transmission et dominateur est récompensé par un pénalty accordé pour une main de Tati coupable d’une faute de main sur un centre d’Esteban Lepaul. Sans état d’âme, d’un extérieur du pied puissant, Ludovic Blas ouvre le score face à ses anciens supporters, sans célébrer (28′).
Nantes prend un vrai coup sur la tête et s’enfonce, quelques minutes plus tard. Déjà inéxistants en attaque, les Canaris s’enlisent en défense et admirent l’action d’école des « Rouge et Noir ». Ludovic Blas décale dans le surface Alidu Seidu dont le centre en retrait trouve l’appel parfait d’Esteban Lepaul pour le but du break (0-2, 33′).

Deux sorties qui changent tout
Avant la pause, Valentin Rongier, qui cèdera malheureusement sa place au repos, légèrement touché, à l’occasion du 0-3 seul aux 18 mètres mais n’attrape pas le cadre. Quelques minutes plus tard, Alidu Seidu se blesse sur un retour défensif. Le match vient de basculer, alors que Rennes rentre pourtant serein aux vestiaires (0-2).
Après la rencontre, Habib Beye ciblait d’ailleurs cette fin de premier acte comme décisive dans le scénario de la partie : » On a perdu Alidu Seidu et Valentin Rongier, ça nous a énormément déstabilisé en seconde période. Ils étaient très moteurs en première période. On a reculé, on a concédé de la possession et l’égalisation. On n’a pas été capables de refaire surface dans ce match-là. »
C’est peu de le dire, tant Rennes est méconnaissable et transparent lors du second acte. Sans idée, ni ambition de faire plus ou de faire mal, la formation bretonne recule contre des Nantais pourtant pas plus véloces que cela ! En attaque, le duo Embolo-Lepaul reste introuvable tandis qu’au milieu, le remplacement de Valentin Rongier par Djaoui Cissé fait perdre le liant et la fluidité à tout un secteur de jeu.
Derrière enfin, la sortie d’Alidu Seidu remplacé par Lilian Brassier, fait basculer la défense dans la fébrilité. Nantes en profite une première fois à l’issue d’un infame cafouillage conclu de près par Junior Mwanga après l’heure de jeu (1-2, 64′). De quoi dynamiser des locaux pourtant loin d’être géniaux mais de nouveau dans le coup à l’image d’une frappe dangereuse dans la foulée de Le Penant.

Brice Samba ne peut pas tout faire …
La sortie du fantomatique Breel Embolo, remplacé par Musa Al-Tamari puis l’entrée d’Hans Hateboer à la place de Ludovic Blas, pour un système encore plus « béton », fissure définitivement un bloc rennais devenu totalement instable.
Dernier « vestige » de l’ère Massara avec Glenn Kamara, l’ancien joueur de l’Atalanta fait une entrée catastrophique avec des arrêts de jeu épiques.

Le défenseur néerlandais concède d’abord un pénalty pour une faute en retard sur El-Arabi. En bon sauveur de la patrie, Brice Samba, comme face à Lyon la semaine passée, fait la différence cette fois-ci dans l’exercice pénalty et repousse la tentative de l’ancien rennais. Tout le monde pense le plus dur passé et Seko Fofana a même le 1-3 au bout du pied mais Anthony Lopes réussit l’envolée parfaite (90’+5′).
Puis, c’est le drame… Hans Hateboer, quatre minutes après son pénalty concédé, fait main dans la surface, non sifflée (elle l’aurait été avec la VAR…) avant de rater totalement sa relance, en plein sur Mathis Abline.
Le centre de ce dernier trouve Youcef El Arabi au six mètres, dont la praline décroche la toile d’araignée d’un Brice Samba abandonné par sa défense centrale (90’+6′).

Terrible mais prévisible, avec une conclusion au goût de victoire pour les Canaris et à celui d’une défaite amère pour des Rennais fautifs. Un nul logique pour autant ? « Le résultat est mérité, dans le sens où on n’a joué qu’une mi-temps, selon Habib Beye. En seconde période, on fait un non-match. On a laissé croire à un retour. Brice (Samba) avait stoppé une alerte importante.
Jusqu’au bout, on a manqué de concentration et on concède l’égalisation. On a eu quelques signes en fin de première période. On est reparti avec moins de qualités dans cette seconde période. On a le résultat qu’on mérite. »
Et le nombre de points avec, timidement bloqué à 8 en ayant joué trois équipes de bas de tableau en cinq matchs, soit un bilan très moyen, qui devra être rapidement amélioré avec la venue de Lens dimanche soir prochain au Roazhon Park.
L’occasion de nouvelles « retrouvailles » entre anciens des deux clubs comme s’ils en pleuvaient mais surtout, celle de rattraper deux nouveaux points perdus qui risquent de coûter cher au moment de l’emballage final.
