Par la force des choses, le demi-centre (ou arrière gauche) Alexandre Baradat a profité des nombreuses blessures en équipe fanion pour faire ses premiers pas en Liqui Moly Starligue. À tout juste 18 ans, le Palois raconte cette année singulière où il a pu déjà emmagasiner un maximum d’expérience.
Te souviens-tu de ta première convocation avec les professionnels cette saison et comment l’as-tu vécue ?
C’était la veille du match contre Toulouse (ndlr : 12 octobre, victoire 28-27) et nous l’avons su après l’entraînement. Je n’étais pas tout seul puisque j’étais avec Tristan Michel. Nous nous entrainions déjà assez régulièrement avec les pros. Dans un coin de ma tête, avec toutes les blessures, j’avais l’espoir d’y être et tu comptes un peu les joueurs par poste en te disant : « J’ai peut-être une chance » (rires). J’étais forcément très content, mais j’avais surtout hâte de vivre ce moment.
S’entraîner toute la semaine avec une équipe professionnelle, c’est déjà extraordinaire, mais être dans le vestiaire de match avec des joueurs qui ont eu des immenses carrières, c’est encore autre chose. En rentrant chez moi après le match, j’ai immédiatement appelé mes parents. En plus, pour ma première feuille de match, nous gagnons contre Toulouse !
Quel a été ton parcours avant de rejoindre le centre de formation cessonnais cette année ?
Depuis tout petit, j’ai baigné dans le handball. Ma mère y a joué et mon père (ndlr : Eric, ancien adjoint d’Olivier Krumbholz en équipe de France féminine) est encore entraîneur. J’ai aussi pratiqué d’autres sports, comme le tennis ou la pelote basque, mais dès qu’il a fallu faire un choix, j’ai tout de suite été vers le handball car c’était aussi là où je prenais le plus de plaisir.
J’ai fait toutes mes gammes à Billère jusqu’en moins de 18 ans l’année dernière, ainsi que plusieurs matchs avec l’équipe réserve en Nationale 1. En parallèle, j’ai d’abord fait le pôle espoirs de Pau, puis celui de Bordeaux pendant deux ans. Depuis Bordeaux, je rentrais le week-end pour jouer avec Billère. Mon objectif était d’apparaître le plus souvent possible en Nationale 1 pour intégrer ensuite un centre de formation.
Assez tôt dans la saison, j’ai eu des contacts avec Benoît Jambry et il m’a proposé de venir faire des tests et de visiter les infrastructures. J’ai aussi le droit à un entrainement spécifique avec Yann Lemaire. Le club m’a ensuite proposé une convention sur trois ans et ça m’a paru évident de l’accepter pour progresser. J’étais habitué à partir de chez moi et ça n’a pas du tout été un problème.

Tu vis ensuite tes débuts en Liqui Moly Starligue. Avec quelles images fortes ?
En fait, j’ai finalement assez peu de souvenirs de mes premiers moments sur le terrain, car ça demande beaucoup de concentration et il faut être focalisé sur chaque détail. C’est après le match que tu savoures. Le match où j’ai vraiment eu l’occasion de beaucoup jouer, c’est face à Nantes en fin d’année civile, avec une salle pleine. C’est un match que tout le monde attendait avec quasiment que des internationaux en face. Je marque mon premier but et ça, je m’en rappelle ! C’était un peu fou d’être sur le terrain avec mes parents en tribunes et contre des gars que tu ne vois pratiquement qu’à la télé…
« Je viens d’être sélectionné pour un stage de préparation avec l’équipe de France U19 du 4 au 11 mai et mon objectif est d’être pris pour les championnats du monde qui auront lieu cet été. »
Nantes, c’est aussi un match sur lequel plusieurs autres joueurs du centre de formation étaient amenés à jouer, en aviez-vous discuté pendant la semaine ?
Nous passons toute la semaine ensemble et c’est vrai que nous en avons beaucoup parlé et rigolé de ça pendant la semaine. On savait que nous allions être beaucoup à jouer ou au moins à rentrer sur le terrain. Notre objectif était de bien se préparer, prendre du plaisir et de montrer les valeurs du club, bien au-delà du résultat.
Même après le match, c’était très clair pour tout le monde, nous ne sommes pas des joueurs professionnels et c’était une chance et une expérience incroyable de vivre ça tous ensemble. Nous sommes très vite redescendus et dès le lundi suivant, nous sommes repartis au boulot pour la N1, sans que ça change quoi que ce soit à nos entraînements.

Quels ont été les conseils des joueurs et du staff ?
Tout d’abord, c’est facilitant d’être dans un groupe comme celui de Cesson où les joueurs d’expérience aiment transmettre. Sur le poste, je parle beaucoup avec Mathéo Briffe et Michal Baran sur des aspects plus techniques, comme la réalisation, mais également l’aspect mental. Celui qui m’aide aussi beaucoup, c’est Thibaut Minel, le préparateur physique, en me répétant souvent cette phrase : « Oublie tout le contexte et fait ce que tu sais faire ».
Sur des questions davantage tactiques, comme la gestion du rythme en attaque, je discute beaucoup avec les « anciens », comme Robin Molinié, Romain Briffe ou Ludwig Appolinaire. Ce sont des joueurs qui savent gérer et c’est ce que j’essaie de travailler en ce moment. Sur le plan défensif, forcément, il y a Romaric, mais globalement, tout le monde est ouvert aux conseils et de l’autre côté, dès qu’il y a quelque chose à changer ou à améliorer, ils te le disent aussi.
Quels sont tes objectifs à court et moyen terme ?
Mon objectif principal, c’est de performer en N1. Même si la saison est très compliquée, on va tout donner jusqu’à la fin, sans calculer. Bien sûr, à terme, l’objectif est de devenir professionnel, mais je ne me focalise pas là-dessus pour l’instant. Je me sens vraiment bien ici et il y a déjà une saison à finir et deux autres à faire derrière. À plus court terme, je viens d’être sélectionné pour un stage de préparation avec l’équipe de France U19 du 4 au 11 mai et mon objectif est d’être pris pour les championnats du monde qui auront lieu cet été.
