Si l’annonce du choix de stopper sa carrière à seulement 26 ans a pu surprendre le microcosme handball, elle est le fruit d’une réflexion menée depuis déjà un bon moment et totalement choisie et assumée. Lassé de devoir presque se justifier d’être handballeur, le pivot des Irréductibles nous a expliqué son choix.
Début février, le club a annoncé qu’il ne te conservait pas et dans le même temps, tu annonçais sur les réseaux sociaux l’arrêt de ta carrière. Les deux informations sont-elles la conséquence l’une de l’autre ?
Non. J’ai lu en effet que le club n’avait pas souhaité me conserver. Il faut aussi savoir que j’avais déjà prévenu le club depuis novembre. Ma décision était prise, au-delà de ma situation avec Cesson : arrêter le handball. J’arrête en toute sérénité, en ayant muri ce choix, sans regret. Il est temps pour moi de passer à autre chose. Là, je veux juste jouer, profiter encore, jusqu’au bout et donner le meilleur pour maintenir le club dans l’élite. Le reste, franchement, n’a plus vraiment d’importance, juste le plaisir du jeu et celui de passer du temps avec les copains.

Pourquoi choisir d’arrêter ta carrière à 26 ans seulement ?
C’est une décision qui s’est construite au fil des années, faite de lassitude, d’usure mais aussi de l’envie de vivre désormais autre chose. Plusieurs événements se sont enchaînés, positifs ou négatifs, et m’ont conduit à ce choix. Depuis mes débuts, j’ai toujours dû me justifier, en faire plus que les autres. De par la carrière d’arbitre international de mon papa, on me montrait du doigt en me qualifiant de pistonné. On m’a aussi collé, suite à un différend avec une seule personne, de caractériel ou de « fouteur de merde » (sic) dans un vestiaire.
Si vous posez la question partout où je suis passé, pas sûr que cela soit confirmé… Qu’on me reproche d’être une teigne ou un provocateur sur le terrain ok, je m’en suis même nourri mais en dehors… J’ai longtemps répondu, fait attention à ce qui se disait. Maintenant, je suis épanoui, nous avons fondé une famille avec ma femme et l’arrivée de notre petit garçon, je sais ce qui est important dans la vie. Et puis, le rêve de mon papa était que je devienne handballeur pro comme mon frère s’est réalisé alors je peux tourner la page, serein.
« Pistonné ou pas, une fois sur le terrain, il faut performer… »
Les préjugés et les « on-dit » ont-ils eu raison de ta passion du hand ?
De ma passion, non mais du métier d’handballeur professionnel, peut-être… C’est comme cette étiquette collée de pivot qui ne défend pas ou défend mal. Je pense avoir prouvé que je sais défendre, tout dépend aussi dans quelle situation ou configuration on me place. En attaque, je pense que les chiffres démontrent que j’ai toujours fait le travail.
Ce sont des choses que j’ai entendues sans qu’on vienne me les dire en face et c’est usant. Une fois que tu joues, pistonné ou pas, il faut performer et je pense l’avoir régulièrement fait, quitte à me « casser la gueule » sur le terrain et a toujours repousser mes limites, à finir minable… Donc désormais, place à autre chose…
Comment vois-tu la fin de l’histoire à Cesson ?
Je veux jouer chaque match à fond, profiter de l’adrénaline qu’une salle remplie, de supporters qui te poussent, peuvent offrir. Après, il y a ce contexte difficile, ce maintien que l’on veut aller chercher, tous ensemble. Nous sommes aujourd’hui dans une situation difficile, complexe mais nous sommes des professionnels et aucun d’entre nous, quelle que soit sa situation actuelle ou future, ne compte lâcher. Il faudra aller réussir des exploits, ne cocher aucun match et que ce soit Montpellier, Paris, Créteil ou Istres en face, avoir la volonté de s’imposer, sans distinction.

Que comptes-tu faire à partir de juillet prochain et quel est le projet que tu souhaites mener ?
Avec ma femme, nous allons rejoindre le sud, où nous avons nos attaches et amis, du côté d’Aix. Elle a un projet de monter un centre de formation dans l’esthétique et je vais l’aider à cela. C’est à elle d’être la priorité dans les aspirations professionnelles de notre couple et l’aventure va être passionnante. Pour ma part, j’ai eu l’opportunité de rencontrer une personne il y a quelques années, Julien, qui est devenu un papa d’adoption pour moi, avec qui le lien est très fort.
De par son métier et ses relations, il m’a initié au monde du bateau et notamment, à l’entretien ou la rénovation de ceux-ci. J’envisage d’ouvrir une conciergerie et de travailler sur la restauration des bateaux sur le port de la Pointe-Rouge. C’est une niche avec une vraie demande et j’entends bien m’y faire une petite place et découvrir ainsi une nouvelle vie, qui me plait, même si je pense continuer le hand à côté, probablement en N2 ou N3 pour le simple plaisir de jouer.
