Edito : La jeunesse, un atout, vraiment ?

Edito JRS mars.
A l'image d'Habib Beye, les "jeunes" entraîneurs ont pris le pouvoir à Rennes. @Crédit photo : JRS

Le savoir appartient aux anciens, affirment souvent ces derniers, souvent inquiets, jaloux ou agacés de voir leurs préceptes contestés. Remis en question ou pire, rangés au grenier par les générations nouvelles armées de leurs certitudes, ils regardent d’un œil condescendant ou inquiet, c’est selon, ces petits nouveaux venir, petit à petit, leur indiquer la sortie. Hi-tech, data, connexion aux codes d’un groupe et d’une nouvelle génération, les arguments font partie de la palette de l’entraîneur « Next Gen’ » ou « 2.0 », comme ils sont souvent décrits.

L’évolution de leurs parcours interpelle, forcément, et pose un débat existant dans tous les autres domaines professionnels : la compétence, la qualité et les résultats attendent-ils le nombre des années ? A Rennes, ce fameux « grand remplacement » continue de s’opérer et ce, d’un sport à l’autre, avec son lot d’interrogations. Au Stade Rennais, après le départ du très apprécié Bruno Genesio, de l’ancienne génération puis celui de l’éphémère Jorge Sampaoli, encore plus âgé, place à la jeunesse.

Quatre victoires en cinq matchs pour Habib Beye

Comme en 2018 avec Julien Stéphan, alors âgé de 38 ans, place cette fois-ci à un quadragénaire débutant à ce niveau, Habib Beye. Comme pour l’ancien coach rennais, remercié en novembre dernier, l’ex-international sénégalais a attaqué très fort, avec quatre victoires en cinq matchs. Le dynamisme est là, le déclic a eu lieu dans un groupe pour le moment convaincu et décidé à suivre son nouveau mentor. Mais dans le temps, cela peut-il tenir ?

Au-delà du cas rennais, rapidement, le coach 2.0 peut devenir agaçant pour certains, prendre une lumière que les joueurs ou dirigeants aiment aussi avoir sur eux, sans trop de concurrence et sembler arrogant s’il est trop ambitieux, ou capable de s’affirmer sans forcément s’inquiéter de froisser en haut lieu dans son vestiaire ou sur l’extérieur où le rapport aux médias, en fonction de l’importance de ceux-ci sur le sport en question, peut peser lourd.

Bastien Demeuré à l’URB, cadet des coachs rennais, a grandi dans l’ombre de Pascal Thibaud avant de prendre les commandes l’été dernier. Un parcours dans la lignée de celui de Kévin Courties, qui prit le managérat général après Yann Moison ou Sébastien Leriche, qui lui, remplaça Christian Gaudin avec l’adhésion immédiate de joueurs alors en rebellion. Pour chacun, des destinées, ensuite, différentes, des joies, des victoires marquantes marquées du sceau de l’enthousiasme mais aussi des doutes, des remises en question.

Le juge de paix reste d’abord la compétence pour travailler puis les résultats pour durer

Comme pour tout coach, qu’il ait 30 ou 65 ans, le juge de paix reste d’abord la compétence pour travailler puis les résultats pour durer. Tout cela restant soumis à une adhésion d’un groupe, qui n’est pas actée à durée indéterminée, qui s’entretient, se vit avec ses hauts et ses bas dans un monde du sport où tout va et passe plus vite qu’ailleurs.

La jeunesse, et la fraîcheur qui l’accompagne, le regard neuf, ne le sont que de façon éphémère. Et puisqu’on est toujours le jeune ou le vieux de quelqu’un, est-ce, finalement, un vrai débat ? Rien n’est moins sûr, alors soyons jeunes et cons, ou bien vieux et fous, comme le chante Damien Saez, mais surtout, vibrons et gagnons !

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.