Handball – Cesson : Xavier Labigang lancé à la conquête de l’Ouest !

Présentation de Xavier Labigang.
Xavier Labigang prêt à tirer. @Crédit photo : JRS

Arrivé l’été dernier sur les bords de la Vilaine en provenance du Pays d’Aix Université Club, Xavier Labigang fait sa place tranquillement au CRMHB. Agé de 27 ans, il revient sur un parcours qu’il n’avait pas forcément imaginé si haut mais dont il se régale chaque jour, avec l’ambition de s’imposer en Bretagne.

Au moment de refermer son chapitre handball – souhaitons-lui dans une bonne dizaine d’années ou plus -, Xavier Labigang pourra ressortir quelques pépites, des instants et moments qui feront remonter émotions, sourires et surtout, le sentiment d’avoir été là, privilégié, au bon moment. Comme le 31 mai dernier, pour la dernière de Nikola Karabatic, son idole de jeunesse, à Bercy. S’il marque le dernier but de ce match historique, l’ailier cessonnais a retenu d’autres choses : « Nous jouions sans enjeu au classement, avec toutefois l’envie de ne pas être spectateurs.

Dans la dernière minute, Nikola Karabatic a un jet de sept mètres, qu’il envoie dans le visage de notre gardien Denis Serdarevic. Nous avons tous demandé à l’arbitre de ne pas l’exclure, qu’il puisse disputer ses derniers instants sur le parquet… Nous avions été entendus. Après, il y eut les discours de sa famille, des proches, il y avait Djokovic en tribunes et beaucoup d’autres stars. Non, ce n’était clairement pas un match comme les autres et avoir pu vivre ce moment-là, depuis le terrain, c’était grand, ça restera… »

Un chemin loin d’être tracé dès le départ…

Avant d’enchaîner, avec une pensée plus tournée vers les copains que vers l’égo ou les paillettes : « Ce soir-là, il y avait aussi la dernière de mon coéquipier, passé aussi par Cesson, Jordan Camarero. Nous l’avons porté en triomphe car c’était aussi ses adieux au hand, à lui aussi ! » Xavier Labigang est comme ça. Un coéquipier modèle, investi et impliqué dans le collectif, qui savoure son bonheur de vivre le handball de haut niveau, tant dans l’adversité que la camaraderie du vestiaire. Un chemin loin d’être tracé dès le départ…

Originaire d’Alsace, il oscille d’abord entre foot et hand, avec un penchant assumé pour l’attaque, basé sur des qualités de vitesse et une appétence pour le but. L’amour paternel pour la petite balle pégueuse et deux grandes sœurs aussi passées par là font pencher la balance à l’adolescence : « Je me suis plus retrouvé dans la mentalité du hand et je trouvais aussi le parcours pour évoluer plus simple et accessible… », rembobine-t-il.

« Voir jouer les séniors de mon club de Cernay donnait l’envie d’être un jour à leur place »

Moins élitiste, aussi, à l’évidence, pour un garçon qui évolue alors dans sa ville de Cernay, avec comme premier critère de choix, celui d’évoluer avec les copains et de prendre du bon temps : « Gamin, je n’imaginais pas une carrière pro, c’est certain mais j’avais envie de jouer en N1, dans l’équipe fanion de mon club. Les voir jouer nous donnait l’envie d’être un jour à leur place et déjà, il y avait du boulot ! »

S’il n’est pas pris au Pôle Espoir, le jeune Xavier remplit son premier « objectif » en gagnant sa place en équipe première au gré des années. Il y évolue deux ans, tout en validant son BTS en chauffage et climatisation. Il embrasse ensuite une carrière chez Engie et connait son premier changement de club, direction le voisin, Belfort, toujours en N1 : « Cernay relégué, j’avais l’envie de rester à ce niveau-là et j’avais toujours les copains et le boulot qui venaient se combiner à mon activité hand. »

Deux nouvelles saisons sont disputées, l’ailier gauche monte en régime et tape dans l’œil de Besançon, descendu en Nationale Une. En fin de saison 2018-19, des contacts sont pris mais l’heure n’est pas encore au décollage. Xavier change de club, mais reste en N1, direction Mulhouse, où un gros projet se met en place : « Comme pour Belfort, le choix était basé sur la compétitivité mais aussi, la proximité de mon cadre. Pourtant, tout va s’accélérer… »

Découverte de la Proligue puis de l’Europe en trois ans, une ascension express…

Du côté de Besançon, l’ailier de l’époque se blesse et Dragan Zuvko, coach du club bisontin, se souvient de « l’ailier de Belfort ». Demande de joker médical, au bout de deux mois, et cap sur la Proligue mais surtout, le monde pro ! Le hasard faisant bien les choses, Xavier connait ses premiers déplacements à Limoges puis… à Cesson : « Je suis passé dans une autre dimension, clairement.

Depuis toujours, je jouais dans des gymnases avec les tracés de tous les sports possibles au sol à la Glaz Arena avec son parquet, ses tribunes, ce public… C’était dingue ! Tu n’as plus que le hand à penser, toute la journée, à te préparer. C’est autre chose et j’ai mis quelques semaines à prendre le rythme. C’était aussi la première fois que je quittais la maison… »

Loin de rester les yeux écarquillés, l’ailier alsacien se met au boulot et très vite au niveau, même si son club navigue difficilement en bas de tableau. Début 2020, le COVID arrive. On connait la suite, non sans deux autres clins d’œil du destin : « Nous jouons notre dernier match officiel contre Cesson, début mars 2020, que nous perdons d’un but…

Avant d’ajouter : « Pour l’anecdote, ce n’était pas vraiment le dernier, puisque nous jouons le seul match de la journée, une semaine après, contre Cherbourg. Ce match est finalement annulé par la Ligue, au moment du gel des classements, car tous les autres n’avaient pas pu se jouer. C’est dommage car j’avais réussi ce jour-là ma meilleure ligne de stats, avec dix buts inscrits… »

209 buts en 54 matchs disputés à Besançon

Un destin taquin, un championnat arrêté mais un joueur qui a, en une demi-saison, validé les espoirs placés en lui. En trois saisons dans le Doubs, malgré la saison COVID, « où sans le public, nous entendions peut-être mieux les cris de joie sur un but ou les encouragements des coéquipiers », Xavier Labigang inscrit 209 buts en 54 matchs disputés.

Suffisant pour être repéré à l’étage du dessus, et pas par n’importe qui. Thierry Anti et Aix se penchent sur son cas, d’abord pour le recruter par anticipation lors de l’hiver saison 2021-2022, demande refusée par Besançon. Le contrat est quand même signé pour la saison suivante et le décollage pour l’élite effectif en juillet 2022, dans le Sud de la France, avec en prime, une qualification européenne pour les Aixois.

Un rêve éveillé pour le joueur : « Franchement, jouer avec des mecs comme William Accambray, Romain Lagarde, Wesley Pardin, Nicolas Claire ou encore Youssef Benali, c’était fort mais je n’étais pas venu pour les regarder. » Sans complexe, en binôme avec Mathieu Ong et son « poignet impressionnant », le néo-Aixois grapille et prend le temps de jeu qu’on veut bien lui donner.

« Cesson, de l’extérieur, c’est quelque chose »

La progression est linéaire, sa vitesse fait effet et sa place dans la rotation lui offre quelques grands moments, comme une victoire à Benidorm ou les oppositions avec le Ferencvaros. Sur le sol français, la victoire lors de sa seconde saison du côté de la H Arena reste solidement ancrée. Au PAUC, il inscrit 107 buts en 55 matchs à 73 % de réussite. Plutôt convaincant !

Vient alors le temps d’un nouveau départ, dans la quête d’accroitre un temps de jeu fortement squatté par son collègue d’aile, Mathieu Ong. Cesson se manifeste à l’automne et les choses se font naturellement : « Il y avait à Cesson tout ce que j’avais envie de retrouver : un groupe stable, avec des mecs qui se connaissent et un chamboulement moins important chaque été qu’à Aix.

Le fait d’arriver dans un groupe en place avec ces aspects-là était rassurant et très motivant, d’autant que Cesson, de l’extérieur, c’est quelque chose. Avec Aix, quand il fallait aller à la Glaz, nous savions que nous allions nous faire bouger bien comme il faut. J’ai toujours été attiré par ce côté combatif dégagé par le club et je ne suis pas déçu ! »

« J’ai envie de devenir l’un des leaders de cette équipe »

Depuis juillet dernier, alors qu’il a la lourde tâche de prendre la place de Sylvain Hochet à l’aile gauche, « sans n’avoir jamais eu la pression de le remplacer, littéralement », Xavier Labigang apporte sa vitesse, son goût de la défense, son excellent état d’esprit et une personnalité parfaitement intégrée au vestiaire.

Avec, devant lui, l’envie d’en offrir encore plus : « Je veux franchir un palier sur 2025, être encore plus impactant et prendre aussi ma place dans le groupe où beaucoup de monde part l’été prochain. J’ai envie de devenir l’un des leaders de cette équipe, aujourd’hui et demain, et je vois qu’avec ce que nous avons fait de bon, et de moins bon, jusqu’ici, il y a vraiment le potentiel pour se maintenir et bien faire. C’est à nous de jouer ! »

Le public de la Glaz Arena ne demande lui non plus pas mieux, et l’ailier venu de l’Est est bien décidé à partir désormais à la conquête de l’Ouest pour écrire une nouvelle page teintée de succès et de réussite, quitte pour cela à refroidir et climatiser, voire « Glazer » les défenses et gardiens adverses !

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.