L’exploit n’est pas passé inaperçu et l’intéressé prétend qu’il était là au bon endroit, au bon moment. Arnaud Le Berre, 22 ans, a en tous cas attiré les lumières ce mois-ci en s’offrant un quintuplé en 20 minutes, fait rarissime, contre Plaisir. Mais au-delà de la performance individuelle, le numéro 13 rennais se réjouit d’entrer dans un money-time avec son équipe à quelques semaines du début des play-offs tant attendus. Depuis les tribunes du Vélodrome à regarder les copains dominer Domont, il affiche la couleur.
Te voilà en tribunes de dimanche pour la venue de Domont, un petit pépin ou une rotation logique ?
C’était prévu ainsi, c’est repos ce dimanche. Nous enchaînons un bloc de sept matches. Nous avons un effectif conséquent et du coup, la chance de pouvoir faire tourner sans affaiblir l’équipe. De plus, j’avais un tournoi à sept avec la Fac donc c’était compliqué d’enchaîner et inutile de risquer la blessure.
Est-ce une surprise pour vous, les joueurs, d’avoir ainsi survolé la poule cette saison ?
Oui et non. C’est une surprise par exemple d’avoir su gagner à Bobigny. On y allait avec la volonté de faire un résultat mais de là à gagner… Après, nous mettons les ingrédients dans le travail. Nous sommes réguliers et il y a un gros effectif. Nous sommes dans les temps de nos objectifs. Néanmoins tout reste à faire…
Avec ces fameux play-offs ?
Exactement. Il faudra répondre présents sur quatre matches et en gagner deux et être devant à la différence des points. Si on continue sur notre dynamique, nous devons terminer en tête de notre poule, ce qui permettra de recevoir pour le huitième retour. C’est un vrai avantage.
Le vrai objectif, ce n’est pas la phase finale, c’est la Fédérale Une ?
Evidemment, oui. L’an passé, nous découvrions mais cette saison, l’ambition est de monter en F1. Le club a ses ambitions, que nous avons portées sur le terrain. Nous avons envie d’aller nous frotter au niveau du dessus.
L’an passé, vous étiez passé tout près. Qu’est ce qui a changé ?
Nous découvrions les phases finales et le club n’avait pas la priorité de monter. Nous étions tombés sur une équipe d’Orsay qui connaissait bien ces rencontres et nous étions plus jeunes, avec moins d’expérience. Cette saison, c’est différent, le vécu accumulé doit nous donner d’autres armes.
Comment cela se passe-t-il avec votre duo d’entraineur
J’ai la chance de les avoir connus avant de jouer au REC, avec la FAC. Je savais qu’il y avait déjà une très grande complicité entre eux. Ils se complètent parfaitement. Ce que l’un n’a pas la volonté de faire l’autre s’en charge et leurs qualités se complètent. Quand Yann pousse une gueulante, on se fait petit. On la ferme et on se remet en cause. Avec Kévin, c’est pareil. A l’entraînement, Yann travaille avec les trois quarts et Kévin les avants. Yann intervient plus sur les séquences de mouvements général et Kévin sur les styles du mouvement général. Cela offre deux visions qui se complètent bien.
Un mot sur ton exploit personnel de la semaine dernière. C’était une première, cinq essais dans le même match…
Même en jeunes, je n’avais jamais fait ça ! Je ne suis pas forcément prédisposé à ça, je n’avais pas beaucoup scoré cette saison. Sur ce match-là, c’est l’équipe qui réalise 30 grosses minutes où ça joue parfaitement. J’ai eu de la chance d’être au bon endroit, au bon moment, il y a de la réussite. Cela va me coûter cher, forcément, je dois payer au niveau de la caisse noire, en plus de l’interview que nous réalisons en ce moment, il y a eu un article sur le « rugbynistere ». Mais bon pour le bien du collectif, ça vaut le coup de marquer !
Comment vis-tu ta saison dans le collectif réciste ?
Cette année, j’ai joué au poste de numéro 13. L’an passé, j’étais plus à l’aile ou à l’arrière et j’étais passé au centre en fin de saison. J’ai gagné en repère par rapport à la saison dernière. J’ai plus de confiance sur ce poste-là et je remercie Yann de m’avoir placé ici. Je m’y retrouve mieux. Je suis épanoui à ce poste, j’ai de plus en plus de repères. Avant que Yann arrive, je jouais sur un poste de 15 ou d’ailier.
Dans le cadre du double-projet, quelle est ton activité à côté des quintuplés sous les couleurs du REC ?
Je suis conseillé technique départemental et employé au comité rugby. J’interviens également sur le rugby à 7 à la FAC. J’aide les clubs dans leurs projets, je rassemble tout le monde autour d’un projet sur le département pour faire évoluer le niveau des joueurs. Je suis aussi en charge de la sélection de Bretagne des moins de quinze ans. Je vis, je respire et je dors rugby !
De là à t’imaginer coach dans quelques années il n’y a qu’un pas ?
J’ai eu la chance de passer mon DE l’an passé avec Kévin en tuteur. Il m’a vraiment donné l’envie d’entrainer et c’est aussi pour cela que j’ai pu avoir mon poste à la fédé. Mon envie, à terme, ce sera probablement de coacher même si j’ai bien sûr toujours très envie de jouer. Je ne pourrais pas m’en passer pour le moment, je n’ai que 22 ans mais à terme, le coaching m’attire vraiment et je profite de chaque opportunité pour apprendre.
J. Bouguerra