Handball – Cesson : Mate Sunjic : « J’ai senti que c’était le moment pour moi d’aller voir ailleurs »

Interview avec le nouveau gardien cessonnais Mate Sunjic.
Mate Sunjic nouveau portier des Irréductibles. @Crédit photo : JRS

Après dix ans passés en région parisienne, à Créteil puis à Ivry, l’expérimenté Mate Sunjic a décidé de rallier la Bretagne pour les deux prochaines saisons. À 37 ans, le gardien des Irréductibles garde une motivation intacte et n’a qu’un seul objectif, continuer à performer afin d’emmener son nouveau club le plus haut possible.

Comment se déroulent tes premières semaines au club ?

Tout se passe très bien et je n’en doutais pas car j’ai aussi de l’expérience à ce niveau-là. Je connaissais un peu le club, le monde du handball reste petit, et j’avais déjà évolué avec certains joueurs comme Théophile Caussé, Youenn Cardinale ou encore Thibault Minel, notre préparateur physique.

Il y a aussi la grande majorité des joueurs que j’ai affrontés sur les terrains de Starligue. J’ai découvert des gars avec des bonnes valeurs humaines et un bon état d’esprit. Même au-delà du terrain, au sein du club de façon générale. Le staff nous a également bien accueillis et a été bienveillant avec les nouveaux. Je suis très content de ces deux premiers mois !

À quand remontent les premiers échanges avec Cesson ?

Vers octobre-novembre, l’idée était déjà mûre dans ma tête et je voulais chercher un nouveau défi. Dès Noël, nous nous sommes mis d’accord avec Cesson. De leur côté, il fallait aussi remplacer les départs de deux gardiens expérimentés (ndlr : Arnaud Tabarand et Alejandro Romero). Plus tôt ça se fait dans une saison, mieux c’est pour tout le monde.

Arnaud Tabarand a marqué le club lors de ses deux saisons en Bretagne, est-ce une pression supplémentaire de lui succéder ?

Je ne crois pas qu’il soit utile de comparer. Nous ne pouvons pas changer ce qui a été fait et bien fait. Je suis le premier à me mettre la pression sur mes performances et je suis déjà très exigeant envers moi-même. Je n’ai donc pas besoin de me rajouter une pression supplémentaire. C’est une situation que j’ai déjà connue dans ma carrière quand j’ai remplacé François-Xavier Chapon à Ivry. Il était capitaine de l’équipe et a joué toute sa carrière là-bas. Je fais mon job et je sais pourquoi je suis là.

Rejoindre Cesson, c’est aussi quitter la région parisienne après dix ans dans la capitale. Pourquoi ce choix ?

Effectivement, j’ai passé une décennie dans la région parisienne. J’adore toujours autant et j’ai beaucoup aimé mes années là-bas. Cependant, j’ai senti que c’était le moment pour moi d’aller voir ailleurs. Il y a eu beaucoup de départs à Ivry et même s’il me restait un an de contrat, j’ai aussi exprimé le souhait de partir. Comme j’ai été fidèle au club, j’ai pu rejoindre le CRMHB.

Le projet cessonnais était le plus intéressant pour moi. Que ce soit dans l’état d’esprit affiché par l’équipe depuis plusieurs années, les ambitions, mais aussi le développement que je suis depuis que je suis en France. Je sais que c’est un bon club et j’ai vite pris ma décision. La Glaz a aussi permis au club de se développer.

Il y a encore quelques années, ils jouaient au Palais des sports et pour suivre l’évolution du championnat, il fallait changer. Ici, il y a tout ce qu’il faut pour performer et viser plus haut. Le sportif prime bien sûr, mais quand nous pouvons rajouter la qualité de vie, ça joue également. J’ai vu beaucoup de coins en France et ici, il y a la chance de vivre dans l’une des plus belles régions du pays.

« Pour l’instant, je suis focalisé sur mes performances comme si j’avais 18 ans ! »

Avec autant d’années d’expérience, comment un gardien progresse-t-il sur son poste ?

Il y a la fameuse expression qui dit qu’un bon vin s’améliore avec le temps. Je pense que ce n’est pas une question d’âge, celui-ci n’est qu’un chiffre et que le plus important reste d’être toujours motivé. Cependant, avec les années, nous voyons malgré tout mieux les choses. Nous lisons mieux le jeu, les tirs. Tu appréhendes différemment la pression des matchs et tu apprends aussi de toi-même.

L’expérience ne s’achète pas et en plus, j’ai eu la chance d’être très peu blessé. Nous pouvons prendre du recul sur notre façon de faire certaines choses et nous avons ensuite la possibilité de modifier certaines techniques pour être plus efficace. C’est également le cas pendant la préparation, tu sais à quel moment il faut appuyer pour être, au moment venu, au meilleur de ta forme.

Comment se passe la collaboration avec Milos Mocevic et Yann Pichon ?

Yann s’est blessé au genou en fin d’année dernière et ça l’a un petit peu poursuivi durant la préparation. Il commence à s’entraîner de nouveau avec nous et il y a tout un travail d’accompagnement aussi avec le staff. J’étais aussi en binôme avec des jeunes gardiens à Ivry et à Créteil, et j’aime transmettre. Milos revient lui d’une grave blessure. Je suis content qu’il soit bien revenu et qu’il soit en bonne santé. J’ai découvert un super mec et nous passons aussi beaucoup de temps ensemble en dehors du terrain.

Je suis convaincu que notre paire va bien fonctionner. Même si Milos est plus âgé que Yann, si je peux lui apporter quelque chose, je le ferai. Je ne vois vraiment pas ça comme de la concurrence. Nous sommes une équipe et mes adversaires ne sont pas Milos et Yann. Dans ma carrière, j’ai évolué avec des gardiens plus anciens qui m’ont accompagné et si désormais je peux accompagner avec mon bagage, et qu’ils acceptent, ça sera avec plaisir.

Ça avait déjà été le cas avec Dylan Soyez qui est maintenant à Nîmes. Je suis très heureux d’avoir pu lui apporter dans sa progression. C’est toujours l’équipe qui prime devant les individualités. Bien sûr, pour que l’équipe performe, il faut aussi que les individualités performent, et je fais simplement en sorte de toujours vouloir réaliser le plus grand nombre d’arrêts à chaque match.

As-tu déjà pensé à l’après-handball ?

Même si j’ai 37 ans, je n’ai pas encore vraiment pensé à ma retraite sportive. J’ai toujours envie de jouer et de performer. Je ne vais pas me priver de mon plaisir et de la chose que j’aime le plus faire au monde. Certes, je sais que je suis plus proche de la fin que du début, mais j’ai encore envie. Si je devais me poser et me demander, un jour qu’est-ce que je pourrais faire ? J’aime la transmission du handball et je suis diplômé dans l’ingénierie informatique.

Dans un monde idéal, ça serait de faire les deux (rires). Dans les mathématiques, pourquoi pas être professeur, et à côté, aider dans un club de handball en étant, pourquoi pas, entraîneur des gardiens. Mais j’y réfléchirai plus tard, pour le moment, je suis focalisé sur mes performances comme si j’avais 18 ans !

Signature du journaliste.