Revenus tout auréolés de leur médaille d’argent obtenue avec les Bleuets, Arnaud Kalimuendo et Adrien Truffert étaient attendus dans le grand chambardement du mercato et auraient pu aussi quitter la Bretagne cet été. Le voulaient-ils ? Peut-être, mais les deux sont toujours là et vont compter dans la réussite de la saison.
Francfort, Stuttgart puis la Juventus évoqués pour l’un tandis que le PSG ou l’Angleterre l’étaient pour l’autre. Après avoir eu des étoiles plein les yeux lors des JO de Paris, Arnaud Kalimuendo et Adrien Truffert avaient de quoi ne plus toucher terre tant les rumeurs les ont envoyés tour à tour dans des clubs « Ligue des Champions » ou européens, pour un nouveau défi.
Il n’en fut finalement rien, et Rennes peut souffler : « Adrien Truffert et Arnaud Kalimuendo sont des pièces maitresses de l’équipe, sur qui nous comptons », déclarait en juillet Frederic Massara. Des mots également employés pour d’autres joueurs, finalement partis, mais cette fois-là, le directeur sportif italien a eu gain de cause et a pu garder ses deux jeunes internationaux. Mais dans quel état d’esprit ?
Stuttgart, la Juventus et finalement Rennes pour « Kali »
Au printemps, les chances de voir Arnaud Kalimuendo rester à Rennes s’amenuisaient à mesure que les contre-performances rennaises s’empilaient. Pas assez impliqué pour certains, pas adapté pour d’autres, l’ancien du PSG et de Lens devenait une cible facile malgré des stats tout à fait honorables pour sa seconde saison rennaise avec 15 buts toutes compétitions confondues, contre 12 lors de la première. Pas de quoi refroidir Thierry Henry, qui l’embarque avec lui dans l’aventure Jeux Olympiques.
Une aubaine pour le joueur mais aussi pour le club, qui imagine la cote de son joueur probablement à la hausse en cas de tournoi réussi. Celui-ci sera satisfaisant, avec une place en finale, un but inscrit mais sans doute une déception quant au temps de jeu. Pendant ce temps, le mercato hyperactif du Stade Rennais pouvait laisser à penser à un départ, avec de vrais postulants frappant à la porte. Encore fallait-il trouver un club prêt à s’aligner sur la somme demandée, autour des 25 M€… L’affaire n’était pas gagnée.
Arnaud Kalimuendo : « J’avais l’habitude d’évoluer dans ce style à Lens, j’y ai mes repères »
L’intérêt de la Juve jusqu’au bout du mercato, semait le doute mais « Kali », qui avait clairement laissé la porte ouverte à un départ dès le printemps, rempilait donc bien au Roazhon Park pour au moins six mois, en attendant le prochain mercato d’hiver où son prix pourrait bien grimper s’il continue sur ses bases de début de saison (3 buts en 6 matchs) dans un système, pour le moment en 3-4-3 et muable en 3-5-2.
Un système dans lequel il avoue mieux se sentir, comme il l’expliqua en zone mixte après la victoire sur Montpellier (où il marqua même… de la tête !) : « J’avais l’habitude d’évoluer dans ce style à Lens, j’y ai mes repères. On va voir sur la durée. Être 9 dans ce système, c’est une question d’animation avec les joueurs autour qui vont créer les opportunités. Moi, je me sens bien comme ça et nous allons tout faire pour continuer. Nous ne sommes qu’au début du chemin et on sait où on veut aller. »
La dernière année à Rennes pour Adrien Truffert avant l’Angleterre ?
Plus bas sur le terrain, son comparse, Adrien Truffert, postulait lui aussi à changer d’air après avoir notamment vu ses opportunités de départs s’évaporer à plusieurs reprises, notamment lors du dernier mercato d’hiver où l’OM était bouillant pour l’accueillir. Titulaire dans l’équipe de Thierry Henry pendant le tournoi des JO, celui qui compte aussi une sélection chez les A de Didier Deschamps a pris de l’épaisseur. Il a vu sa cote grimper sérieusement.
Le PSG serait même venu aux informations, tout comme l’OM, toujours intéressé ainsi que la Premier League, très attentive à la progression du Franco-Belge qui fêtera ses 23 ans en novembre. Pour autant, pas d’offre et une année de plus en perspective, donc, sur les bords de la Vilaine.
Revenu quelque peu émoussé, le joueur commence à retrouver ses sensations, qui plus est là aussi dans un système tout à fait adapté aux qualités du joueur : projection vers l’avant, longues courses près de la ligne et couverture derrière lui d’Alidu Seidu pour le sécuriser des absences parfois constatées dans une défense à 4. Qu’on se le dise, Adrien Truffert a devant lui un tapis rouge déroulé pour performer mais aussi, enchaîner les matchs, faute de concurrence d’un latéral gauche de métier dans l’effectif rennais.
Adrien Truffert : « C’est clair avec le club, on est sur la même longueur d’ondes »
Pas de quoi désarçonner un garçon toujours aussi tranquille et à l’aise au moment de s’exprimer : « Je sais que ces périodes de mercato peuvent être difficiles pour certains joueurs, mais moi, je veux me concentrer sur le foot et m’entraîner. J’ai des agents, je leur délègue cette partie-là. Quoiqu’il arrive, je suis heureux ici. J’ai montré que je l’étais, mais je ne ferme aucune porte.
C’est clair avec le club, on est sur la même longueur d’ondes, et il n’y aura pas de coup de travers ou de conflits. Je suis ici depuis neuf ans et Rennes restera mon club formateur. Je suis heureux ici, ça c’est sûr. On verra la suite. » Celle-ci paraît faite de centres, de montées et de frappes dans un couloir gauche où son rôle sera décisif et son entente avec Jota sera très attendue et très observée.
Gare au surmenage !
S’ils sont revenus la médaille autour du cou avec une expérience internationale accrue et un statut renforcé, les deux joueurs ont aussi connu un été sans pause et il sera important de surveiller de très près leur évolution physique. Titulaire depuis la 2e journée pour le gaucher blond rennais et depuis la 3e journée pour l’ancien « Sang et Or », les deux hommes bénéficient à l’évidence de la confiance de Julien Stéphan, qui compte sur eux tels des repères dans un effectif où le onze est à construire au fil des semaines en fonction des affinités naissantes à l’entraînement et en match.
L’âge n’est pas en frein en cela et leur antériorité dans l’effectif leur impose de facto plus de responsabilités. Le revers de la médaille pour ces deux garçons désormais parés d’agent consiste donc en une attente plus grande sur leurs épaules, une exigence individuelle à s’imposer plus forte encore et un droit à l’erreur réduit, le tout avec une condition physique qui, à un moment ou un autre, réclamera un peu de repos.
De quoi se prendre les pieds dans le tapis, oui, mais aussi et surtout l’opportunité de franchir un cap réel avec Rennes et de ramener le club à sa place, dans le Top 5 de notre Ligue 1, avant d’aller peut-être vivre pour l’un comme pour l’autre une première expérience à l’étranger, afin de franchir la dernière marche vers un destin international auxquels ils prétendent. S’ils y parviennent, tout le monde aura été gagnant et l’argent, avec ou sans médaille, continuera sans doute de faire le bonheur de tous.