S’ils demandent du temps pour accomplir leur desseins respectifs (et communs ?), Julien Stéphan comme Fréderic Massara savent qu’ils n’en auront pas indéfiniment. L’un comme l’autre auront vite des comptes à rendre, bien que le club ait annoncé une année de transition. L’automne à peine là, il y a déjà urgence !
Déjà beaucoup de points laissés en route…
Le constat est indiscutable et pose de nombreuses interrogations, voire suscite l’inquiétude. Des trois défaites à l’extérieur, aucune n’a son lot de regrets collé aux basques et c’est bien cela le plus inquiétant ! Dominé et noyés à Strasbourg (3-1) par l’enthousiasme et la jeunesse alsacienne, Rennes n’a guère plus convaincu à Reims où il ne sembla jamais en mesure de ramener quelque chose puis a gentiment tendu la joue à Paris, face à un adversaire supérieur, ce qui n’était pas le cas du Racing ou du Stade de Reims.
Quand il s’est imposé, Rennes l’a fait nettement, 3-0, face à un Lyon hors sujet ce soir-là, puis face à Montpellier, qui jouera sa survie cette saison. Deux victoires qui ont leur lot de satisfactions, du positif mais qu’il ne faut pas prendre pour un tarif maison symbolisant une machine de guerre. Non, Rennes n’est pas du tout un rouleau-compresseur, très loin de là, et ne compte que 7 points sur 18 dans la besace, en ayant bêtement lâché deux face à Lens à domicile dans un match maîtrisé à défaut d’être brillant.
Toutes les pièces du puzzle sont enfin là, tardivement, mais l’assemblage n’est pas encore effectif. Il y a du travail pour Julien Stéphan qui concédait avoir trouvé un schéma de jeu début septembre alors que l’on aurait pu imaginer un recrutement adapté au plan tactique du coach et non l’inverse… Devant, au classement, les locomotives sont déjà lancées. Attention de ne pas avoir trop de wagons de retard sous peine de rater les destinations européennes…
Des recrues au niveau inégal
Avec dix recrues pour l’équipe première, le Stade Rennais a choisi un renouvellement en profondeur. Pourtant, à Paris, comme face à Lens, la majorité des joueurs présents sur la pelouse l’étaient déjà la saison passée : Mandanda, Assignon, Wooh, Truffert, Santamaria, Kalimuendo, Blas (ou Gouiri), Seidu, Matusiwa… Seuls Albert Gronbeak et Hans Hateboer, pour le moment, semblent tirer leur épingle du jeu, après que Leo Ostigard a débuté la saison avant de revenir titulaire, et dans le dur, à Paris.
Utilisé également, Glen Kamara a rejoint le banc en raison de soucis personnels et au détriment d’une paire Santamaria-Matusiwa semblant être pour le moment prioritaire. Mais pour les autres… Jota à court de condition et pas encore opérationnel, se fait attendre après quelques minutes disputées contre Montpellier. Il sera probablement disponible après la trêve internationale. Andrés Gomez, Henrik Meister, Jordan James et Mikayil Faye sont cantonnés au banc de touche et n’ont que quelques miettes à se mettre sous la dent tandis que Naouirou Ahamada, arrivé en toute fin de mercato de Crystal Palace, n’a pas encore pu se montrer.
Autant d’interrogations sur ces nouveaux joueurs labélisés Fréderic Massara dont aucun n’a pour le moment cloué l’assistance et gagné des galons de titulaire indiscutable aux yeux du coach, exception faite peut-être d’Albert Gronbeak, à l’évidence inspiré et capable d’enflammer le Roazhon Park. Celui-ci a encore de la patience pour ses nouveaux joueurs mais commence aussi à s’impatienter de ce défilé de nouvelles têtes. Après cette seconde trêve internationale, le temps et l’adaptation ne seront plus suffisants en guise d’explication.
Un état d’esprit en question
Bien sûr, chaque joueur qui rentre sur le terrain veut gagner et ne peut se satisfaire de temps de jeu s’il n’est pas victorieux. Ok, une fois le constat fait, il y a aussi la hargne, l’agressivité, la haine de la défaite et le goût du combat qui font un groupe, une identité, une équipe. Tout cela, le Stade Rennais le cherche encore, comme il est encore en quête d’un équilibre entre nouveaux et anciens, entre défendre haut et attaquer patiemment.
Dans les chiffres, avec 13 cartons jaunes en six matchs et aucun rouge, on voit que l’excès d’agressivité ne caractérise pas une équipe qui accepte peut-être pour le moment trop facilement son sort comme lors de ses trois défaites. Du tempérament, il y en a mais celui-ci doit se révéler dans l’adversité et monter d’un cran. Julien Stéphan doit il hausser le ton ? A-t-il son groupe prêt à aller au combat avec et pour lui ? L’unité est-elle de mise à tous les étages ?
Alors que Monaco puis Brest et Le Havre vont croiser la route des Rouge et Noir en octobre, les réponses à ces questions arriveront dans les semaines à venir, où il ne faudra pas paniquer en cas de mauvais résultats mais aussi regarder froidement les contenus pour savoir si la mue du Stade Rennais, souhaitée et décidée cet été, prend forme ou non. Reste avoir quelles actions seront alors décidées, dans une saison certes de transition, mais devant être meilleure que la précédente. Un défi d’ores et déjà lancé qui ne sera pas simple à accomplir.