Aux côtés de Sébastien Leriche, Yann Lemaire, revenu comme entraîneur-adjoint il y a trois ans à Cesson où il avait évolué en tant que joueur fin des années 90, ne ménage pas ses efforts pour redresser une situation jusqu’à maintenant compliquée. Prônant la solidarité, le redoublement d’efforts et le travail, il continue à juste titre de croire en de meilleurs lendemains.
Après deux années en eaux calmes, le CRMHB est en plus grande difficulté cette saison. Comment expliques-tu ces trois premiers mois compliqués ?
Il y a plusieurs critères à considérer. Déjà, on nous connaît mieux. L’équipe bouge peu dans sa composition depuis deux saisons et nous sommes clairement identifiés et attendus. On peut parler de respect, d’être craint mais je dirais surtout que tout le monde dans ce championnat est ultra-préparé. De plus, tout le monde ou presque s’est renforcé fort cet été, la densité et le niveau de la Starligue ont encore grimpé d’un cran. Nous n’avons pas des moyens financiers pour le moment permettant de faire des folies, avec l’un des plus petits budgets du championnat. Nous faisons des paris, misons sur des joueurs qui ont aussi besoin de temps pour intégrer nos idées et plans de jeu, cela ne se fait pas en claquant des doigts. D’autant plus que nous avions fait le choix de partir sur un nouveau projet de jeu, qui pour le moment, n’a pas encore offert ce que l’on en attendait. Enfin, la stabilité nous fait défaut, que ce soit dans les performances comme dans l’équilibre global de l’équipe.
Ce projet de jeu, Sébastien Leriche l’a évoqué dans nos colonnes, avec la volonté de marquer plus de buts. Après 11 journées, le compte n’y est, pour le moment, pas…
Nous avons pensé, au gré de nombreuses réflexions menées, que les données factuelles indiquaient qu’il fallait marquer plus de buts, quitte à encaisser plus. Lors des premiers matchs de préparation, cela passait mais dès que le niveau s’est haussé en face, ce fut autre chose. L’an passé, notre défense était dominante, Arnaud Tabarand dans une année exceptionnelle et peut-être que cela a un peu masqué les apparences. On le voit, nous marquons plus mais hélas, encaissons aussi beaucoup plus de buts et profitons de bien trop peu de contre-attaques. Par exemple, lors du match face à Dunkerque, nous avons marqué 25 buts sur 29 en attaques placées. C’est un ratio très important mais nous savons aussi que nous ne sommes pas une équipe qui peut gagner tous ses matchs en marquant 35 buts. Nous allons essayer de rééquilibrer tout cela, de revenir aux fondamentaux pour reconstruire peu à peu une stabilité.
Ce mot revient en boucle, associé à la confiance. C’est aujourd’hui ce qu’il manque au CRMHB ?
Clairement, oui. On a besoin d’être stables pour retrouver plus de certitudes, de sérénité. On subit trop, globalement, les temps forts de nos adversaires sans réussir à bonifier au mieux les nôtres. Les erreurs individuelles nous plombent systématiquement et à partir de là, c’est compliqué. Nous n’avons jamais été baladés, à part contre Toulouse peut-être, mais au final, nous ne prenons pas assez de points et retrouvons une zone que nous avions abandonnée depuis deux ans.
« Nous sommes des passionnés, impliqués et chaque défaite fait mal »
Quels sont les leviers pour sortir de là intacts, avec des adversaires construits, eux, pour la lutte du maintien ?
Nous le sommes aussi, dans ce « championnat ». Nous savons très bien qu’aujourd’hui, il n’y a presque pas de marge entre le 9e du championnat et le 14e. J’ajoute que les promus sont de très bonne qualité, avec des postes doublés, beaucoup d’atouts et que nous avons performé ces deux dernières années sans jamais nous voir trop beaux ou arrivés à quoi que ce soit. Chaque début de saison, toute le monde repart à zéro et une nouvelle histoire démarre. Lutter pour le maintien, ce n’est pas une sanction ou une honte, loin de là, surtout dans ce championnat où, on le voit, hormis le trio habituel, tout le monde peut battre tout le monde. Pour ce qui est des leviers, il n’y en a pas de cachés, que nous aurions ignoré, planqué quelque part. Nous avons horreur de la routine, nous essayons toujours beaucoup de choses mais là, il va devenir compliqué d’inventer quelque chose. Nous allons continuer d’appuyer sur le travail, peut-être, sinon plus, encore mieux, et gagner encore en rigueur et en exigence dans la durée. Ce groupe est sain, les mecs intelligents, matures. Personne ne triche et personne ne se satisfait d’être là aujourd’hui. C’est aussi pour cela que tout le monde veut sortir de ce mauvais pas, ensemble, sans fuir ses responsabilités. Il faut en revanche redoubler d’efforts dans des domaines impondérables, et ce des deux côtés du terrain.
Avec Sébastien et Thibault, l’entente, malgré ces résultats négatifs, reste-t-elle bonne ?
Je mentirais si je disais que nous ne sommes affectés par ce qui se passe. Ça nous touche, peut-être même trop, si je parle à titre personnel. Après une défaite à la Glaz, nous restons parfois une heure et demie dans notre bureau à refaire le match, réfléchir, identifier nos lacunes. Il y a des silences aussi. On nous dit parfois de monter pour rejoindre les partenaires, les familles… C’est dur, nous sommes des passionnés, impliqués et chaque défaite fait mal. C’est une solitude intime, compliquée à gérer, vraiment, même quand on retrouve la maison. J’ai des fois du mal à retrouver mon rôle de papa, de mari, une fois rentré. Néanmoins, le boulot est de se projeter directement sur la suite, chercher et trouver des solutions, des idées. Nous sommes tous les trois soudés et avons aussi le soutien de notre direction, qui a plutôt des mots bienveillants. Ils n’ont pas la mémoire courte et savent aussi ce qui est possible dans ce championnat et ce qui ne l’est pas. On fait des erreurs, évidemment, tout n’est pas parfait mais on ne pourra jamais nous reprocher de ne pas assez bosser. Cela va finir par payer, nous en sommes toujours convaincus !
« Il faudra compter avec nous, peu importe qui sera en face »
Ton métier d’adjoint change-t-il dans une période comme celle-ci ? Requiert-il de plus de prérogatives, ou de psychologie vis-à-vis des joueurs ?
Sincèrement, on continue de travailler de la même manière, même si on essaie, comme je le disais, de bousculer le quotidien. Chacun a ses tâches et ses rôles dans la semaine, nous travaillons avec Thibault de concert, ce qui n’empêche pas que Seb’ prend les décisions. Il en prend beaucoup actuellement dans la tête mais reste droit, nous protège. Je suis en train de passer actuellement mon diplôme T6, pour pouvoir entraîner au plus haut niveau et il me donne beaucoup de conseils, de choses à faire, est généreux dans le quotidien de notre boulot. C’est top et je lui suis très reconnaissant de cela. Tactiquement, j’apprends beaucoup à ses côtés, il m’a énormément fait évoluer sur l’aspect offensif, les associations de joueurs, les préparations de match en lien avec les projets spécifiques pour chacun d’eux. Malgré les résultats, et c’est pareil pour les joueurs, il y a des progrès et une entente qui n’est pas conditionnée par les résultats.
« Ce ne serait pas pro de ne pas être convaincus de nos chances. On voit le travail effectué par chacun à son niveau, au club. Ça bosse, des joueurs à nos bénévoles et le travail va finir par payer. »
Les joueurs cherchent peut-être, eux, l’oreille ou le réconfort de l’adjoint…
Je sais que dans le foot, c’est courant mais sincèrement, moins chez nous. Est-ce dû à la construction de notre groupe ou à notre fonctionnement ? Je ne sais pas mais chez nous, un joueur qui a besoin de parler vient autant voir Sébastien que moi-même. Il n’y a pas de secret ou de non-dits, et tant mieux, car je ne pense pas que cela serait constructif.
Le championnat est encore long et une remontée possible. A-t-on raison de continuer de croire en ce groupe ?
Nous, en tous cas, nous y croyons et ce ne serait pas pro de ne pas être convaincus de nos chances. On voit le travail effectué par chacun à son niveau, au club. Ça bosse, des joueurs à nos bénévoles et le travail va finir par payer. Nous voulons aussi gagner de nouveau à la maison, récompenser notre public et nous récompenser aussi par la même occasion. La saison est encore longue et l’on voit que tout le monde aura son mot à dire. Rien n’est encore joué et ce n’est pas le genre de la maison de lâcher, il faudra compter avec nous, peu importe qui sera en face.