C’est un combat, une étape de vie, dont l’issue reste toujours incertaine, qui ne se gagne pas seul. Chaque soutien est le bienvenu. Dans cette idée, l’activité physique adaptée, nommée APA, jadis peu mise en avant, l’est aussi, plus que recommandée et accompagne chacun, au jour le jour. Avec des résultats probants et plus qu’encourageants !
A l’époque de mes études, quand un diagnostic était posé et la maladie identifiée, déjà à un stade avancé, on imposait un repos strict, avec l’incitation à s’allonger. Aujourd’hui, à force de travail, d’études et de conclusions appuyées sur des éléments concrets, c’est l’inverse. L’activité physique est plus que préconisée, si possible le plus tôt. » Arlette Delamarche, médecin retraitée aujourd’hui administratrice engagée au Comité d’Ille-et-Vilaine de la Ligue contre le Cancer le confirme : la pièce plongée dans la semi-pénombre où l’on cohabite avec sa douleur, sa maladie et son angoisse n’est plus le cliché le plus adapté de notre époque. Celle-ci, qui demande tant de mouvement, de changements perpétuels à un rythme souvent effréné, pousse aujourd’hui à (se) bouger, et ce, le plus tôt possible, sans attendre que la maladie n’arrive puis ne gagne du terrain: « La prescription de l’APA aujourd’hui doit se faire dès le début de la prise en charge de la maladie, une fois le diagnostic effectué. Plus on bouge tôt, plus on repousse la maladie et toutes ses conséquences au quotidien. Les effets de l’activité physique adaptée sont multiples : amélioration du quotidien, du sommeil et de la résistance aux traitements, fatigue plus supportable mais aussi chez les personnes plus âgées, une amélioration constatée et confirmée par des études quant à l’autonomie physique et mentale. »
Il y a “mettre le corps en mouvement”, en adaptant bien sûr les exercices aux capacités de chaque patient, c’est aussi lui (re)donner confiance, lui offrir une force supplémentaire pour combattre, ne pas renoncer, et avancer. Un vrai bénéfice, incontestable, que confirme Catherine Colomb, bénéficiaire à Rennes : « L’activité physique adaptée m’apporte beaucoup de choses positives, de la concentration pour les mouvements, l’équilibre que j’avais perdu depuis mes durs traitements. Je suis beaucoup moins essoufflée, j’ai récupéré de la masse musculaire. Nous travaillons à notre rythme et Alexandre adapte le cours suivant les pathologies de chacune et de notre résistance, il y a beaucoup de convivialité et des liens se créent ».
Du lien donc, des mots aussi, posés sur les maux du quotidien, tabous pour certains. Lors des ateliers APA, on bouge et on transpire, bien sûr, mais on parle, on rit, on vit : « Toute l’équipe est formidable, aux petits soins, toujours là pour faire plaisir. Je m’y sens bien, cela m’apporte beaucoup de choses positives, je découvre de nouvelles activités. J’en parle autour de moi. Je suis toujours très bien accueillie et cela est très important. Je tiens à leur adresser un immense merci, et aux intervenants, avec un clin d’œil à Thomas pour sa bienveillance. »
Autre bénéficiaire, Agnès Le Bruchec abonde dans le même sens : « J’ai connu la Ligue lors de mon suivi médical au centre Eugène-Marquis et je bénéficie des activités proposées depuis juin 2023. L’APA m’a apporté des rencontres avec des personnes ayant connu un parcours identique mais aussi apporté un bien-être physique. C’est un rendez-vous important, dont je suis très satisfaite, avec un personnel compétent, bienveillant et à l’écoute. »
« Il n’y a pas de petite victoire et les efforts et la force que dégagent nos bénéficiaires est inspirante »
Pour encadrer et entrainer tout ce petit monde avec lui, Alexandre Corbel, enseignant en activité physique adaptée, donne le maximum. Les ateliers, réalisés à six personnes maximum sur place dans les salles du site, se constituent d’étirements et renforcement musculaire notamment, où par le biais d’une séance d’une heure et demie par semaine de marche nordique aux Gayeulles. Passionné par son métier, il avoue avoir « très tôt ressenti la vocation de l’oncologie, grâce aux professionnels de la santé rencontrés lors de mes études. Les accompagner, leur permettre des progrès importants dans le quotidien comme sur la durée de la maladie est précieux. Je me souviens d’avoir été très touché par une dame me remerciant car grâce à l’APA, elle pouvait de nouveau faire ses lacets. C’est touchant, il n’y a pas de petite victoire et les efforts et la force que dégagent nos bénéficiaires est inspirante. »
Comment, néanmoins, donner des exercices physiques à des personnes souvent trahies ou en « conflit » avec leur corps face à la maladie ? « Le maître-mot reste l’adaptabilité. Je rencontre chacun des six membres constituant un groupe pour connaître ses attentes, son histoire, ses capacités aussi. De là, nous échangeons et construisons le parcours qui pourra l’accompagner, le soulager et l’aider à avancer ou du moins, ne pas se laisser perdre par les difficultés qu’il a à affronter. » Dans de tels moments, forcément, rien n’est simple mais pourtant, hors de question de s’interdire le rire, la bonne humeur et les sourires : « Passées la timidité et la réserve de chacun au départ, nous essayons de vivre les choses simplement, avec des petites taquineries, des bons mots et de l’humour. Rire est primordial, tant médicalement que psychologiquement, avec beaucoup de bienfaits, la possibilité d’oublier un peu ce qui angoisse chacun. Nous avons de plus, au-delà de l’APA, de nombreux ateliers, dont le yoga du rire, où je peux vous assurer que l’on passe de très bons moments. » Avec des professionnels dévoués et un site dédié à Rennes (changement d’adresse à venir), pour recevoir tous ceux souhaitant bénéficier d’aide, de soutien (y compris les accompagnants et proches) ainsi que de l’APA
accessible sans condition financière et pris en charge financièrement par la Ligue, le Comité d’Ille-et-Vilaine de la Ligue contre le cancer n’est pas près d’abandonner le combat et invite toutes celles et ceux confrontés à cette terrible maladie à frapper à la porte. Ils y trouveront soutien, aide mais aussi sourires, activité physique et l’envie de se dépasser, de repousser toujours plus loin cette si encombrante visiteuse. Comprendre son corps, le renforcer, y inviter la vie, à chaque séance : quelle que soit la destination, le chemin en vaut la peine.
Pour tous renseignements : contacter le Comité d’Ille-et-Vilaine de la Ligue contre le cancer au 02 99 63 67 67 ou via internet : www.liguecancer35.fr