Avec une sixième qualification européenne consécutive, le SRFC s’impose d’année en année comme une place forte du football français. Une progression constante et des attentes qu’il faut assumer. Décryptage des chantiers qui attendent les « Rouge et Noir » lors de l’exercice 2023-24.
Une jeunesse à entourer
Si le talent n’attend pas le nombre des années, l’expérience, elle, se forge tout au long de la carrière d’un sportif. Un constat que Rennes a parfois payé au prix fort la saison dernière malgré une jeunesse, sans le moindre doute, pétrie de talent. L’apprentissage passe aussi par là. Avec le deuxième effectif le plus jeune de Ligue 1, le SRFC mise plus que jamais sur son centre de formation, mais se heurte aussi à ses limites. Après l’élimination face au Chakhtar Donetsk, Bruno Genesio confirmait son envie de continuer à miser sur la formation rennaise, tout en équilibrant son effectif avec plus de joueurs expérimentés, avec comme objectif affiché de franchir un nouveau cap, notamment européen. Premiers éléments de réponse lors du mercato dans les semaines à venir.
Gérer le retour des blessés
Gros point noir de l’exercice précédent côté SRFC, l’accumulation des blessures. Jérémy Doku, Baptiste Santamaria, Xeka, Lorenz Assignon, Martin Terrier, Hamari Traoré, Birger Meling ou encore Adrien Truffert, tous ont connu des blessures plus ou moins longues. Si pour certains, le retour à la compétition devrait se passer normalement, d’autres seront scrutés à la loupe. Parmi eux, le portugais Xeka, qui n’a plus joué sous les couleurs rennaises depuis le match de coupe de France à Bordeaux le 7 janvier dernier. Opéré avec succès à la cheville mi-janvier, le milieu de terrain devait reprendre avant la fin de la saison. Un point d’ombre qui laisse planer le doute sur son état de forme à la reprise. Blessé face au Paris Saint-Germain, Adrien Truffert n’a lui plus rejoué depuis la fin mars et devra sans doute reprendre avec un planning personnalisé. Enfin, le retour le plus attendu par les supporters « Rouge et Noir », celui de Martin Terrier. Victime d’une rupture des ligaments croisés du genou en janvier, l’attaquant breton devra encore patienter avant de retrouver la compétition. Si le mois de septembre est évoqué, la patience est de mise pour une si longue blessure. Car si des exemples existent pour un retour rapide à très bon niveau, de nombreux contre-exemples existent également. La résilience et l’indulgence seront les maîtres-mots pour le numéro sept rennais.
Quel dispositif tactique ?
Adepte du 4-4-2, Bruno Genesio a dû se réinventer suite à la blessure de Martin Terrier. Hésitant à rester à quatre défenseurs, le technicien breton s’est d’abord essayé à un système à trois derrière. Un choix payant, à deux reprises, face au Paris Saint-Germain, mais qui a très vite montré ses limites. Tombeurs du club de la capitale au Roazhon Park, les Rennais se sont ensuite inclinés à Marseille en coupe de France, puis à Lorient en championnat. Bis repetita après la victoire au Parc des Princes, avec deux défaites face à Lens et à Lyon. Alternant avec le 4-4-2, l’absence de Martin Terrier était trop préjudiciable et n’a pas permis de tirer la quintessence de ce système. Le passage en 4-3-3 fut finalement salvateur et a contribué à retrouver du liant, tant offensivement que défensivement. Avec un retour à la compétition sans son attaquant vedette, la question du dispositif tactique se posera forcément. Néanmoins, la vérité d’une saison n’est pas forcément celle de la suivante et les arrivées, tout comme les départs, pourront rabattre les cartes.
« Si le Stade Rennais est un club qui compte sur la scène nationale, il doit désormais se faire une place à l’échelle européenne »
Retrouver du fond de jeu
La saison 2021-22 a marqué les esprits. Deuxième meilleure attaque du championnat et capable d’infliger des scores de tennis à ses adversaires, le Stade Rennais était devenu une référence en France, couronnant au passage Bruno Genesio comme meilleur entraîneur. Avec un record d’invincibilité à la clé, le SRFC a d’abord confirmé cette embellie lors de la première partie de saison, avant d’être stoppé par la coupe du monde. Une coupure fatale et une animation en manque de repères lors de la phase retour. Cependant, la nuance a aussi sa place au vu des nombreuses blessures, puis au vu des statistiques plus qu’honorables avec la troisième meilleure attaque du championnat. Rennes joue bien, souvent, mais reste encore trop irréguliers dans ces contenus et devra retrouver une certaine densité dans la performance et un fond de jeu, l’année 2023 s’étant souvent jouée sur les exploits individuels, de Jérémy Doku notamment. Un danger venant de partout, allié à une solidité ancrée, voilà les bases d’une année à venir réussie.
Apprendre à voyager
C’est un fait, le Stade Rennais est à la peine hors de ses bases. Sur ses douze défaites de la saison, le SRFC en a concédé huit à l’extérieur. Autre fait marquant de la saison des « Rouge et Noir », tous les matchs nuls ont été concédés loin du Roazhon Park. Pas un mal en soi, mais preuve de l’écart avec les rencontres à domicile où les Bretons se sont imposés à quinze reprises contre quatre défaites. C’est simple, à domicile, Rennes est au top, deuxième meilleure équipe du championnat mais il est loin d’en être de même loin de la Bretagne avec la douzième à l’extérieur. Cet écart pousse à la réflexion. Faut-il se renier en déplacement quitte à être moins « beau » mais plus efficace ? L’appui du public, devenu l’un des meilleurs de France, pèse-t-il à ce point dans la balance ? Où l’équipe se restreint-elle automatiquement, sur consignes ou non, loin de ses bases ? La marge de progression est en tout cas claire, à Bruno Genesio dorénavant de trouver la bonne formule.
Crever le plafond de verre sur la scène européenne
Depuis le huitième de finale d’Europa League face à Arsenal en 2019, le Stade Rennais n’est jamais parvenu à passer le tour suivant la phase de groupes. Si la Ligue des Champions était avant tout une découverte, les deux éliminations suivantes, face à Leicester en huitième de finale de Conference League, puis face au Chakhtar Donestk en barrages d’Europa League, ont laissé de très gros regrets. S’il est prématuré de dire que le SRFC ne progresse plus en Europe, s’y qualifiant depuis six ans d’abord, et passant régulièrement les poules ensuite, il ne fait guère de doute que passer le premier tour à élimination directe est un objectif à un court terme afin de franchir un vrai pallier, significatif.
Participer, c’est très bien, performer, encore mieux ! L’arrivée potentielle de joueurs expérimentés, souhaités par Bruno Genesio, au-delà de l’apport pour la jeune garde rennaise, va dans ce sens. Si le Stade Rennais est un club qui compte sur la scène nationale, il doit désormais se faire un nom à l’échelle européenne.