C’est un président heureux qui est revenu pour nous sur la saison réussie de ses joueurs tout en se projetant sur celle à venir. Entre l’envie d’aller voir un peu plus haut au classement et le pragmatisme qu’impose d’avoir le 13e budget du championnat, Stéphane Clémenceau pose son regard sur un avenir dégagé et ambitieux pour les Irréductibles.
Un mois après la fin du championnat, quel regard portez-vous sur cette neuvième place finale ?
Nous pouvions à l’issue du match contre Limoges, terminer septièmes en gagnant et onzièmes en perdant. Neuvièmes, c’est notre place et c’est une vraie belle place. Il ne faut jamais banaliser cette performance, comme celle de l’an passé, qui sont de très haut niveau pour un club comme le nôtre. Ce sont deux années de rang très intéressantes, très convaincantes à de nombreux égards, qui indiquent que le club a franchi un cap, affirmé sa progression.
Une progression qui consiste concrètement à ne plus être abonné à la lutte pour le maintien ?
On peut le considérer ainsi, oui, et ce n’est pas rien. Impossible de minimiser cela, car nous avons à ce jour le 13ème budget du championnat, autour des 3 M€ une fois le loyer de la Glaz déduit (environ 400.000 € annuels). Le club grandit, possède l’une des plus belles salles du championnat, avec cette saison la cinquième moyenne de spectateurs à 3.100 et un taux de remplissage autour des 70 %. C’est très intéressant, car cela révèle le travail accompli mais aussi la marge restant pour faire encore mieux sur ce plan ! Les gens viennent, et surtout, reviennent, pour autre chose qu’un simple classement ou un effet d’intérêt lié à une position en haut de tableau. Ils viennent car, experts ou non de handball, ils apprécient le spectacle proposé.
Vous avez toujours été très sensible à cette notion de spectacle, que vous considérez fondamentale…
Tout à fait. J’estime que nous avons le devoir de proposer un vrai show, une prestation pour laquelle le spectateur paie, s’engage, encourage, prend de son temps et veut vibrer. Nous avons bien vu cette saison que même la défense, telle que nous l’avons pratiquée, est un spectacle qui plait, qui accroche. Il faut désormais que nous haussions nos performances offensivement et le staff travaille déjà dans ce sens.
Quels ont été, à vos yeux, les moments clés, positifs ou négatifs, de cette saison ?
Contrairement à la saison précédente, nous n’avons pas réussi d’exploit, à proprement parler, contre les cadors, même si nous sortons une très grosse performance au PSG à l’aller ou nous accrochons deux fois Chambéry avec deux matchs nuls qui avaient clairement un goût de victoire sans certaines décisions. Cela montre bien le potentiel de notre équipe, dont j’ai apprécié la capacité à gagner les matchs qu’elle avait la charge de gagner, eu égard à ce statut tout frais d’équipe classée entre 8 et 12. En dehors de l’accident à la maison contre Sélestat ou de la dernière défaite face à Ivry, qui jouait sa vie, j’estime que nous avons su répondre présents, souvent avec panache, à l’image de ce match de fous contre Limoges à la Glaz.
« Marquer des buts en Liqui Moly Starligue n’est pas chose aisée ! »
Vous terminez avec la meilleure défense du championnat. Une sacrée performance qui mérite d’être saluée !
Bien sûr, c’est quelque chose qui compte pour nous, qui récompense le gros travail réalisé par le staff sur ce domaine et qui illustre parfaitement l’ADN du CRMHB. Nous avons toujours eu cette grosse culture de la défense et la saison réalisée par Arnaud Tabarand dans le but, tout bonnement exceptionnelle, et celle de Romaric Guillo en patron de la défense, symbolisent parfaitement cela.
Les changements dans l’effectif vont-ils offrir au staff plus d’options pour quitter la dernière place au classement des attaques ?
Marquer des buts en Liqui Moly Starligue n’est pas chose aisée, c’est un championnat très compliqué, croyez-moi, où l’on vous rentre dedans, bien plus qu’en Bundesliga par exemple, où les défenses sont souvent en 0-6, laissant la place au shooter de frapper de loin avec de l’élan. C’est un aspect, par exemple, qui a fortement contrarié un joueur comme Rune Schroeder, qui pourtant, j’en suis persuadé, est un bon joueur et un vrai buteur. Dans notre recrutement, nous avons souhaité apporter des profils que nous n’avions pas forcément, à l’image d’Hakon Ekren, qui est un pur demi-centre, qui ne jouera qu’à ce poste. Il a une très grosse qualité de sortie de balle, pouvant permettre le jeu rapide, réussit souvent à libérer au bon moment ou à prendre le shoot, avec un côté buteur intéressant. De plus, il défend. Son profil va soulager Romain Briffe, qui a été très sollicité ces deux dernières saisons. Pour les anciens, nous sommes dans la lignée d’un Batinovic, avec les caractéristiques du handball de 2023.
Le poste d’arrière-droit, lui est renouvelé à 100 %….
Nous faisons le choix de repartir avec une paire très complémentaire. Mathieu Salou, ici, tout le monde le connait, ainsi que ses qualités et sa marge de progression. L’opportunité de le voir revenir est intervenue et nous avons conclu début mai, avec pour lui la perspective de se relancer, de retrouver son cadre dans lequel, j’en suis certain, il va performer très fort. Je crois en lui et suis certain qu’il a à cœur de prouver que tout le bien pensé de lui au moment de son départ est toujours fondé. Daniel Mosindi, lui, a un autre profil, allant parfaitement avec celui de Mathieu. Il est dans la percussion, le jeu de contact et de décalage, qui va provoquer et obtenir pas mal de 7 mètres.
L’arrivée de Mathieu Salou a-t-elle induit le départ de Rune Schroeder ?
Non, ce sont deux mouvements distincts. Rune n’est pas parvenu à assimiler l’impact de la Starligue et je pense qu’il était mieux pour lui comme pour nous de se séparer, même si je suis convaincu qu’il est un très bon joueur. Mais sur la base arrière, à gauche, nous avions déjà beaucoup de monde et pas forcément beaucoup de perspectives à lui offrir la saison prochaine.
« Avec notre staff, l’idée est bien sûr le long terme »
D’autant plus que la jeunesse frappe à la porte…
Un club comme le nôtre se doit de performer à la formation. L’excellente année de l’équipe réserve, qui termine 2e de N1, atteste que nous sommes dans le vrai, avec de vrais beaux profils qui se dégagent et qui frapperont très vite à la porte de l’équipe première. Mathéo Briffe a fait son trou cette année et devient une vraie option, un joueur à part entière de la rotation de Sébastien. Aux autres comme Yann Pichon ou Michal Baran de suivre la même route, en continuant de travailler comme ils le font. Ils sont l’avenir du club.
Un avenir guidé au moins jusqu’en 2025 par le trio Leriche-Lemaire-Minel. Et ensuite ?
Vous le savez, beaucoup de joueurs et le staff ont un contrat courant jusqu’en juin 2025. L’ambition, c’est de continuer avec le maximum d’entre eux, évidemment. Depuis deux ans, ce groupe, staff et joueurs, donne pleine satisfaction, tant dans le travail, l’investissement au quotidien et les résultats. Sébastien a su relever le défi confié en 2020 avec panache et brio. Avec l’arrivée ensuite, en 2021, de Yann et Thibault à ses côtés, il a pu aller encore plus loin dans son travail avec de très bons résultats, du spectacle. Au risque de me répéter, nous ne devons surtout pas minimiser tout cela et je suis convaincu que nous pouvons aller encore plus loin et haut ensemble. L’idée est bien sûr le long terme et je crois savoir que du côté du staff, c’est aussi d’actualité. Qu’ils soient observés ou sollicités est logique, normal et une juste récompense de leur travail et de leur qualité.
Quel sera le projet proposé pour convaincre tout ce joli monde de poursuivre à Cesson ?
Nous sommes sur le même chemin, tous ensemble, et l’idée est de continuer de grandir. Pérenniser, déjà, ce qui a été fait lors de ces deux dernières saisons et confirmer notre nouveau statut d’équipe pouvant jouer entre la huitième et douzième place, tout en s’autorisant à ambitionner d’aller encore un peu plus haut. Nous gardons aussi en tête la fragilité de tout cela, eu égard à l’essence même du sport, déjà, qui remet tout à zéro chaque saison ainsi qu’à nos moyens, qui ne nous permettent pas de tripler les postes ou de faire des folies économiquement. Avec nos garçons en place, dans la durée et la jeunesse qui arrive à grande vitesse, l’ambition sera aussi de développer le club hors terrain, en augmentant nos effectifs dans les bureaux pour consolider le club sur le long terme.
Dernier volet, non des moindres, les partenaires. Le club s’est-il définitivement remis du Covid ?
Aujourd’hui, le contexte général reste hyper tendu. Nous continuons d’expliquer notre projet, le rayonnement qu’il offre, aux collectivités, à nos partenaires. Il nous manque encore un peu de financement pour gagner en sérénité mais nous travaillons cela, sur la durée. Sur le partenariat privé, nous comptons à ce jour 240 partenaires, avec un gros travail réalisé par nos équipes. A nous de confirmer la saison prochaine, sur et en dehors des parquets.
Rune Schroeder libéré, Arnaud Tabarand ne prolongera pas
Auteur d’une saison globalement insuffisante malgré d’évidentes qualités démontrées avec trop d’irrégularité, Rune Schroeder ne sera plus cessonnais la saison prochaine et rentre au pays. Lui et le club ont convenu d’une séparation à l’amiable, avec les évidentes difficultés pour l’arrière gauche arrivé l’été dernier a pouvoir trouver sa place dans un effectif 2023-2024 qui s’avère très fourni sur le côté gauche de la base arrière. Un effectif de 16 pros, auxquels se grefferont régulièrement les jeunes ne manquant pas, déjà, de frapper à la porte. Par ailleurs, Arnaud Tabarand disputera sa seconde et dernière saison en Bretagne, ayant choisi de ne pas activer la clause lui offrant une troisième année. Pour raisons familiales notamment et vue de son projet d’après-carrière, le second meilleur gardien du championnat de la saison écoulée rejoindra Billère à l’issue du championnat chez lui, dans le Béarn.
Gardiens :
Arnaud Tabarand, Milos Mocevic, Yann Pichon.
Arrières :
Daniel Mosindi, Mathieu Salou, Romain Briffe, Robin Molinié, Mathéo Briffe, Ludwig Appolinaire.
Demi-centres :
Hakon Ekren, Michal Baran.
Ailiers :
Youenn Cardinal, Théophile Caussé, Junior Tuzolana, Sylvain Hochet.
Pivots :
Romaric Guillo, Axel Oppedisano et Kristian Orsted.