à un mois de la fin du championnat, malgré un parcours chaotique en 2023, le Stade Rennais est toujours en vie dans la course à l’Europe. Avec cinq matchs devant lui pour continuer d’écrire son histoire européenne, Bruno Genesio et ses hommes n’ont plus le choix : gagner pour s’offrir une finale à Brest, le 3 juin.
La scène a déjà eu son lot d’interprétations, d’analyses et d’affirmations. Lors de la victoire face à Angers, Bruno Genesio et Arthur Theate s’offrent un échange musclé à l’occasion du but du 3-3 finalement refusé au SCO. Visiblement vexé, le défenseur rennais n’utilise sans doute pas le vocabulaire adapté aux yeux de son coach, qui le sort dès l’action suivante. Pas un regard, pas de poignée de main et que de chagrin ! Ou de la tension ?
L’entraîneur aura beau expliquer en conférence de presse qu’il n’y a rien de grave, madame la marquise, et qu’une prise de tête, si évidente soit-elle, symbolise souvent un groupe qui vit et a envie, personne n’est dupe. Si nous ne pouvons pas de facto parler de crise ou de groupe coupé de son staff, la tension est une évidence au sein d’un club qui pourrait passer définitivement à côté de sa saison, tant en objectif qu’en construction de groupe et de jeu.
Cette fichue coupe du monde, que beaucoup ont déjà oubliée, plantée en plein hiver, aura bel et bien tout brisé, de haut en bas, dans l’édifice rennais. Non pas par la fatigue de ses joueurs y ayant pris part, peu ayant joué un rôle important en sélection ou même joué tout court, mais par sa propension à briser net le bel élan d’alors. En plein boom avant la coupure, les « Rouge et Noir » n’ont pas retrouvé l’allant nécessaire au moment du « ReStart de Noël ».
Des complémentarités disparues
Les blessures de Martin Terrier puis Xeka et enfin Hamari Traoré, n’ont évidemment rien arrangé, chacun étant capital dans l’équilibre de l’équipe. Pas plus que celle d’Adrien Truffert fin mars, enlevant encore un peu plus d’impact au flanc gauche rennais. Néanmoins, d’autres problématiques ont fait glisser le club breton sur la mauvaise pente. Il a d’abord fallu retrouver une dynamique d’entraînement, une condition physique maximale plus qu’optimale.
Conditionnés à être en forme au printemps dans une année normale, avec des charges de travail pensées pour cela l’été, les organismes ont souffert et subi de vrais dérèglement avec cet arrêt de décembre, au pire moment.
Comme d’autres clubs un peu partout en Europe, le SRFC n’est pas parvenu à garder sa dynamique en alternant le bon et le mauvais. Irréguliers collectivement, les Rennais ont perdu le liant qui en avait fait depuis un an et demi l’une des formations les plus séduisantes de France. A tous les niveaux. D’abord avec des atermoiements en défense centrale, avec de multiples combinaisons dont aucune n’a donné pleine satisfaction et pire, entamé la confiance de chacun des joueurs sortant du onze après une ou deux prestations manquées. Au milieu, guère plus de réjouissances… Le triangle du milieu hier sacré, Santamaria-Tait-Majer n’est plus, Benjamin Bourigeaud revenant dans l’axe alors que Bruno Genesio affirmait encore en début de saison le préférer côté droit. 4-3-3, 3-5-2 ou 4-4-2, les complémentarités techniques hier évidentes sont aujourd’hui ignorées, notamment celle entre Lovro Majer et Flavien Tait, hier associés dans l’entrejeu et quasiment jamais alignés côte à côte en 2023.
19 points sur 42 en 2023…
L’attaque, enfin, s’est perdue sans son leader, Martin Terrier, malgré les buts et le talent d’Amine Gouiri et l’avènement, enfin, de Jérémy Doku, devenu décisif au meilleur moment. Ce, au contraire, d’Arnaud Kalimuendo, en réelle difficulté dans les différents systèmes et sans les déviations de Martin Terrier, ou de Karl Toko-Ekambi et Ibrahim Salah, deux symboles d’un mercato d’hiver sans impact, à l’image de l’intérim de Djed Spence en latéral droit. L’état des lieux est là, avec un collectif en grande difficulté, changé de match en match, prouvant la difficulté à trouver le bon système et les bonnes solutions pour Bruno Genesio.
L’exigence pousse donc aujourd’hui à une analyse paraissant peut-être sévère au premier abord mais simplement en rapport avec les objectifs annoncés par le club et le staff. Le Stade Rennais est devenu l’un des patrons de la Ligue 1 et ne peut se contenter d’une irrégularité qui l’a vu perdre à Clermont, Montpellier, Reims ou Lorient, notamment, en 2023. Capable du bon comme du pire, le Stade Rennais, sur la phase retour, totalise 19 points sur 42 (six victoires, un nul et sept défaites)… Il ne peut non plus se satisfaire d’un barrage en Europa League perdu contre un Shaktar Donetsk évoluant dans le contexte que l’on sait…
Le record de points peut encore être battu !
Pourtant, au-delà de ces constats, tout reste possible et imaginable et les chiffres peuvent raconter une autre histoire. Celle d’un nombre de points record possible, d’abord, datant de… la saison passée, avec 66 points. En gagnant quatre de ses cinq derniers matchs, le Stade Rennais terminerait à 68 points. Assez dingue au vu de la phase retour réalisée par les « Rouge et Noir » et surtout, porteur de tant de regrets si celle-ci avait été meilleure… Autre perspective, celle du nombre de victoires en une saison. Etabli l’an passé, avec 20 matchs remportés, il pourrait être égalé, voire dépassé…
Rien n’est donc terminé et le calendrier offre de vraies perspectives pour récupérer la 5e place et pourquoi pas, rêver d’une finale pour la 4e lors du dernier match à Brest. En gagnant ses cinq derniers matchs, comme le révèle François Rauzy, de France Bleu Armorique, le club de la capitale Bretonne serait assuré de terminer cinquième a minima, pouvant pourquoi pas même rêver à une quatrième place et donc, une qualification directe pour l’Europa League. Auteur de séries de folie ces dernières saisons, le SRFC en est capable, comme il peut aussi tout perdre. La manière ne sera plus le critère prioritaire, ni pour les supporters, ni pour les médias et peut-être pas même pour le club. Aujourd’hui, seul le résultat final comptera. L’heure de vérité de la saison est arrivée, celle de rendre des comptes attendra encore un peu.