On le sait formateur dans l’âme, de par son parcours à l’OL et sa capacité à développer de jeunes joueurs. à Rennes, Bruno Genesio n’hésite pas à lancer ses « minots » dans le bain, quel que soit l’adversaire. Trop ? Après l’élimination en Europa League et l’usage par le coach de cette jeunesse pour expliquer celle-ci, le débat est ouvert !
Question de talent
Incontestablement, ce n’est pas sur le talent que la présence de la jeunesse rennaise pose question ou suscite la polémique. Si nous nous refusons à employer le terme pénible et souvent prématuré de pépite, nous parlerons de forts potentiels, de joueurs épatants, précoces et parfois déroutants. S’il a déjà 23 ans, Warmed Omari reste dans cette catégorie des jeunes joueurs ayant éclot au Stade Rennais. Son exceptionnelle saison dernière a laissé place à une longue convalescence, suite à son opération l’été dernier. Son retour fut compliqué à Reims, puis à Clermont mais depuis un petit mois, « Warmed is back » ! Impressionnant de maîtrise nerveuse et technique, renouant avec sa vitesse et sa rugosité, son retour au premier plan doit l’associer dans la durée à Arthur Theate (23 ans le 25 mai). A ses côtés, Jeanuël Belocian (18 ans depuis le 17 février) a surpris tout son monde en répondant présent pendant 99 % des trois matchs qu’il disputa d’affilée mi-février, exception faite de son malheureux contre son camp. Il va grandir, tout comme Désiré Doué (18 ans le 3 juin), très régulièrement utilisé au milieu de terrain, incroyable de technique mais encore brouillon et souvent trop gourmand balle au pied.
Plus expérimenté même si encore très jeune, Lesley Ugochukwu (19 ans le 26 mars) répond présent et monte en régime, tout comme Adrien Truffert (21 ans), désormais titulaire au poste d’arrière gauche en progrès constants. Si l’on considère Jérémy Doku (21 ans en mai), Arnaud Kalimuendo (21 ans depuis janvier), déjà très expérimentés au plus haut niveau, et Lorenz Assignon (23 ans en juin) et Christopher Wooh (21 ans) au rayon des « jeunes », on comprend que Bruno Genesio, de par la densité et la qualité de sa jeunesse, n’a guère d’autre choix que de lui donner un maximum de temps et d’espace pour s’exprimer. A raison.
Politique de club
Pour une fois qu’on ne nous balade pas au sujet de la volonté de former des joueurs, de s’appuyer sur la formation et de lancer des jeunes… Florian Maurice comme Bruno Genesio, depuis leur arrivée, ont certes mis les moyens pour être ambitieux en recrutant des joueurs confirmés ou expérimentés mais aussi promis de s’appuyer sur la jeunesse rennaise. Avec une bonne demi-douzaine de joueurs ayant découvert la Ligue 1 sous les ordres de l’ancien coach de l’OL, la promesse est tenue.
Entre ceux qui s’imposent comme Adrien Truffert, Warmed Omari ou Lesley Ugochukwu, ceux qui tapent à la porte tels Désiré Doué, Christopher Wooh, Lorenz Assignon (même si blessé) ou Jeanuël Belocian ou ceux déjà partis comme Mathys Tel, la liste est longue et un gage de motifs d’enthousiasme pour le présent et de pérennité financière pour le futur.
Manque d’expérience
La fraîcheur et l’insouciance sur le terrain, oui, mais encadrées par l’expérience et la maturité à ses côtés ! Si l’on peut s’interroger sur le choix, notamment face à Donetsk, de Bruno Genesio, c’est bien sur les associations de jeunes plus que sur la titularisation des uns et des autres à proprement parler. Aucun n’a vraiment démérité ou raté son audition mais le chef d’orchestre, capable de dicter un tempo mais surtout, des temps morts, des pauses ou des temps de « vice » a fait défaut. En prolongation, contre Donetsk, étaient sur la pelouse en même temps Belocian, Omari, Doku, Ugochukwu, Doué, Spence, Salah et Gouiri, tous âgés de moins de 24 ans !
Audacieux mais peut-être aussi trop osé, face à une équipe roublarde qui n’avançait plus et n’avait plus que son vice pour faire l’exploit. On le sait, un match se gagne aussi grâce à aux associations : charnière centrale ou latéral-ailier par exemple, et évidemment, dans l’entrejeu. L’expérience canalise, calme, rassure si besoin et a fait défaut par instant, démontrant qu’abondance de biens ne nuit pas, sauf en mettant tous ses joyaux sur la même couronne. Une coiffe par ailleurs épiée et enviée par de nombreux prétendants, prêts à faire tourner la tête à des jeunes souvent impatients, à Rennes comme ailleurs, de jouer le plus souvent, le plus haut possible. Au point de ne parfois même pas jouer un match complet sous les couleurs du club formateur, comme Mathys Tel parti cet été pour 40 M€. Lui n’eût pas le temps de jeu de ses petits camarades cette année mais a malgré tout largement comblé les caisses de son club formateur. Ceci, cependant, sans laisser le regret de ne l’avoir connu sous les couleurs « Rouge et Noir ».
Faut-il alors cacher les trésors de la maison au risque de se les faire dérober ? Là aussi, le débat peut exister mais n’intéresse plus déjà longtemps Bruno Genesio, dont les idées en la matière ne bougeront pas, quitte à se tromper parfois pour apprendre, toujours et encore.