Croire les trois points acquis d’entrée face à un promu promis par beaucoup à un retour immédiat à l’étage inférieur eut une grave erreur. Peut-être pire encore que de croire un derby abordable contre Lorient gagné d’avance… Le Stade Rennais ne voulait pas rater sa deuxième sortie à domicile de la saison et a mis les ingrédients pour, même si le rendu final comporte incertitudes et doutes au moment de poser un regard sur ce premier succès de la saison.
Sans Steve Mandanda et Lovro Majer, blessés, ni Joe Rodon, laissé sur le banc par Bruno Genesio au profit de Loïc Badé, les Rennais présente un 4-4-2 permettant à Arnaud Kalimuendo de débuter aux côtés de Gaëtan Laborde. Un changement tactique qui permet aux Rennais de prendre la partie à leur compte. Adrien Truffert entreprenant à gauche, Flavien Tait se projetant et Martin Terrier bonifiant tous les ballons touchés sont en vue dans l’entame de partie, où la qualité avec et sans ballon d’Arnaud Kalimuendo saute aux yeux. Après une première tentative échouée, Martin Terrier insiste et trouve la faille à 20′ sur un enchaînement de très grande qualité, avec petit pont et frappe ultra précise au ras du poteau de Benjamin Leroy, battu. Rennes a débloqué le compteur mais ne parvient pas à enchaîner avec un second but, Leroy réussissant une horizontale exceptionnelle sur un « bonbon » enroulé par Kalimuendo. De l’autre côté, il ne se passe rien ou presque jusqu’à la 45′, où Arthur Theate est sanctionné pour un tirage de maillot dans la surface. Penalty et début du show de M. Ben El Hadj. Thomas Mangani transforme une première panenka mais l’arbitre n’avait pas sifflé. Dogan Alemdar embrasse le ballon avant de le rendre à l’ancien angevin, qui échoue face au gardien turc, décisif, sur sa seconde tentative. La boulette de Monaco est déjà partiellement effacée mais Rennes garde ses doutes en défense, où les automatismes Badé-Theate ne sont pas plus convaincants pour le moment que ceux vus avec Joe Rodon.
En seconde période, les hommes de Bruno Genesio sont bien décidés à enfoncer le clou mais pêchent souvent par précipitation. Dans les combinaisons offensives, il manque encore le bon appel, la bonne décision et les deux milieux de terrains axiaux, concentrés sur la récupération, ne peuvent apporter les projections pour être en surnombre face à un bus corse bien organisé. En contre, les Ajacciens ne sont pas maladroits et sur l’un d’eux, égalisent grâce à El Idrissy au milieu d’une défense bien trop passive. Sans être en danger, Rennes s’est mis en difficulté. Sur les côtés, les accélérations sont moins nombreuses qu’en première période et c’est d’un corner que viendra le salut local. 63′ : Benjamin Bourigeaud trouve Loïc Badé qui décale Arthur Theate, resté au second poteau. La tête malicieuse de l’international belge va trouver la lucarne opposée et redonner l’avantage aux Rennais. Entrés en jeu, Jérémy Doku, Désiré Doué et Kamaldeen Sulemana essaient de dynamiter les 20 dernières minutes de jeu mais Rennes ne parvient pas à tuer un match, qui restera indécis jusqu’au bout notamment en raison de la qualité de pied aux coup-francs de Thomas Mangani mais aussi de l’instabilité d’un arbitre incapable de voir un tacle et un rouge paressant évident sur Désiré Doué, partant au but après une roulade en mode FIFA mais coupable d’expulser Lesley Ugochukwu dans les arrêts de jeu pour être retombé involontairement sur un ajaccien au sol. Allez, dans une journée à 11 cartons rouges, record depuis 30 ans en Ligue 1, laissons le débat à d’autres mais Rennes sort de ce match avec deux cartons rouges (Romain Salin expulsé, lui aussi, depuis le banc) sans vraiment comprendre trop comment ou pourquoi…
Les trois points en revanche, sont bien là et peu importe la manière, la saison est lancée ! Martin Terrier est toujours aussi soyeux et beau à voir balle au pied, le duo Kalimuendo-Laborde apporte de belles promesses même s’il doit se trouver et Dogan Alemdar a su réagir après une semaine sans doute difficile. Pour le reste, en revanche, les axes de progression sont là avec un milieu de terrain dont on est en droit d’attendre plus de projection et de création offensive (manquait il est vrai, Lovro Majer) et une défense en quête de repères et de sérénité, qu’un faible mais solidaire Ajaccio est parvenu à faire douter. Sur les côtés, également, les qualités vues en première période notamment à gauche se sont dissipées après la pause et montre également des progrès potentiels à faire, ce collectivement plus qu’individuellement. Côté droit, le tour d’honneur la main sur le cœur, plein sourire, d’Hamari Traoré, laissent à penser que le capitaine rennais a peut-être effectué son dernier match au Roazhon Park, cinq ans après son arrivée. Un départ serait très proche à un an de la fin du contrat de l’international malien. Vendredi soir, Florian Maurice était au stade Francis Le Basser. Non par passion pour le Stade Lavallois mais sans doute pour y observer un certain Fabien Centonze, arrière droit du FC Metz, expulsé ce soir-là. Les prochains jours indiqueront le lien de ces deux moments avant de revenir au terrain le week-end prochain, avec un périlleux déplacement à Lens. Cette fois-ci, la saison est bel et bien partie !