Le football a cela de magique, que d’offrir des ascenseurs émotionnels hors-normes ! Ceux qui se réjouissaient en première période d’avoir enfin un gardien décisif en la personne de Steve Mandanda, capable d’arrêter le pénalty qu’il avait lui-même provoqué -grossièrement- puis de sortir un face à face, en ont eu pour leur frais avec l’entrée d’Alemdar. Le jeune portier truc, entré pour suppléer l’ancien marseillais, parti passer des examens pour son genou, nous a offert avec Joe Rodon en guest, le remix de la boulette d’Alfred Gomis l’an passé à Angers. Cette fois-ci, l’excellent Embolo pu profiter de l’offrande (73′). A ce niveau-là, non, un tel jeu au pied est impossible et Rennes, qui menait alors -enfin- au score s’est sabordé, au point de frôler la défaite…
Ce match, un peu fou, n’eut réellement ni queue ni tête ! L’arbitrage nous a offert d’interminables débats sur le rouge de Fofana et le « non-rouge » de Mandanda, il y eut des occasions à gogo des deux côtés et deux gardiens très inspirés en première période. On retiendra aussi, hélas, l’incapacité des rennais à être décisifs devant et sereins derrière, notamment dans des couloirs en panique à chaque accélération princière. Nous sommes à la mi-août et le constat est là : cette équipe n’est pas encore prête, loin de là. Rien d’anormal mais tout de même, des interrogations. Non, tout n’est pas à jeter ! En face, Monaco, trop vite réduit à dix avec la sortie incompréhensible de Ben Yedder, sacrifié par Clément, a démontré un gros potentiel, là aussi pas tout à fait au point mais aussi du mental et quelques incohérences de son coach… Quand vous avez Golovine, Embolo ou Jean Lucas, comment Axel Disasi peut-il tirer un pénalty ? Il valait mieux prendre Monaco en août et Rennes aurait pu, avec plus de réalisme, quitter le Rocher avec trois précieux points. Une frappe puissante de Santamaria, excellent du début à la fin, repoussée par Nubel, plusieurs tentatives de Terrier, très remuant et entreprenant ou encore la très belle entrée d’Arnaud Kalimuendo auraient dû mettre le Stade Rennais à l’abri. Gaëtan Laborde, décrié et même rapidement imaginé hors du onze de départ par certain, a enfin marqué ce petit but dont il avait tant besoin (59′). Plus dur, en revanche, pour Benjamin Bourigeaud et Lovro Majer, qui ont de nouveau éprouvé les pires difficultés à peser sur le jeu et à retrouver leur rayonnement du printemps dernier, sans que la motivation ne soit à contester. Juste un constat, à l’instant T d’une saison qui démarre à peine.
Derrière, en revanche, la charnière centrale va devoir gagner en sérénité mais aussi dans les transitions, bien moins limpides que l’an passé. Il faut du temps, pour deux nouveaux joueurs ne connaissant ni le championnat, ni leurs coéquipiers mais Rennes ne pourra pas attendre octobre pour être solide. L’expérience internationale des deux joueurs vantée par Florian Maurice suffira-t-elle à compenser la jeunesse et l’inexpérience de la Ligue 1 ? Dans les couloirs, Hamari Traoré et Adrien Truffert, trop peu dangereux dans leur apport offensif et trop bougés défensivement par une équipe réduite à dix, ont souffert et sont invités à faire mieux. Côté gardien, enfin, il faudra croiser les doigts pour que Steve Mandanda, déjà taulier de l’équipe un mois à peine après son arrivée, ne soit pas lourdement blessé, tant Dogan Alemdar paru fébrile dès son entrée en seconde période, comme il le fut notamment en amical à Saint-Nazaire contre Nantes.
Avec un petit point sur six, alors qu’il a globalement dominé ses matchs, le Stade Rennais connait un retard à l’allumage embêtant plus que dramatique ou alarmant. Une montée en régime sérieuse est attendue pour les trois derniers matchs d’août, avec Ajaccio, Lens et Brest au programme, afin de démarrer pour de bon un championnat qui reste très prometteur avec un secteur offensif aussi fourni que varié et l’ambition affichée des dirigeants d’aller chercher le podium. Retrouver l’efficacité devant, la sérénité derrière et les émotions, présentes comme nulle part ailleurs la saison passée du côté du Roazhon Park, voici les vrais enjeux du rendez-vous de dimanche prochain face à l’AC Ajaccio, avec une victoire déjà obligatoire !