Parfois géniaux, brillants et enthousiasmants, au point d’être considérés comme la meilleure équipe de Ligue 1 dans le jeu, devant le PSG, les « Rouge et Noir » sont rattrapés par la réalité des chiffres et de leur inconstance, leur ayant coûté 12 défaites dont 8 face au top 10. Beaucoup trop pour prendre place sur le podium définitivement et asseoir un statut qui semble encore trop lourd à porter. La rencontre de ce soir donnera une réponse presque définitive à la question d’une saison réussie…ou non.
Mercredi, en perdant à Nantes un derby pourtant à portée, qui plus est avec l’ouverture du score en leur faveur, les Rennais se sont tirés une balle dans le pied qui éloigne quasi définitivement la Ligue des Champions mais qui met aussi le club à portée des ambitieux Nice, Strasbourg voire Lens pour la quatrième et cinquième place. Un coup dur, aux allures d’injustice pour les romantiques restés sous le charme des nombreuses raclées collées à tour de bras cette saison mais une véritable logique pour les pragmatiques, qui assènent sans qu’on puisse vraiment leur donner tort que Rennes a été fort avec les faibles et faible avec les forts. Que reste-t-il dans le barillet des pistoleros bretons ? Deux cartouches, à ne pas galvauder, pour toucher la cible européenne. En gagnant ses deux matchs, Rennes s’assurerait quasiment un billet européen et devrait attendre les autres résultats pour connaître son classement final, au pire 5ème, au mieux second, dans un concours de circonstances à rendre dingue mais mathématiquement possible (deux défaites de l’OM, une de Monaco et au moins deux points laissés en route par Nice). A l’inverse, deux nouveaux revers sonneraient le glas des espérances et pourraient même conduire à une saison blanche, un résultat inenvisageable après tant de bons moments passés cette saison. Inconcevable également pour la direction après les investissements colossaux de l’été dernier et en vue de conserver un maximum de monde cet été.
De l’audace, de l’efficacité mais aussi une grosse agressivité et l’envie de prendre son destin à bras le corps, voici les mots d’ordres à partir de 21 heures ce soir, pour bouger une équipe marseillaise privée de son maître à jouer et talent le plus incontestable, Dimitri Payet, mais néanmoins armée avec les retours de blessure de Caleta-Car, Gerson et Dieng, incertains après Lorient. Ce matin, seul Cédric Bakambu demeurait incertain. Côté rennais, pour la première fois ou presque en 2022, Bruno Genesio pourra s’appuyer sur un groupe complet, où l’efficacité sera de mise dans les deux surfaces, bien plus que lors des dernières semaines. Alfred Gomis, déclaré « 3ème gardien le plus décisif du championnat par les analystes du club » par son coach, devra assumer cette stature soudainement dévoilée, pas toujours constatée par les non-analystes que nous sommes et que sont les supporters et suiveurs du SRFC… Devant, l’heure est peut-être venue de bousculer un scénario sans doute déjà travaillé et analysé par Jorge Sampaoli. Pour la première fois depuis très longtemps, Jérémy Doku prétend à une place dans le onze de départ, Mathys Tel a du feu dans les jambes tandis que Kamaldeen Sulemana fait son retour dans le groupe. Associé au retour de suspension de Nayef Aguerd, ce sont de nombreuses solutions qui sont ainsi dans la main d’un coach qui doit aussi prouver qu’il peut exceller au poker. Et mettre un All-In indispensable dès ce soir pour rester dans la partie jusqu’au bout !
Si sur le terrain des émotions, du beau jeu, des statistiques ou encore de l’ambiance, le Stade Rennais réussit une saison magnifique, enthousiasmante et porteuse d’espoirs pour la suite, il y a aussi des résultats comptables à assurer, révélés par le classement et les perspectives qu’il offrira pour la saison prochaine, avec l’Europe devenue nécessaire voire indispensable pour continuer de grandir et de se déployer. Plus le temps de cogiter, calculer ou de se cacher, ce soir, Rennes doit aller droit au but, battre l’OM et regarder son destin dans les yeux à Lille, dans une semaine. Cette fois-ci, hors de question de parler d’un scénario « So Rennais » ou d’imaginer le pire, place à l’heure de vérité et à une victoire pour mettre tout le monde d’accord.