Président de l’Union Rennes Basket, Olivier Perez a accepté de nous livrer, deux heures durant autour d’un café, l’actualité de son club sans oublier un œil dans le rétro d’une saison passée à l’issue positive. Perspectives, situation financière et ambition, le Président n’élude rien !
A l’heure de la reprise, comment sentez-vous un groupe en grande partie renouvelé, qui part à l’abordage de sa sixième saison de rang en Nationale 1 ?
Il ne faut déjà pas négliger le fait de durer et de se maintenir à ce niveau-là, où nous sommes désormais installés depuis le Covid. Nous ne disposons pas de moyens financiers faisant de cela une évidence ou une formalité et c’est déjà très positif dans la dynamique et le développement du projet.
Pour ce qui est du terrain, nous repartons avec beaucoup d’optimisme et les premières impressions sont bonnes, avec un groupe qui prend très bien au quotidien. Les profils ont été soigneusement choisis et la complémentarité, sur et en dehors du terrain, sera la clé de voute d’une réussite future.
L’effectif apparaît plus équilibré et hiérarchisé que l’an passé, est-ce une réalité ?
Oui, tout à fait. Nous avons analysé la saison passée et dans la constitution de celui de cette année, où nous partons avec neuf pros et trois jeunes en double projet N3-N1, le choix a été fait d’avoir un numéro 1 et un challenger derrière lui pour chaque poste, afin de dégager une ossature.
Nous avons aussi de beaux paris, comme l’arrivée de Morgan Belloir, qui performait à Betton en N3 avec un très gros potentiel que nous espérons voir exploser ici. Il y aura de l’expérience et du vécu avec notre socle de trentenaires, Racine-Davis-Sclear qui aura à charge d’être catalyseur des émotions du groupe, ce qui a pu parfois manquer un peu l’an passé, mais la jeunesse aura aussi sa carte à jouer !
« Comme tout le monde, nous sommes impactés par la crise économique »
Si l’on revient justement à la saison passée, terminée en haut de « poule basse », quel bilan en tirez-vous ? Est-il satisfaisant ?
Au moment de regarder ce qui a été fait, je pense qu’il y a trois points fondamentaux pour avoir l’analyse la plus juste. D’abord sur le plan factuel et du fait de remplir l’objectif du maintien, la saison est réussie. Tout le monde, au moment des pronostics d’avant-saison, nous plaçait dans la charrette mais nous sommes parvenus à nous maintenir sans trop de frayeurs, même si dans la poule dite basse.
C’est une très grosse performance au vu de la feuille de route que nous avions, d’un recrutement réalisé très tard avec des paris et aussi de l’année de transition que représentait la première saison sans Pascal Thibaud. Avec le 22ème budget de la division sur 28, j’estime que nous avons été à notre place et réussi notre mission, Bastien Demeuré en tête. Le challenge était ardu et très relevé pour lui, il s’en est très bien sorti avec beaucoup d’acquis supplémentaires, confirmant que nous avons eu raison de lui faire confiance. Son niveau actuel et son potentiel sont réellement impressionnants.

Et concernant les autres volets de votre bilan…
Celui de la performance et du respect du projet global, qui veut aussi que des joueurs au départ en double projet équipe réserve – formation – N1 puissent d’abord chatouiller les pros puis s’imposer dans le groupe. A cet égard, nous avons pu assister à la montée en puissance de plusieurs garçons, Eliott Thillier et Maxime Pointel en fin de saison en tête. C’est l’ADN même de notre projet, de même que nos statuts de clubs dit de « tremplin » pour aller plus haut, comme avec Sébastien Cape il y a quelques saisons désormais ou Paul Billong qui jouera l’an prochain en Pro B à Challans.
Demain, nous aimerions accompagner cette ascension et monter avec eux. Cela vaut aussi pour les coachs, avec la réussite exceptionnelle de Bastien ou dans le passé, le parcours d’un garçon comme Pierre Golvan, aujourd’hui préparateur physique dans l’élite au Mans. Sur ce volet de formation, de progression, nous y sommes. Le troisième point lui, sera celui avec un peu de contraste, sur le plan des émotions.
Pourquoi ?
Il manque peut-être à cette saison une étincelle, un petit plus pour la rendre inoubliable. Il y a bien eu les deux derbies gagnés face à Vitré, un face à Lorient que nous passons près de battre aussi au retour mais les défaites contre le Pôle France notamment où d’autres matchs en déplacement viennent un peu ternir l’ensemble et nous empêchent de savourer pleinement. Ces points perdus ici et là ont aussi empêché d’aller dans la poule haute dont nous n’étions vraiment pas loin au final d’une saison globalement réussie.
Financièrement, où en est le club ? On sait le monde du sport français dans un été très compliqué…
Comme tout le monde, nous sommes impactés dans la crise économique qui touche de nombreux secteurs, notamment le bâtiment, grand fournisseur de partenaires dans le monde du sport. Ce serait prétentieux et surtout mensonger de bomber le torse, de se dire hors de tout cela, alors comme beaucoup d’autres, nous avons dû appliquer des restrictions.
Cela nous a coûté certains joueurs, que nous n’avons pas pu conserver, avec une réduction globale du budget, et de la masse salariale, de 20 %. Certains joueurs ont ainsi fait de vrais efforts pour nous rejoindre ou rester, convaincus de notre projet. Nous repartons donc sur la ligne de crête, ni dans le rouge, ni dans le vert. Ce qui est déjà en soit une bonne nouvelle, au regard des nombreux clubs ayant connu le pire, tous sports confondus, ces derniers mois.
« Nous avançons dans le bon sens, avec un rythme adapté au contexte général »
Ce climat pesant et anxiogène n’est-il pas trop compliqués à supporter en qualité de président ?
Le sport est là pour nous rassembler, nous faire partager des émotions, des joies, des déceptions et nous sommes tous animés dans nos missions dans cet objectif-là. La passion est intacte, le projet passionnant. Nous avons la chance, à Rennes et avec l’URB, de bénéficier d’un soutien important et précieux de la Ville, qui reste notre plus gros partenaire.
Ils sont partie prenante du projet, à notre écouter et font au maximum de leurs possibilités en fonction de leurs capacités. Nos bénévoles sont là, portent aussi le projet, notre effectif et notre staff sont plein de promesses, le public présent, avec 1.700 spectateurs de moyenne l’an passé et l’une des plus belles ambiances de N1.
Nos partenaires privés, enfin, seront à peu près au même niveau pour la saison à venir, ce qui indique leur fidélité et leur investissement, malgré le contexte, leur croyance en notre projet. A partir de là, je reste optimiste et déterminé à avancer, même si, évidemment, les diminutions année après années des possibilités, des soutiens, impactent forcement la dynamique.

Quelles seront les ambitions pour cette saison à venir ?
De façon pragmatique, le maintien évidemment, dans une logique économique, structurelle mais aussi de progression dans le projet. C’est la base, ce que l’on doit accomplir. Ensuite, au-delà de l’objectif, l’envie du staff, des joueurs et par ruissellement, des dirigeants et de l’écosystème du club, d’aller vibrer et chercher une place dans le Top 8, et donc, de disputer la poule haute au printemps.
Il est bien trop tôt pour aller chercher la Pro B, certes, à tous les niveaux mais il faut désormais aller titiller la première partie de tableau, être ambitieux dans le jeu, dont découleront les résultats. L’accélération du projet sera obligatoire si les résultats sur le terrain l’imposent. Le club continue de se structurer, la synergie territoriale, avec désormais le Stade Rennais en club support à la place de l’Avenir de Rennes, et la poursuite du projet URB dans la Cité, montrent que nous avançons dans le bon sens, avec un rythme adapté au contexte général.
Un dernier mot sur les partants, et notamment Lucas Fontaine et Cheik Condé, deux joueurs ayant marqué l’histoire du club…
C’est vrai, ils ont leur nom dans l’histoire de l’URB, c’est incontestable. Pour Lucas, j’ai le regret de cette fin, que nous aurions aimé différente mais il était trop dur pour lui, émotionnellement, de faire autrement et nous le respectons. Il a marqué le club de son empreinte et j’espère que nous pourrons le saluer comme il se doit quand il sera prêt pour cela.
Le choix de ne pas le prolonger a été dans la logique du club, celle-là même qui lui a permis à l’époque d’accéder à l’équipe une, avec les ascenseurs de l’équipe réserve et de la formation à l’équipe Une. Pour Cheik, il aura apporté sa personnalité, son talent et ses qualités pendant ces années passées ici, marquant le club. Nous voulions le conserver, nous n’avons pas pu le faire mais nous quittons avec beaucoup de respect et d’affection réciproque.
Pour succéder à Lucas Fontaine au poste de capitaine, Joffrey Sclear a été nommé. Un choix des plus logiques ?
Joffrey est un modèle sur et en dehors du terrain, impliqué, portant toutes les valeurs du club. Il était naturel qu’il soit désigné, c’est un leader naturel, qui plus est au club depuis de nombreuses années. Je suis certain qu’il mènera, avec les autres leaders du groupe, cette équipe vers une saison dont je suis certain qu’elle a de bonnes chances d’être très plaisante !
Un dernier mot sur le championnat et ses derbies. Qui voyez-vous en favoris ?
Comme l’an passé, ce sera homogène mais peut-être un peu moins car je pense que deux ou trois équipes se dégagent du reste. Lorient, avec ses moyens et son effectif, est évidemment le gros favori, suivi de près par Le Havre dans l’autre poule, deux formations très armées. Pour le reste, je pense qu’il y aura une belle densité où il faudra tirer notre épingle du jeu.
