C’est un chapitre de 20 ans qui a pris fin pour le Stade Rennais Rugby. Après deux décennies au plus haut niveau, le SRR est relégué en Elite 2 malgré son succès final contre Lille. Le point de bonus défensif cédé aux Nordistes en toute fin de match aura été fatal. L’entraîneur, Arnaud Le Berre, qui entame lui aussi un nouveau chapitre du côté de la Tunisie, revient sur cette saison.
On imagine beaucoup de déception au terme de cette saison, quel est ton ressenti ?
C’est dur, mais c’est ce que j’ai dit avant de partir, il y a des exemples de clubs qui ont été capables de mieux revenir par la suite. Notre championnat s’est resserré en termes de niveau avec des formations rattachées à des clubs professionnels. Il restait Lille et Blagnac en dehors de ce modèle. Il y a aussi des moyens et des infrastructures de plus en plus importants.
C’est difficile, mais c’est aussi, potentiellement, la possibilité de créer une nouvelle dynamique. Sur les dix dernières années, il doit y avoir deux saisons avec un maintien convenable, mais sinon cela fait dix ans que le club se maintient dans les dernières journées ou par des relégations administratives.
Le Vélodrome avait pourtant fait le plein lors de cette dernière journée…
C’est une bonne chose car on voit qu’il peut y avoir de l’engouement autour du rugby rennais mais il faut entretenir cela et faire en sorte que le club soit capable d’attirer, pas uniquement sur les matchs « à la vie à la mort ». C’était pareil pour le match face au Stade Français l’année dernière. C’est aussi une marge de progression. Il faut absolument que ce stade-là, sur l’ensemble du territoire breton, ne vive pas uniquement sur les matchs clés.
C’est similaire au REC où il y a deux à trois fois plus de monde lors des phases finales que pendant la saison régulière. Je pense que c’est un vrai manque pour les deux clubs. Grâce au stade, tu peux créer une économie et avoir plus de moyens. Il faut donner envie aux gens d’y être présents quotidiennement. Cette énergie collective, quand tu as le public breton derrière toi, ça t’apporte vraiment un plus.
Tout ne s’est pas joué sur cette dernière journée. Qu’est-ce qui a péché selon toi sur l’ensemble de la saison ?
Effectivement, la descente ne se joue pas là mais c’est le couperet. Nous avons péché sur un manque de confiance collective. Je n’ai pas envie de parler des blessures car il y a des matchs que nous devons gagner, comme à Grenoble, où nous perdons finalement sur la dernière action. Je pense que c’est un match clé en termes de confiance collective.
En regardant de plus près les résultats, nous battons Bobigny, sixième, là-bas. À la maison, tu gagnes 17- 10 à la mi-temps. Nous prenons le bonus défensif à Lyon, à Gerland, et enfin, à Montpellier, nous menons aussi à la pause. La pièce ne retombe pas du bon côté dans ces moments-là et la saison aurait été différente. Je pense que nous, le staff, avons sans doute aussi manqué de précision.
Quelles peuvent-être les conséquences de cette descente ?
Il y aura peut-être une légère baisse budgétaire mais cela a été anticipé par le club. Cela va forcément changer des choses sur le recrutement, avec des joueuses que tu n’auras pas tout en offrant des possibilités sur des jeunes joueuses qui peut-être préféreront venir en Elite 2 avec la possibilité de jouer plutôt que d’aller en Elite et d’être barrées. C’est aussi un aspect à considérer quand tu joues pour un gros club.
Le club peut-il prétendre rapidement à une remontée ?
Nous avons échangé avec Hugo Mattes et il y aura une nouvelle dynamique. Le projet de remonter en Elite aura peut-être plus de poids que celui de galérer, ne serait-ce que pour les partenaires, mais aussi pour les filles. Quand tu gagnes, tu as plus de visibilité et les filles peuvent être aussi plus motivées. C’est peut-être un mal pour un bien. Il y a eu des choses réussies et d’autres manquées, mais il faut être capables de rebondir et de recréer un projet avec des étapes clé.
L’objectif du club est de développer les joueuses, en grande majorité entre 18 et 22 ans. Ça reste très jeune. Si le club remonte, c’est surtout de savoir comment faire pour ne pas rejouer le maintien pendant dix ans. C’est là que se situe le plus gros du travail. Pour la première saison, cela manquerait peut-être d’humilité de dire que le club va remonter directement, mais en tant que club relégué, cela serait aussi étonnant de ne pas avoir cet objectif.
À titre personnel, tu pars pour un nouveau défi. Peux-tu nous en parler et que retiens-tu de tes années rennaises ?
Je suis arrivé à 18 ans et je repars à 30 ans. L’homme s’est construit, l’entraîneur et le joueur aussi, et il y a des joueuses que je côtoie depuis qu’elles ont 14 ans et qui en ont aujourd’hui 22. Il y aura toujours une forte attache. Je savais que je n’allais pas faire toute ma carrière à Rennes, mais je ne savais pas quand j’allais partir. J’ai eu l’opportunité d’aller en Tunisie et de m’occuper du rugby à 7.
J’ai toujours eu envie de partir à l’étranger et j’ai aussi toujours été passionné par le rugby à 7. De plus, le rugby africain progresse. Les dirigeants ont été au courant dès que j’ai eu le premier contact. Pour les garçons, ça ne serait pas cohérent de parler de qualification olympique car il y a des équipes en avance depuis des années. En revanche, chez les filles, nous avons l’objectif d’accrocher une des places qualificatives pour les Jeux à Los Angeles.
