Handball – Starligue : Cesson fête ses légendes en assurant le maintien face à Chartres (35-31)

« On avait la tête dans le guidon depuis février mais on voulait surtout partir propres, avec tous ceux qui quittent le club, qu’on ne nous dise pas ils ont baissé la tête et ont tout lâché. Ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé.» En conférence de presse d’après match, Romaric Guillo, dernier buteur de la soirée et enfant du club ovationné pour sa dernière sur le parquet de la Glaz, n’oubliait pas l’essentiel, la victoire…

« En ce qui me concerne, faire abstraction de tout ça, ça a été compliqué. Quand je suis parti de chez moi, il y avait mon ami Sylvain Hochet qui m’attendait devant ma porte puis toute ma famille m’attendait devant la Glaz avec fumigènes et tout cela mais j’étais très focus.»

Focus sur un objectif, unique, au-delà de son cas personnel : « Je ne sais pas si on réalise que c’est fini ici, à la Glaz, pour nous, car on a tellement été dans le dur. C’était interminable. Là, c’est bon, c’est plié, Cesson est en D1 l’année prochaine, on a fait notre job.»

Romain Briffe, un retour décisif

Un soulagement, donc, et des émotions aux facettes multiples : celle d’un Yann Lemaire à genoux au sol au buzzer, avec comme toute une chape de plomb s’évaporant soudainement. Celle de Thibaut Minel, larmes aux yeux après la terrible blessure de son aîné Quentin, inarrêtable et fauché en retombant mal sous les yeux du petit frère… La joie aussi de tout un groupe, soulagé et heureux d’avoir redressé une situation complexe, qui saluait avec le sourire le dernier but à la Glaz Arena pour Romaric Guillo, pour clore la rencontre (35-31).

Romain Briffe, lui aussi, aura eu son lot d’émotions. D’hommages, de proches présents, d’émotions. De responsabilités et de poids aussi, dans la remontée au classement de Cessonnais tombés à quatre points du premier non relégable fin février et désormais quatre points devant, à une journée de la fin.

Depuis son retour après trois mois d’absence en mars, le demi-centre, qui entamera dans quelques semaines sa nouvelle vie de kiné, a redonné confiance et sérénité à une équipe qui en manqua trop souvent cette année.

Avec un bilan de neuf points pris en sa présence depuis le match perdu face à Montpellier, l’impact est incontestable et le leader, également au top en octobre quand tout allait encore bien, aura fortement contribué à un maintien. C’est simple, sans son numéro 13 porte-bonheur, les Irréductibles n’auront pas connu la victoire cette saison…

 » Mais les autres, ils seront où ?  »

« Je ne voulais pas me projeter sur la fête et les hommages.Ma fille a eu peur et n’a pas voulu rentrer sur le terrain avec moi et ce n’est peut-être pas plus mal (rires). Je pouvais être focus sur le match. Après, je me suis vu de l’extérieur, en regardant le cube où je me voyais dire aurevoir comme j’en ai vu des dizaines le faire avant moi et cette fois, c’était mon tour. »

Avant de poursuivre : « Ce qui va nous faire bizarre, c’est quand on va se voir avec Romaric au mois d’août en bord de mer, sur la plage, et se dire mais les autres, ils sont où ? Ils seront à transpiré, à faire des footings.

Pas nous (rires) ! Ce soir, c’était vraiment un super moment, des gens avec qui on a vécu tout ça étaient là, il y a eu les petits mots au sortir d’une saison très difficile. Ce sont des émotions énormes dont on prendra la mesure un peu plus tard.».

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Adieux réussis aussi pour Axel Oppedisano et Robin Molinié, décisifs !

Et le match, dans tout ça ? Il fut plein, sérieux et dominé avec autorité par des Cessonnais très déterminés dans une Glaz bouillante. Lui aussi présent sur le parquet pour sa dernière à domicile, Robin Molinié a régalé, avec un 8/8 épatant et des shoots dont il a le secret et dont beaucoup dans l’assistance auraient aimé profiter une saison de plus.

Le Pays d’Aix, son futur club, n’a sans doute pas fait une mauvaise affaire avec un garçon qui aura inscrit déjà 513 buts toutes compétitions confondues avec Cesson en quatre ans.

Au jet de sept mètres, Axel Oppedisano a lui aussi régalé pour ses adieux, s’offrant un magistral 7/7 capital au moment du décompte final. Le futur joueur de la JA Cherbourg a ainsi sanctionné sans pitié les nombreuses fautes visiteuses en défense et largement contribué à la belle soirée du soir.

Défensivement, tous les joueurs au diapason autour de leur capitaine, notamment lors du premier acte, bouclé à 17-13, n’auront laissé que peu d’opportunités à un adversaire souvent trop maladroit dans les deux zones décisives.

Une frayeur puis une manita

Difficile d’imaginer autre chose qu’un succès net et sans contestation, malgré le retour à 19-19 en début de seconde période qui créa un début de frayeur, rapidement balayé d’une manita expédiée en cinq minutes pour offrir ensuite aux Bretons un dernier quart d’heure tout en gestion.

Pas besoin de s’occuper du résultat de Créteil, par ailleurs battu par Tremblay et donc relégué, Cesson valide son maintien et s’offre même un bond de deux places au classement. Anecdotique, même si conserver ce classement pourrait être un dernier levier avant d’aller à Istres samedi soir, pour clore la saison.

Un match loin des pensées de Yann Lemaire au moment de la conférence de presse, entre soulagement, décompression et émotion : « Il y a comme une chape de béton qui est en train de tomber, d’un coup, avec tous les moments passés ensemble. Nous avons vécu de vrais ascenseurs émotionnels.

Ce soir ce n’est pas « ma » victoire, d’abord celle des joueurs. Ensuite, je veux associer Thibaut Minel à qui je tiens très sincèrement à rendre hommage. Sans lui, ça aurait été compliqué.»

« Je finis dans le même état que mes gars  »

L’hommage est tout aussi appuyé que sincère : « Je pense qu’on ne peut pas diriger une équipe de D1 en étant seul à sa tête. Il m’a beaucoup aidé, au-delà de son talent et ses qualités sur la préparation physique. C’est un ancien joueur de handball, on a trouvé une complémentarité de malade. Nous nous sommes dit on y va, ça passe ou ça casse mais voilà. Ce fonctionnement, ça a été en formation express, hyper condensé. Je finis dans le même état que les gars.

Une joie à la hauteur de la performance pour Yann Lemaire @Crédit Photo JRS

J’en profite pour remercier ma famille, ma compagne mes enfants, mes amis. Tout le monde m’a soutenu à fond dans le projet. On m’a dit tu essaies et si ça ne marche pas, tu auras essayé. Avec Thibaut, nous avons été nous, bruts de décoffrage. Il y aura des enseignements à tirer mais là, nous allons surtout profiter.».

Avant d’embrayer sur les deux frais retraités du soir, à ses côtés : « J’ai une pensée pour l’équipe, tous les gars qui nous quittent et les deux monstres du handball que j’ai eu l’immense privilège d’entrainer directement depuis février et plus ou moins à distance depuis 2021. Deux garçons aux caractères différents mais c’est aussi la richesse du sport. C’est un vrai kiff de les avoir entraîné, d’avoir pu travailler avec eux et il faut leur rendre hommage pour leur dernière danse sous le maillot cessonnais.»

Dix partants qui auront ainsi tous été honorés, un à un, avec cadre photo et cadeau, à la hauteur de celui fait à un public qui retrouvera la Liqui Moly Starligue la saison prochaine à la Glaz Arena.

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.