Après deux ans à la tête du nouveau centre de formation du JS Cherbourg, avec même un interlude en tant qu’adjoint de l’équipe de Proligue, Benoît Chambry est revenu cet été au CRMHB. Responsable de la formation, il revient sur ses deux années en Normandie et sur cette saison particulière où ses jeunes ont découvert la Starligue suite à l’avalanche de blessures en équipe fanion.
Pourquoi as-tu rejoint Cherbourg à l’été 2022 ?
Le club venait de créer son centre de formation et recherchait un responsable avec l’expérience d’un club de haut niveau. Dans cette optique, Cherbourg, via Franck Prouff, m’a contacté. J’ai travaillé avec lui au Centre Labellisé d’Entraînement (CLE) de Bréquigny et je l’ai bien connu lorsqu’il entraînait le CPB.
Il est ensuite devenu responsable du pôle espoirs Normandie mais également sélectionneur de l’Equipe de France U19 Masculine et il a donné mon contact. Quand je suis arrivé, la réserve venait de descendre en N3 et l’objectif était de remonter. Nous avons terminé champion de France l’année dernière avec le plus grand nombre de points, toutes poules de N3 confondues, et nous sommes partis représenter la Métropole en Guyane.
Nous battons la Guyane en demi-finale et la Martinique en finale. Ça nous permet de laisser une petite trace. De mon côté, je m’étais aussi fixé des objectifs dans le recrutement afin de pouvoir sortir des premiers joueurs professionnels. Dayann Lopez et Adel Guemeida sont stagiaires pros cette année et ils seront professionnels l’année prochaine. Ce sont les deux premiers jeunes joueurs sortant du centre de formation avec un contrat professionnel.
Au bout de six mois, tu es aussi devenu adjoint de l’équipe de Proligue. Comment cela s’est fait ?
Ce n’était pas prévu et c’était davantage une opportunité. Après le départ de Jose Luis Villanueva, il n’y avait plus d’adjoint sur l’équipe professionnelle et le club m’a proposé de prendre ce poste. J’ai échangé avec le coach Eduard Fernandez Roura, mais aussi avec ma famille restée à Rennes.
Comme j’étais seul à Cherbourg, ça ne changeait pas vraiment mon quotidien et j’ai accepté, même si les déplacements étaient longs. Je pense notamment à Istres avec 15h de bus (rires). Ça a été deux ans très intenses, mais c’était une volonté pour continuer à me former. Nous avons forgé une très bonne relation avec Edu et nous avons pu travailler dans des bonnes conditions. L’année dernière, nous avons joué les play-offs avec la Proligue.

C’était l’occasion de prendre de l’expérience avec un groupe professionnel puisque j’ai toujours été essentiellement sur la formation. De plus, avec un coach espagnol, tu découvres une autre culture et une autre vision du handball. Nous échangions beaucoup avec Edu et c’est même devenu un ami. Il n’y a jamais eu de prise de tête entre nous et en travaillant dans la bonne humeur, cela m’a permis d’allier les deux casquettes.
Qu’est-ce qui t’as poussé à revenir à Cesson cet été ?
L’une des données importantes, c’est évidemment l’aspect familial. On s’en rend compte quand on est loin de sa famille. Et puis, même si je suis formé à Lanester, je suis arrivé à Cesson en 2014 et j’ai le cœur « Rose et Bleu ». J’ai une forte attache avec le club. J’avais aussi envie de revenir sur le centre de formation d’une équipe de Starligue. Attirer et former des joueurs pour les voir sur les parquets de Starligue, c’est mon objectif prioritaire. C’est toujours spécial de voir des jeunes que nous avons eus à la Glaz Arena.
La saison de l’équipe réserve est un peu compliquée. Comment expliques-tu cela ?
Nous sommes sur un nouveau cycle de joueurs avec beaucoup de 2006 et un petit peu de 2005. Les joueurs arrivaient des moins de 18 ans et il y a une grande marche avec la Nationale 1. Ça se construit petit à petit, mais il y a aussi eu toutes ces blessures en équipe première. Les conditions d’entraînement étaient difficiles et nous n’avions de facto plus assez d’effectif pour travailler correctement. C’est compliqué de créer cette cohésion et cette dynamique en match quand on sait qu’on ne peut pas les mettre en place à l’entraînement ou lors des oppositions.
Il y a pas mal d’entraînements où nous étions seulement quelques-uns et c’est difficile même en termes de motivation. Maintenant, quand j’en ai huit, je suis très content (rires). Mais c’est aussi ça, un centre de formation, et il faut être à disposition de l’équipe première. Nous sommes là pour ça. Les garçons ont su rester solidaires et nous gardons l’objectif de gagner un maximum de matchs sur ceux restant.

Cela n’a pas empêché plusieurs jeunes joueurs de briller cette saison…
Nous pouvons noter les performances d’Alexandre Baradat, qui a fait plusieurs apparitions en équipe de France U19 et nous croisons les doigts pour qu’il participe aux prochaines compétitions internationales. Michal Baran va lui passer professionnel l’année prochaine. Tristan Michel connaît une progression importante et il sera encore plus sollicité chez les pros l’année prochaine. C’est là-dessus que nous sommes évalués. À nous de continuer de personnaliser leur parcours et leur formation pour qu’ils puissent accrocher un contrat professionnel.
En fin d’année civile, de nombreux jeunes ont dû monter à cause de blessures en équipe première. Comment as-tu géré cela ?
Je suis régulièrement allé sur des séances avec Sébastien, Yann et Thibaut. Tous les lundis après-midi, il y a un entraînement commun et le mardi matin, il y a un entraînement spécifique avec certains joueurs professionnels. Ça permet aux jeunes de voir ce que nous attendons d’eux dans un effectif professionnel et l’intensité qu’il faut y mettre. Il faut qu’ils puissent être utiles, dans le bon sens du terme.
Nous les accompagnons sur le plan mental en insistant sur ce qu’ils ont réussi afin qu’ils n’arrivent pas avec la peur au ventre. Quand tu es inhibé, tu ne t’exprimes pas pleinement. En parlant avec eux, le plus honnêtement possible, nous voulons savoir où le joueur n’est pas encore prêt à aller et voir où il peut se mettre au service de l’effectif au travers de ses qualités.

L’aspect mental est alors primordial…
Nous savons aussi que c’est du dépannage et ça ne sert à rien de leur mettre une pression énorme. Il faut plutôt leur donner confiance. Nous avons aussi la chance d’avoir un staff technique proche des jeunes, ce qui permet de bien définir les bases. Sébastien était sur le centre de formation auparavant, Yann a été responsable du centre de formation de Chartres et Thibaut, le plus jeune de la bande, est aussi passé par un centre de formation.
Les jeunes ont répondu présent et ils se sont beaucoup entraînés, malgré de la fatigue parfois, entre les cours ou ceux qui viennent de loin. C’est assez costaud ce qu’ils ont fait, mais il faut continuer de travailler, car rien n’est acquis.
Quels ont été les retours après cette expérience ?
Forcément, ils ne pensaient pas être propulsés aussi vite dans le monde professionnel, mais le retour d’expérience a été le même, c’est-à-dire que tout ce qui a été pris n’est plus à prendre. C’est là qu’on voit que nous avons des bons joueurs et surtout des bons garçons. De plus, même s’ils ont adoré l’expérience, ils n’oublient pas le projet club dans sa globalité et notamment celui de la N1. Ils ont envie d’être sur tous les fronts et ils n’ont jamais triché.
