Quelque peu mise sur la touche depuis quelques mercatos, la formation rennaise revient sur le devant de la scène sous l’impulsion d’Habib Beye, bien décidé à faire confiance à la pépinière « Rouge et Noir ». Un ADN et une force presque oubliés dont Djaoui Cissé, Jérémy Jacquet et Mohamed Kader Meïté sont les nouveaux représentants.
Djaoui Cissé
L’ascension du jeune milieu de terrain est fulgurante et plutôt inattendue, du moins dans ces proportions. Passé professionnel en février 2024, le natif de l’Essonne n’a fait que deux apparitions l’année passée, les deux fois à domicile, contre Clermont puis Marseille, avec un total de trois minutes passées sur la pelouse du Roazhon Park sans y crever l’écran. Un temps de jeu évidemment famélique.
Si certaines jeunes « pépites », comme beaucoup aiment les appeler souvent un peu trop vite, ont un peu déréglé la norme, une place de titulaire, ou a minima dans la rotation, ne se prend pas du jour au lendemain. Cependant, comment ni Jorge Sampaoli, ni Julien Stéphan, n’ont pu offrir quelques minutes au milieu de terrain pour le voir à l’œuvre, surtout au vu des performances des autres joueurs du secteur en première partie de saison ?
La question vaut surtout pour ce dernier, passé par la formation « Rouge et Noir » et étiqueté comme « formateur ». Elle peut également s’entendre pour l’Argentin, car Habib Beye, lui aussi arrivé comme pompier de service, n’a pas hésité au moment de cocher le nom du joueur de 21 ans sur la feuille de match contre Strasbourg, deux jours seulement après son arrivée au club. Une première apparition sans calcul. La suite, on la connaît et l’entraîneur rennais décide de lui réitérer sa confiance à Saint-Etienne puis à Montpellier.
« Nous sommes très contents pour lui, mais il faut le laisser tranquille, le laisser évoluer »
À la clé, deux victoires et deux prestations abouties du jeune milieu de terrain, mais aussi son premier but en Ligue 1 à Montpellier, de fort belle manière ! Servi aux 25 mètres sur un corner joué rapidement, Djaoui Cissé prend l’information et envoie un missile téléguidé dans le petit filet de Benjamin Lecomte. Il n’en fallait pas plus à certains pour l’ériger comme le nouveau joyau de l’académie « Rouge et Noir ».
Nous n’irons pas jusque-là mais son coach, lui ne tarissait pas d’éloges à son encontre : « Il maintient un niveau de performance très élevé. Il est quand même sur une logique de pointe basse et ça demande une énorme culture tactique dans son placement pour équilibrer notre milieu de terrain. Il le fait très bien. »
Avant d’ajouter : « À partir du moment où il est focus sur son évolution, sa progression et qu’il est conscient de toutes les étapes qui lui restent encore à franchir, on l’accompagne dans cette progression-là. Il ne nous surprend pas, parce qu’on voit ça tous les jours à l’entraînement. Nous sommes très contents pour lui, mais il faut le laisser tranquille, le laisser évoluer ». Djaoui Cissé n’a pas encore dépassé les dix matchs en Ligue 1 cette saison mais semble avoir définitivement poussé la porte pour s’y installer durablement, tout en sérénité. A confirmer d’ici à la fin du championnat dans la perspective d’être un vrai renfort pour la saison prochaine.

Jérémy Jacquet
En défense, Jérémy Jacquet est loin d’être le seul joueur formé au Stade Rennais. Avec Lilian Brassier, Lorenz Assignon et Adrien Truffert, la ligne défensive est presque entièrement issue de l’académie. Si Lilian Brassier dispute lui aussi ses premiers matchs en « Rouge et Noir », le défenseur, formé au SRFC, n’avait tout simplement pas eu sa chance à ses débuts professionnels avant de revenir cet hiver, déjà auréolé de plusieurs saisons en Ligue 1.
À l’inverse de ces trois joueurs et avant son retour de prêt anticipé de Clermont, Jérémy Jacquet n’avait disputé que sept matchs dans l’élite l’an passé, six avec le club clermontois et quelques minutes avec le Stade Rennais. Lui aussi de retour forcé et express en Bretagne cet hiver à la demande du coach Habib Beye, ses premiers pas ont fait forte impression, le tout à seulement 19 ans. Depuis son intronisation, hormis la claque reçue à domicile face à Paris et son armada offensive, la défense rennaise se porte incontestablement mieux.
« C’est un garçon qui a énormément de maturité et surtout une très bonne auto-évaluation de sa performance »
S’il n’est pas seul à défendre, le joueur originaire de Bondy (un de plus !) a forcément une part de responsabilité dans ce redressement. En conférence de presse, Habib Beye évoquait la capacité d’analyse de son défenseur : « C’est un garçon qui a énormément de maturité et surtout une très bonne auto-évaluation de sa performance. Chaque fois que vous parlez avec lui, c’est très précis. C’est quelqu’un qui sait très bien ce qu’il peut mieux faire. Il connaît très bien sa marge de progression et c’est quelqu’un qui est en demande sur tous les petits retours que nous pouvons avoir. C’est très positif ».
Élu joueur du mois de février par les supporters du Stade Rennais, Jérémy Jacquet a depuis fêté sa première sélection avec l’équipe de France espoirs, preuve de sa progression et de son nouveau statut. Une force tranquille qui apparaît déjà presque comme une évidence en vue, là aussi, d’une saison prochaine qui s’annonce très intéressante à suivre le concernant.
Mohamed Kader Meïté
Il est le « petit » dernier sorti de l’académie « Rouge et Noir », du haut de son mètre 92. Déjà apparu à quelques reprises cette saison, sous Julien Stéphan puis sous Jorge Sampaoli, les minutes disputées par Mohamed Kader Meïté ne pesaient néanmoins pas lourd en comparaison de ces dernières semaines. Titulaire surprise contre le Paris Saint-Germain au Roazhon Park, l’attaquant a lui aussi profité de l’arrivée d’Habib Beye sur le banc rennais, mais aussi de ses performances en coupe Gambardella.
Une semaine avant la réception du club de la capitale, le joueur, qui n’est même pas encore majeur (17 ans), s’offrait un triplé en huitièmes de finale contre Monaco, le brassard de capitaine collé au bras. Faut-il y voir un signe ? Probablement. S’il lui a manqué de l’efficacité contre Paris, ce qui n’a rien d’infamant au vu de son âge et de l’adversité, sa prestation a été remarquée et Habib Beye lui a réitéré sa confiance la semaine suivante à Lens.
Dans une attaque qui peine à retrouver son lustre d’antan, Mohamed Kader Meïté aura probablement une carte à jouer dans les mois à venir de par son style, sa capacité de jeu en remise ou dos au but et sa puissance. Complémentaire d’Arnaud Kalimuendo ou Ludovic Blas, son profil plaît et il y a de quoi. Comme pour ses deux compères de l’Académie, la confirmation sera attendue dans le temps, mais les promesses sont déjà là. À eux désormais de poursuivre l’héritage de la formation « Rouge et Noir » et de continuer à bousculer les titulaires en place.
